Supercalculateurs , la Chine creuse l’écart

Supercalculateurs , la Chine creuse l'écart

Le supercalculateur Taihulight

Près de 100 petaflop/s ! Soit cent millions de milliards d’opérations par seconde. C’est la performance du supercalculateur TaihuLight, avec lequel la Chine vient de creuser l’écart avec les Etats-Unis dans une compétition très spéciale.

Elle met en jeu les plus puissants des croqueurs de nombres, qui rivalisent de vitesse sur un programme standard, le Linpack benchmark, conçu uniquement pour cette comparaison. C’était, la semaine dernière, la 47ème édition du concours qui se tient deux fois par an (il faut bien suivre le rythme). Avec 93 petaflops, Sunway TaihuLigth a écrasé la concurrence, affichant une vitesse supérieure de cinq fois au meilleur américain, Titan, avec 17 petaflop/s.

40.000 puces chinoises

Que la Chine tienne le premier rang du concours n’est pas nouveau. En 2010, déjà, son Tianhe-1A prenait la tête. Depuis 2013, c’est le supercalculateur Tianhe-2 qui dominait le paysage avec 33 petaflop/s. Toutefois, Sunway TaihuLight n’est pas seulement le plus rapide du monde, c’est aussi, et pour la première fois, un supercalculateur entièrement made in China. Jusqu’alors, les Chinois utilisaient des processeurs Intel pour construire leurs machines. C’est d’ailleurs avec cette technologie qu’ils envisageaient d’améliorer encore Tianhe-2. Aussi, le gouvernement américain a t-il interdit à Intel et NVIDIA de vendre aux Chinois leurs puces, avec comme argument l’usage que les militaires chinois font du supercalculateur pour simuler des armes nucléaires. Une décision sans effet’ autre qu’accélérer la marche à l’indépendance du géant asiatique.  Les 40.000 puces de 260 c’urs de calcul dont TaihuLigth est constitué sont de fabrication chinoise, comme l’architecture du supercalculateur.

TaihuLigth a été conçu et assemblé par le National Research Center of Parallel Computer Engineering & Technology (NRCPC) et installé au National Supercomputing Center de Wuxi dans la province du Jiangsu (d’où le nom car Taihu signifie Grand lac, le nom d’un lac près de la ville).

Déclin européen

Au delà du côté spectaculaire de sa performance, il faut surtout souligner que la puissance de calcul chinoise est désormais la première au monde, avec 167 supercalculateurs dans la liste des 500 systèmes les plus puissants, contre 165 pour les Etats-Unis et 105 pour l’Europe. La rapidité de la montée chinoise hisse l’Asie au top avec 218 systèmes, malgré la chute du Japon qui ne compte plus que 29 supercalculateurs dans le classement. Ces capacités de calcul sont cruciales pour de nombreuses recherches scientifiques ou technologiques. Elles permettent aux équipes chinoises de nombreuses disciplines sciences de la Terre (climatologie et météorologie), physique, chimie, systèmes techniques complexes (nucléaire, aérospatial), biologie’ de faire jeu égal avec le meilleur niveau mondial. Ce phénomène participe du bouleversement de la géopolitique de la science et de la technologie, avec l’irruption d’un géant qui ruine les bases de la domination de la Triade USA/Japon/Europe.

Le classement du Top-500 fonctionne comme la Reine Rouge du monde d’Alice au pays des merveilles : qui ne court pas se fait dépasser. Ainsi, l’Europe et le Japon sont clairement déclinants en comparaison de l’accélération chinoise, malgré les efforts de coordination (ici le site web du programme européen Prace). Un signe à méditer pour les responsables politiques : Brexit ou pas, traités européens austéritaires ou pas, aucun pays de l’U-E ne peut, seul, réunir les ressources scientifiques, techniques et financières nécessaires pour rivaliser avec les efforts chinois ou américains.

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