Royaume-Uni , un extrémiste de droite condamné à la prison à vie pour le meurtre de Jo Cox

Royaume-Uni , un extrémiste de droite condamné à la prison à vie pour le meurtre de Jo Cox

La députée travailliste proeuropéenne avait été assassinée le 16 juin par Thomas Mair, alors que la rhétorique anti-immigrés de la campagne pro-Brexit était à son paroxysme.

Le meurtrier de la députée travailliste Jo Cox a agi par idéologie politique. C’est ce qu’a établi le tribunal, mercredi 23 novembre, après neuf jours de procès. Thomas Mair, extrémiste de droite, a été reconnu coupable et condamné à à la perpétuité, sans possibilité de libération, par la cour criminelle londonienne de l’Old Bailey pour meurtre de la militante pro-UE et pro-réfugiés, perpétré en juin. Une peine rare illustrant l’horreur qui a saisi le Royaume-Uni face à cet acte motivé par « une idéologie déviante ».

La députée a été tuée de plusieurs balles et de plusieurs coups de couteaux, une semaine avant la tenue du référendum sur le maintien ou non du pays dans l’Union européenne. Déjà, en qualifiant les faits de « meurtre préparé et prémédité » avec « un mobile politique et/ou idéologique », le procureur, Richard Whittam, avait fait un sort à la version jusqu’ici privilégiée par l’opinion, les politiques et les médias, qui fait de l’assassinat de Jo Cox un crime de désaxé.

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Une peine très rare

Le tribunal a suivi les réquisitions du procureur selon lesquelles M. Mair avait agi par idéologie. « Mair n’a pas donné d’explication à ses agissements mais le parquet a pu démontrer que son crime prémédité, animé par la haine, ne constitue pas moins qu’un acte de terrorisme destiné à mettre en avant son idéologie déviante », a expliqué la chef de la division du contre-terrorisme du parquet, Sue Hemming, dans un communiqué.

M. Mair, qui a plaidé non coupable, a refusé de s’exprimer ou de se défendre lors du procès qui s’était ouvert il y a dix jours.

Sympathisant néonazi

Le crime a été d’une rare sauvagerie. Au moyen d’un énorme poignard présenté à la cour, M. Mair a infligé à cette mère de deux enfants quinze blessures, la transperçant au c’ur, à l’estomac, aux poumons et au foie. La députée de 41 ans a en outre reçu trois balles, dont deux en pleine tête. Les faits s’étaient déroulés dans sa circonscription de Birstall, près de Leeds, dans le nord de l’Angleterre.

Plusieurs témoins du meurtre ont rapporté l’avoir entendu crier à plusieurs reprises « Britain First ! » (« le Royaume-Uni d’abord ! »), en commettant son crime. Lors de sa première audition par la justice quelques jours après le meurtre, M. Mair avait crié « Mort aux traîtres, liberté pour le Royaume-Uni ! ».

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Selon le Southern Poverty Law Center (SPLC), organisation américaine spécialisée dans la surveillance des groupes d’extrême droite, l’homme serait un sympathisant de la National Alliance (NA), un groupe néonazi américain.

Le SPLC a publié sur son site deux factures au nom de M. Mair datant de 2003 pour l’achat de plusieurs publications de la NA, dont un manuel destiné à la confection d’armes artisanales. Selon la BBC, il aurait également été abonné à Patriot Magazine, un journal pro-apartheid. Britain First, un groupe d’extrême droite britannique qui revendique 6 000 membres, a nié tout contact avec M. Mair. Selon The Guardian, la police aurait découvert des insignes nazis et de la littérature d’extrême droite à son domicile.

Le mari de la députée, Brendan Cox, a réagi mercredi en disant n’éprouver « que de la pitié » pour Thomas Mair : « Notre famille ne répondra pas à la haine par la haine. » « Bien [que Jo Cox] soit morte, les idées et les valeurs qu’elle défendait si chèrement vont survivre », a-t-il ajouté, espérant que le pays « allait tirer quelque chose » de ce crime.

« Que ceux qui dans la politique, dans les médias ou dans nos communautés essaient de nous diviser soient face à un mur inattaquable de tolérance britannique. »

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