Snapchat la pépite que les investisseurs ne veulent pas louper

Snapchat la pépite que les investisseurs ne veulent pas louper

Le Monde
| 26.05.2016 à 06h43
Mis à jour le
26.05.2016 à 09h37
|

Par Sarah Belouezzane

Il est loin le temps où Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, proposait 3 milliards de dollars au jeune Evan Spiegel pour lui racheter son bébé, Snapchat. A l’époque, commentateurs et observateurs de tous bords s’étonnent : comment le jeune homme a-t-il bien pu refuser une telle offre, inespérée pour une si jeune application, qui plus est sans revenus ‘

Trois ans plus tard, la start-up, dont l’application permet d’envoyer des photos ou des vidéos éphémères, a fait bien du chemin. Et les commentateurs sont eux, devenus, beaucoup moins critiques. Selon une information du site spécialisé TechCrunch, Snapchat serait sur le point de clôturer un énième tour de table, levant encore une fois des sommes vertigineuses : 200 millions de dollars, pour une valorisation de 22,7 milliards de dollars !

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Snapchat supprime les « replays » payants

Déjà présent au capital de Snapchat, le fonds Fidelity souhaiterait à nouveau mettre la main à la poche. Une volonté partagée par d’autres actionnaires, poursuit le site, qui ne précise pas lesquels. Parmi ces derniers, se trouvent d’ailleurs de grands noms de la finance et des nouvelles technologies, comme le fonds saoudien Kingdom Holding Company, ou encore les géants asiatiques Alibaba ou Tencent.

Une croissance fulgurante

S’ils se ruent sur le petit fantôme blanc sur fond jaune, c’est que beaucoup d’investisseurs espèrent qu’il s’agit là du futur Facebook ou du prochain Google. « Personne ne veut rater the next big thing », remarque Gregori Volokhine, du gérant d’actifs américain Meeschaert.

La croissance de l’entreprise a été fulgurante. Fondée en 2011 par deux jeunes étudiants de Stanford, le désormais célèbre Evan Spiegel et son comparse Bobby Murphy, l’application avait pour but de permettre à des jeunes lassés d’exposer leur vie privée sur Facebook, de s’envoyer des photos et des vidéos éphémères, évitant ainsi de laisser des traces sur la Toile. C’était simple, mais il fallait y penser.

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Snapchat accélère sa croissance

Le concept n’a dès lors plus cessé de séduire les utilisateurs : ils sont aujourd’hui 100 millions (dont 54 millions aux Etats-Unis) à utiliser l’application, échangeant 10 milliards de photos et de vidéos chaque jour. Selon des chiffres compilés par Bloomberg, les utilisateurs y passent en moyenne 25 à 30 minutes par jour. Cinq ans après son lancement, l’application demeure la plus téléchargée de l’Appstore, le magasin en ligne d’Apple. Loin devant Facebook, Instagram ou WhatsApp. De quoi donner le tournis à n’importe quel publicitaire.

Pour autant, la société n’a toujours pas de modèle économique viable. Elle a bien tenté quelques formats publicitaires, notamment sous forme de vidéos, mais aucun n’a vraiment su attirer le chaland. Selon les estimations les plus optimistes des analystes, son chiffre d’affaires de 2016 serait compris entre 300 et 350 millions de dollars. A plus de 20 milliards, Snapchat serait donc valorisé 57 fois ses ventes, contre six fois seulement pour Facebook.

« Pour les investisseurs, ça ne compte pas vraiment. Ils misent sur le potentiel de cette application car quand on y pense, il n’y a aucun autre produit disponible aujourd’hui, dans lequel il est possible d’investir, et qui touche une aussi large population », glisse M. Volokhine.

De réseau social à véritable média

L’expert ne doute pas que cette énorme audience soit, un jour, « monétisable ». D’autant que Snapchat est en train, petit à petit, de passer du statut de réseau social à celui de véritable média. C’est dans ce contexte qu’il a lancé un tout nouvel outil en janvier 2015 : Discover. Concocté en partenariat avec des chaînes d’information et de divertissement, comme CNN ou encore MTV, Discover a pour but de réinventer la diffusion de l’information en profitant de l’audience colossale de l’application.

L’idée est simple : chaque chaîne ou site partenaire dispose, dans un onglet spécial situé sur un écran auquel on accède sur la droite, d’un petit logo. Une fois sélectionné par le mobinaute, celui-ci ouvre un espace où est diffusé, pendant vingt-quatre heures, un contenu exclusif, qui disparaît une fois ce laps de temps écoulé. Y sont aujourd’hui présents des médias aussi différents que la chaîne d’humour Comedy Central, le groupe National Geographic, ou encore le quotidien national britannique Daily Mail.

L’entreprise de Venice Beach (Los Angeles, Californie) a même signé un partenariat avec les diffuseurs américains des jeux Olympiques de Rio de Janeiro, afin de permettre à ses aficionados de suivre les compétitions directement sur l’application. « Pour les nouveaux actionnaires, c’est comme un ticket de loterie, ce n’est pas sûr à 100 % mais s’ils gagnent, ils gagnent gros », conclut Gregori Volokhine.

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