Soudan du Sud , les deux camps appellent au cessez-le-feu

Soudan du Sud , les deux camps appellent au cessez-le-feu

Le Monde.fr avec AFP et Reuters

Le 11.07.2016 à 04h23

Mis à jour le 11.07.2016 à 21h06

Dans les rues de la capitale sud-soudanaise Juba, le 10 juillet.
Crédits : STRINGER / REUTERS

Après quatre jours de violents affrontements, l’ex-chef rebelle et vice-président du Soudan du Sud, Riek Machar, a ordonné à ses troupes, lundi 11 juillet au soir, de cesser les combats. Une demande déjà formulée par son rival, le président Salva Kiir.

« J’informe toutes les troupes qui se sont battues et se sont défendues qu’elles doivent respecter ce cessez-le-feu et rester où elles se trouvent en ce moment », a déclaré M. Machar dans un entretien avec la radio Eye Radio Juba. Ce cessez-le-feu doit en principe entrer en vigueur à partir de 20 heures (19 heures en France).

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De violents combats ont à nouveau secoué Juba, la capitale, lundi. Une source diplomatique occidentale a confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) que les affrontements se sont produits dans la matinée vers l’aéroport et le quartier de Tomping, impliquant de l’artillerie lourde. Un journaliste de l’agence de presse Reuters a, de son côté, aperçu deux hélicoptères de combat tirant en direction de ce qui semble être le quartier général politique et militaire de Riek Machar.

Embargo sur les armes réclamé

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a demandé lundi au Conseil de sécurité de décréter « un embargo immédiat sur les armes » destinées au Soudan du Sud et de nouvelles « sanctions ciblées » contre les fauteurs de trouble. Prôné par les Occidentaux, un tel embargo se heurte à des réticences russes.

Devant la poursuite des violences à Juba, M. Ban a aussi exhorté le Conseil à « renforcer la mission de l’ONU au Soudan du Sud » en la dotant en particulier d’hélicoptères de combat.

Réuni en urgence dimanche après une nuit de violences qui a fait plus de 200 morts, le Conseil de sécurité avait appelé les deux belligérants « à faire tout leur possible pour contrôler leurs forces respectives, mettre fin d’urgence aux combats et prévenir la propagation de la violence ».

L’ONU critiqué

L’aide des « pays de la région » a également été sollicitée. Dans une déclaration unanime, les quinze membres du Conseil de sécurité envisagent « de renforcer la Minuss [la mission onusienne dans le pays] (‘) pour qu’elle puisse prévenir et répondre mieux à la violence ». Le texte ne précise pas quels pays seraient sollicités ni l’ampleur du renforcement considéré.

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L’organisation humanitaire Human Rights Watch (HRW) a sévèrement critiqué l’attitude de l’organe exécutif onusien dans la crise qui ravage le pays. Dans un communiqué, le directeur adjoint de HRW pour l’ONU, Akshaya Kumar, a appelé le Conseil à agir :

« Pendant trop longtemps, le Conseil de sécurité s’est reposé sur la bonne volonté des dirigeants du Soudan du Sud et a brandi des menaces vides d’embargo sur les armes et de sanctions individuelles. Les événements de cette fin de semaine confirment que cette stratégie perdante a échoué. »

Lance-grenades et « armes d’assaut lourdes »

Des milliers de civils fuyaient dimanche les combats intenses. L’ONU a fait état de tirs de mortier, de l’usage de lance-grenades et d’« armes d’assaut lourdes ». La présence d’hélicoptères de combat et de chars a également été signalée. Des habitants se sont réfugiés dans un camp de l’ONU, à proximité duquel les combats ont éclaté, et qui abrite déjà 28 000 déplacés.

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Hors de la capitale, dans plusieurs régions du pays, les violences se poursuivent depuis des mois malgré l’accord de paix signé en 2015. Cet accord de partage du pouvoir a réinstallé M. Machar en tant que vice-président, qui a formé avec M. Kiir un gouvernement d’union nationale. A son retour à Juba en avril, M. Machar est revenu avec un fort contingent d’hommes armés.

Le plus jeune Etat du monde est déchiré depuis décembre 2013 par un conflit féroce qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et près de 3 millions de déplacés.

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