Strasbourg Grenoble et Bordeaux sacrées capitales du vélo

Strasbourg Grenoble et Bordeaux sacrées capitales du vélo

On adore les palmarès. Tout le monde adore les palmarès. Alors voilà : la capitale du vélo, en France, c’est Strasbourg, suivie par Grenoble et Bordeaux. A Strasbourg, 16% des habitants utilisent le vélo comme moyen de déplacement pour se rendre au travail. A Grenoble, ils sont 15,2% et à Bordeaux, 11,8%.

Recensement Insee. Ces chiffres, publiés par l’Insee, sont issus du recensement de la population de 2015 (celui de 2017 commence ce jeudi 19 janvier). Il ne s’agit donc pas d’un sondage, ni d’une estimation sortie de l’imagination d’un consultant. Ce sont des statistiques. L’Insee réalise chaque année son recensement en demandant à 8% des habitants des foyers des 7000 communes de plus de 10000 habitants (et à 100% des autres, mais seulement une fois tous les 5 ans) de remplir un questionnaire détaillé.

Ce questionnaire comporte un volet sur le mode de transport habituel et principal pour se rendre au travail. Et pour la première fois, en 2015, les répondants peuvent indiquer s’ils utilisent le vélo. Jusqu’à présent, il n’existait qu’une seule catégorie pour le vélo et le deux-roues motorisé.

Pour ce qui concerne le vélo, ces chiffres fournissent donc, en une seule fournée, de nombreuses informations (elles sont toutes ici) dont on n’avait jusqu’à présent qu’une vague idée. Anne-Aël Durand, des Décodeurs du Monde, explique ici qui sont les 2% de cyclistes quotidiens. en France

Strasbourg depuis les années 1970. Le palmarès des trois premières villes n’est pas vraiment surprenant, mais on ne l’attendait pas forcément dans cet ordre. Strasbourg (16%) a commencé, dès les années 1970, sous l’impulsion de son maire Pierre Pflimlin (centre-droit), à développer l’usage du vélo. L’effort, modération de la vitesse, transports publics et pistes cyclables, s’est poursuivi dans les années 1990 avec Catherine Trautmann (PS), dans les années 2000 avec Fabienne Keller (UMP) et depuis 2008 avec Roland Ries (PS). La droite et la gauche à l’unisson, ou presque.

L’effet Piolle à Grenoble. Grenoble (15,2%), ses ingénieurs, ses étudiants, ses sportifs amateurs de ski alpin, arrive en deuxième position. La ville est entourée de montagnes, mais pratiquement plate. La politique cyclable y est ancienne, mais connaît depuis 2014 une forte stimulation, donnée par le maire Éric Piolle (EELV), qui se déplace lui-même à vélo (à assistance électrique) dans toute l’agglomération. Dès 2015, moins d’un an après son élection (son interview ici), il menait une politique précise consistant à travailler les itinéraires, installer des arceaux et commencer à réduire les vitesses.

Bordeaux sans Chaban. Bordeaux (11,8%) s’est longtemps vécue en capitale bis du vélo, derrière Strasbourg. Depuis son élection en 1995, Alain Juppé (LR) a entrepris de remodeler la ville, et d’oublier le souvenir des années Chaban, lorsque six files de voitures longeaient la Garonne place de la Bourse. Lors des travaux du tramway, au début des années 2000, les embouteillages sont tels que les Bordelais redécouvrent les vertus de la bicyclette. La politique a porté ses fruits, mais seulement dans le centre.

Il existe un point commun de ces trois villes : leurs maires connaissent le sujet transports dans les détails, sont capables d’en parler longuement et précisément, ce qui n’est pas le cas de la plupart des élus. Autre point commun, ces trois maires pratiquent effectivement le vélo, occasionnellement (Juppé et Ries) ou quotidiennement (Piolle).

Surprises dans le top 10. Les autres villes du top 10 sont les suivantes : Rennes (7,3%), Tours (7%), Toulouse (7%), Nantes (6,2%), Montpellier (6,2%), Lyon (5,9%) et Angers (5,9%). Toutes ces villes ont mis en place, de manière plus ou moins assumée, une politique cyclable. Nantes en a fait des tonnes, notamment au moment du congrès mondial Velocity (récit ici), avec un résultat finalement mitigé : à peine 0,3 points de plus que sa discrète voisine Angers. Toulouse fut en pointe dans les années 2000, mais a tendance désormais à privilégier les transports motorisés. Rennes demeure assez routière, mais plusieurs de ses élus ont intégré le vélo comme solution aux embouteillages.

Paris à la traîne. On notera que, parmi ces villes, quatre sont dirigées par le PS, quatre par LR, une par EELV et une, Montpellier, par le divers gauche Philippe Saurel. Aucune ville moyenne ne figure dans le top 10, pas même La Rochelle ou Chambéry, alors qu’il est bien plus rapide de traverser une agglomération de 50 000 habitants qu’une métropole de 400 000. Paris, enfin, apparaît dans les profondeurs du classement, avec seulement 4,2% des trajets quotidiens à vélo (le focus de l’Insee ici). C’est très peu pour une capitale européenne aussi compacte et où les déplacements en voiture ne dépassent pas les 10%. La bicyclette subit à Paris la concurrence du deux-roues motorisé. Celui-ci, nullement découragé par la municipalité, est donc de facto encouragé.

Un effet Velib’ mitigé. Toutes les villes figurant dans le top 10 disposent d’un système de location de vélos. Mais dans deux d’entre elles, il ne s’agit pas du « libre-service » classique, Velo’v lyonnais ou Vélib’ parisien. Deux villes, donc, ont opté depuis longtemps pour la location de longue durée, qui permet à un utilisateur d’emprunter un vélo pour la journée ou plusieurs mois, un système moins bien coûteux que le Velib’. Ces deux villes sont Strasbourg (Velhop) et Grenoble (Metrovelo), les deux gagnantes du palmarès 2015.

Olivier Razemon,  sur Twitter, Facebook et Instagram.

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