Syrie , Damas accepte l’accord de trêve russo-américain l’opposition reste circonspecte

Syrie , Damas accepte l'accord de trêve russo-américain l'opposition reste circonspecte

Le régime syrien a approuvé samedi 10 septembre un accord russo-américain sur une trêve dans le pays, déchiré par cinq ans de guerre civile. Cette dernière doit débuter lundi, mais que l’opposition l’a accueillie avec circonspection.

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L’accord, visant à favoriser une réduction immédiate des combats et une reprise des négociations en vue d’une transition politique, pourrait déboucher sur une coopération militaire inédite contre les djihadistes entre les Etats-Unis et la Russie, qui soutiennent des camps adverses dans le conflit.

Les violences se poursuivaient toutefois sur le terrain. Samedi, des raids aériens ont tué 58 personnes dans la ville rebelle d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, 12 civils dans les quartiers insurgés d’Alep, dans le nord, et 18 personnes dans d’autres localités de la province du même nom, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’organisation qui n’a pas pu identifier les auteurs des frappes.

Une trêve plus efficace que la précédente

Si la trêve négociée par les Américains, qui soutiennent des rebelles dits « modérés », et les Russes, alliés du président Bachar Al-Assad, débute bien lundi, elle coïncidera avec l’Aïd el-Kébir, la grande fête musulmane du sacrifice.

« Le gouvernement syrien a eu connaissance de l’ensemble de l’accord et l’a approuvé », a fait savoir samedi l’agence officielle Sana, citant des « sources informées ». Dans la soirée, les groupes rebelles n’avaient pas encore fait part de leur position mais l’émissaire américain pour la Syrie les a appelés à respecter le cessez-le-feu, qu’il décrit comme « le meilleur moyen » de sauver des vies.

« Cette trêve peut être plus efficace que la précédente car elle peut arrêter les frappes contre les civils et l’opposition », a plaidé Michael Ratney, en référence à un premier accord russo-américain conclu fin février qui avait volé en éclat au bout de quelques semaines.

Le texte a été salué par la Turquie qui a lancé fin août une offensive dans le nord de la Syrie contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI) et les Kurdes , par la Grande-Bretagne, la France et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

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Dissocier la rébellion des groupes djihadistes

Les combats doivent cesser lundi à 19 heures locales (18 heures à Paris) pour une durée de 48 heures, a détaillé M. Ratney. Le Haut comité des négociations (HCN), qui rassemble les principaux représentants de l’opposition et de la rébellion syriennes, a de son côté affirmé n’avoir pas encore reçu « une copie officielle » du texte.

Une membre du HCN, Bassma Kodmani, avait d’ailleurs réagi avec circonspection à l’annonce de l’accord dont l’application dépend, selon elle, avant tout de Moscou. « Nous voulons que la Russie persuade Damas d’appliquer l’accord. Nous ne nous attendons pas à ce que le régime le fasse de plein gré. »

Alors que Moscou doit faire pression sur les forces loyalistes, Washington doit convaincre les rebelles de se dissocier des djihadistes avec lesquels ils sont notamment alliés dans les provinces d’Alep et Idlib. Le principal groupe concerné ici est le Front Fatah Al-Cham, ex-Front Al-Nosra qui a renoncé à son rattachement à Al-Qaida mais reste considéré comme un mouvement « terroriste » par la Russie et les Etats-Unis.

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Selon Mme Kodmani, les rebelles rompront leurs liens avec les djihadistes si la trêve tient : « Les groupes modérés vont se réorganiser et prendre leurs distances avec les groupes radicaux. »

La route du Castello, point névralgique

Russes et Américains affirment que ce plan est la meilleure chance d’en finir avec un conflit qui a fait plus de 290 000 morts et provoqué l’exode de millions de Syriens. Un des points de l’accord concerne Alep, la grande ville du nord divisée entre secteurs tenus par les forces du régime dans l’ouest et quartiers contrôlés par les rebelles dans l’est.

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Le texte prévoit la « démilitarisation » de la route du Castello au nord de la localité, qui était un axe de ravitaillement pour les insurgés avant que Damas n’en reprenne le contrôle le 17 juillet, les assiégeant de facto comme de nombreuses villes du pays. Il stipule que c’est à travers cette voie que sera acheminée l’aide humanitaire à la métropole.

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