Sélection en master , l’UNEF défend  le droit des étudiants à une place dans leur université 

Sélection en master , l'UNEF défend  le droit des étudiants à une place dans leur université 

Le Monde
| 12.09.2016 à 16h03
Mis à jour le
12.09.2016 à 16h13
|

Par Camille Stromboni

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Najat Vallaud-Belkacem promet une loi pour réformer la sélection en master

Najat Vallaud-Belkacem prévoit une loi en novembre en vue de réformer la sélection en master dès la rentrée 2017. Avec un équilibre entre deux principes : d’un côté, un recrutement désormais à l’entrée du master 1 ; de l’autre, le droit pour les étudiants à la poursuite de leurs études. Cette échéance vous paraît-elle raisonnable ‘

William Martinet : C’est une bonne chose que la ministre fasse des propositions. L’UNEF est convaincue qu’il faut trouver un compromis. Mais la négociation n’est pas finie et nous jugerons son résultat sur un seul critère : la réforme se fait-elle dans l’intérêt des étudiants ‘ Sinon, nous n’hésiterons pas à claquer la porte. Et ce ne sera pas juste de la mise en scène, nous sommes capables de contester une proposition de loi avec tous les outils à notre disposition.

« Au moins une proposition de master doit être faite à chaque étudiant dans l’établissement où il a obtenu sa licence. »

Vous défendez l’inscription, dans la loi à venir, d’un droit à la poursuite d’études. En quoi consisterait-il ‘

C’est l’élément central de cette négociation. Tout le débat est de savoir si ce droit est fictif ou réel. Pour qu’il soit réel, nous voyons trois conditions. Tout d’abord, il faut établir une carte des compatibilités entre les licences et les masters pour que les étudiants se voient proposer une formation en cohérence avec leur projet d’études. Ensuite, ce droit signifie qu’au moins une proposition de master doit être faite à chaque étudiant dans l’établissement où il a obtenu sa licence, ce qui permettra d’éviter toute mobilité forcée. Enfin, ce droit comme celui d’accéder à une licence pour tous les bacheliers doit être garanti par le rectorat.

Les universités ne sont-elles pas autonomes, et les plus à même d’orienter les étudiants dans leurs parcours ‘ Sachant que la question de la capacité d’accueil au niveau global ne se pose pas : il y a actuellement assez de places entre la licence, le master 1 et le master 2.

L’autonomie ne doit pas être un dogme. Et il ne s’agit pas simplement de gérer les flux. Ce qui doit guider cette réforme, c’est la démocratisation du master et l’ascenseur social. Cela suppose d’imposer certaines règles aux établissements. C’est tout l’enjeu : la responsabilisation des établissements. Si une université a formé un étudiant jusqu’au bac +3 ou au bac +4, elle ne peut ensuite lui expliquer qu’elle n’a aucune place pour lui, alors qu’il a pourtant validé ses examens !

Ce droit à la poursuite d’études provoque le blocage chez les présidents d’université, qui ont déjà claqué la porte des négociations’

Je ne connais pas la réalité des discussions entre les présidents d’université et le ministère. L’UNEF s’implique dans la discussion et fait des propositions de compromis. Tout le monde doit assumer ses responsabilités.

Najat Vallaud-Belkacem pointe le risque de voir un autre camp politique arriver au pouvoir, avec des propositions « inquiétantes » en matière de sélection. Partagez-vous cette crainte ‘

C’est vrai, la perspective d’une alternance politique et, surtout, les projets des principaux candidats sont inquiétants. Mais il faut se rappeler que la droite a toujours brandi la menace de la sélection en étant rarement capable de l’appliquer une fois au pouvoir. Dans tous les cas, nous n’acceptons pas un chantage aux décisions réactionnaires qui pourraient être prises après 2017. Nous sommes convaincus qu’il faut une réforme au plus vite, mais il faut qu’elle se fasse dans l’intérêt des étudiants.

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