Royaume-Uni , un million de signatures pour un nouveau référendum

Royaume-Uni , un million de signatures pour un nouveau référendum

Bien que minoritaires, avec 48 % des voix, 16 millions de Britanniques se sont prononcés jeudi 23 juin pour le maintien de leur pays dans l’Union européenne. Parmi eux, un million de partisans du « remain » refusent de se résoudre au résultat du référendum : une pétition sur le site du parlement britannique demande que, « en cas de victoire du Brexit à moins de 60 % des voix, un autre vote soit organisé ».

La pétition, hébergée sur le site du Parlement, a attiré de très nombreux visiteurs vendredi, et le nombre de signataires a triplé en quelques heures, pour dépasser 140 000 en fin d’après-midi. Samedi midi, la pétition avait dépassé le million de signatures. Les internautes sont si nombreux à vouloir signer que le site est régulièrement submergé, comme le montre ce message d’erreur :

Aucune obligation légale

Quel sera l’impact d’une telle pétition ‘ Le comité responsable des pétitions en ligne au sein du Parlement britannique s’engage à répondre à toutes les pétitions qui dépassent 10 000 signatures sous vingt et un jours. Au-delà de 100 000, il peut soumettre la demande des signataires au Parlement pour qu’elle soit débattue, mais il n’a pas obligation de le faire. Un porte-parole de la Chambre des communes a déjà fait savoir que le comité se réunirait le 28 juin pour examiner cette pétition. Celle-ci pourra rester en ligne jusqu’au 25 novembre.

L’interpellation directe des politiques sur une question collective par l’intermédiaire d’une pétition en ligne a été inaugurée en 2011. Plusieurs débats ont été déclenchés par des pétitions en ligne depuis, sur l’immigration ou encore les programmes scolaires. Mais le système a également été critiqué, car il est contrôlé de très près par le Parlement. The Guardian écrivait en 2014 que la plate-forme en ligne (qui a changé d’adresse et de nom depuis) n’était « rien de plus qu’une farce », que le comité responsable avait le pouvoir de tuer dans l »uf ces pétitions, et que la plupart d’entre elles restent, de fait, ignorées.

La « démocratie directe » plébiscitée

Aux Etats-Unis, cette nouvelle forme de « démocratie directe » à l’ère numérique n’a pas donné lieu à de véritables transformations, comme en témoigne le bilan de cette initiative, mis en ligne par la Maison Blanche en 2015. La plate-forme We the People, lancée au même moment que celle du Parlement britannique, fonctionne sur le même principe de seuil de signataires : toute pétition de plus de 25 000 signataires déclenche automatiquement une réponse de la Maison Blanche.

Après la fusillade de l’école Sandy Hook à Newtown (Massachusetts), en 2012, le président Barack Obama s’est adressé dans une vidéo aux signataires des nombreuses pétitions sur le contrôle des armes. Mais le problème est toujours aussi délicat, comme l’a révélé le récent débat à la suite de la tuerie d’Orlando.

Le succès de la pétition est cependant révélateur d’une chose : la « démocratie directe » (ou l’illusion de) est plébiscitée par des électeurs qui se méfient de plus en plus du système politique traditionnel. Le jour même d’un référendum, les Britanniques se tournent vers une plate-forme en ligne pour remettre en question le résultat’ Alors même que le référendum est la forme de consultation la plus directe dont dispose le système politique traditionnel.

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Une pétition pour que Londres prenne son indépendance

Une autre pétition, plus fantaisiste, a également pris de l’ampleur au cours de la journée de vendredi, mais cette fois sur le site indépendant Change.org, la plus célèbre plateforme de pétitions en ligne. Plus de 100 000 personnes ont signé pour la « londependence », la prise d’indépendance de Londres et son adhésion à l’Union européenne, en vertu d’un raisonnement imparable : puisque la capitale a voté « remain » à près de 60 %, pourquoi ne pas se séparer du reste du pays et vivre son propre destin ‘ La pétition suggère également que le nouveau maire Sadiq Khan, fervent défenseur du « remain » devienne « président Sadiq ».

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Au-delà du ton résolument potache de cette pétition, les 100 000 signatures donnent un indice de ce qui sépare Londres du reste de l’Angleterre. À l’issue du résultat, Sadiq Khan a précisé que « la ville de Londres continuera à rester ouverte, à échanger et à s’investir partout dans le monde, y compris dans l’Union européenne. »

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