Royaume-Uni , les députés approuvent la première étape du projet de loi sur le Brexit

Royaume-Uni , les députés approuvent la première étape du projet de loi sur le Brexit

La Chambre des communes a rejeté à 498 voix contre 114 un amendement du Parti national écossais qui demandait que le projet de loi ne soit pas étudié.

Le Monde
| 01.02.2017 à 21h51
Mis à jour le
02.02.2017 à 11h14
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Par Philippe Bernard (Londres, correspondant)

Le vote des députés britanniques sur le Brexit, auquel la première ministre Theresa May avait tenté en vain de résister s’est soldé, mercredi 1er février, par un triomphe pour elle, ouvrant la voie au lancement, en mars, de la procédure de sortie de l’Union européenne (UE).

Par 498 voix contre 114, la Chambre des communes a approuvé la poursuite de l’examen du court projet de loi qui autorise le gouvernement à recourir à l’article 50 du Traité de Lisbonne prévoyant la procédure de divorce avec l’UE.

Alors que la majorité des députés avaient fait campagne au référendum en faveur du maintien dans l’UE, ils se sont prononcés cette fois en sens contraire, pour se conformer au résultat du scrutin du 23 juin 2016 dans leur circonscription. « La question que les élus doivent se poser est : font-ils confiance au peuple ‘ », avait averti Mme May.

Les conservateurs, souvent divisés dans le passé sur l’Europe, ont tous voté en faveur du texte. Tous à l’exception notable de l’ancien ministre Ken Clarke, 76 ans, qui a fait référence à Lewis Carroll pour exprimer son jugement sur la position majoritaire : « Apparemment, vous suivez le lapin dans son terrier et vous émergez au Pays des merveilles où soudain, tous les pays du monde défilent devant vous pour vous offrir des tarifs préférentiels et l’accès à leurs marchés. » « Suicide ! », a aussi crié un député du Labour lorsque le vote qualifié d’« historique » par Boris Johnson, ministre des affaires étrangères, a été annoncé.

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Division chez les travaillistes

Mais l’opposition travailliste a affiché sa division et le manque d’autorité de son chef de file, Jeremy Corbyn. Quarante-sept des 230 députés travaillistes ont refusé de suivre sa stricte consigne de vote en faveur du texte gouvernemental, marquant la césure du parti entre les élus des circonscriptions populaires favorables au Brexit et ceux de zones urbaines plus favorisées, qui y sont hostiles.

Déjà ébranlé par une rébellion interne voici quelques mois, M. Corbyn a par ailleurs essuyé la démission de trois membres de son cabinet fantôme. Enfin, cinquante députés nationalistes écossais et sept des neuf libéraux-démocrates ont aussi voté contre le texte.

Le parcours de ce projet lançant le Brexit doit se poursuivre avec la discussion des amendements. M. Corbyn se donne pour objectif d’empêcher Mme May « de transformer la Grande-Bretagne en paradis fiscal » mais les amendements du Labour ont peu de chance d’être approuvés lors d’un nouveau vote, mercredi 8.

Le texte ira ensuite devant les Lords où il devrait être âprement débattu mais approuvé. La loi pourrait être promulguée par la reine dès le 7 mars, permettant à Mme May de déclencher le Brexit en lever de rideau du Conseil européen des 9 et 10 mars.

Dans un débat tenu jusqu’à présent en vase clos, le point de vue des vingt-sept Etats auxquels Le Royaume-Uni va se trouver confronté n’a guère été abordé. Mercredi, aux Communes, l’ancien ministre des finances, George Osborne, a prévu des négociations « plutôt aigres ». Rapportant des conversations avec de hauts responsables allemands et français, il a été le seul à prévenir : la priorité pour Paris et Berlin n’est pas de signer un traité commercial favorable avec Londres, mais de maintenir la cohésion de l’UE.

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