Rentrée dans le Nord-Pas-de-Calais , Pourvu que ces mesures ne durent pas trop longtemps

Rentrée dans le Nord-Pas-de-Calais ,  Pourvu que ces mesures ne durent pas trop longtemps

«
C’est vrai qu’on ne s’attendait pas forcément à croiser les forces de l’ordre devant les grilles du collège, le jour de la rentrée
», confessent Annick et Arnaud. Tous deux étaient présents hier matin, au collège Anatole-France de N’ux-les-Mines, près de Béthune, pour la rentrée en 6e de leur plus jeune fils. Au sein de l’établissement, de nombreuses mesures de sécurité ont été prises par le principal pour faire face à la menace terroriste : présence de policiers, installation d’un important système d’alarme, contrôle des identités par les surveillants’ Certaines salles de classe, qui seront équipées en nourriture, eau et moyens de communication dans les semaines à venir, pourront même servir de salles de confinement en cas d’attaque.

« C’est quand même la vie de nos enfants qui est en jeu »

Autant de dispositifs qui en rassurent certains «
c’est quand même la vie de nos enfants qui est en jeu
»’ mais en inquiètent d’autres. «
Ici, on n’est pas à Paris ou à Nice. Il faut y penser, certes. Mais trop, c’est trop. Ce sont toutes ces mesures qui créent un climat anxiogène, à force
», assure un jeune papa. Pour autant, si certains établissements scolaires ont fait le choix d’appliquer à la lettre (et même plus encore) certaines des mesures énoncées par le gouvernement ces derniers jours, d’autres ont décidé d’être «
plus raisonnables
».

Certaines rues bloquées

À une dizaine de kilomètres de là, devant l’école Berthelot à Lens, les parents discutent tranquillement. Il est 11h20, les enfants sont sur le point de sortir. «
Quand je suis arrivée ce matin, la rue de l’école était bloquée par un tas de barrières. Au niveau sécurité, c’est bien, mais pour les parents, ce n’est quand même pas pratique’
», souffle Laurence. Car si d’un parent à l’autre, les réactions de ce jeudi se suivaient mais ne se ressemblaient pas, tous sont toutefois tombés d’accord sur un point : «
Pourvu que ces mesures ne durent pas trop longtemps.
» Une chose est sûre, les mesures en question n’ont pas fini de faire parler d’elles.

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement et de la Recherche, est attendue ce vendredi à Arras. Elle devrait se rendre dans les lycées Savary et Jules-Ferry (matin), puis au groupe scolaire Oscar-Cléret (début d’après-midi).

Une reprise des cours à l’épreuve du feu

Ce jeudi matin, c’est peut-être à Achicourt, dans l’Arrageois, que s’est déroulée la scène la plus symptomatique de cette rentrée aux relents anxiogènes. Un agent municipal, mille fois plus vigilant qu’un autre jour, remarque une valisette au pied d’un point de collecte de vêtements usagés. Alerte. Démineurs requis. On fait exploser l’objet, non sans avoir évacué 30 riverains’ ainsi que les 120 élèves de Jean-Macé toute proche.

De fait, hier, les cadres de l’Éducation nationale n’étaient pas les seuls à attendre les écoliers, collégiens et lycéens, histoire de s’assurer que tout allait bien. Les uniformes bleus étaient de sortie. On a même croisé Didier Perroudon, directeur de la sécurité publique du Nord, devant le lycée Montebello de Lille. Dans le département, 300fonctionnaires lourdement armés sont mobilisés contre le risque d’attentats aux abords des établissements scolaires, en zone police. Sauf qu’ils sont quelque 2400 dans le Nord, ces établissements’ Alors, on s’en doute, priorité est donnée aux « gros », les collèges et lycées abritant plusieurs centaines voire plusieurs milliers d’élèves. «
Mais demain, ils seront encore là
», s’interroge un groupe de lycéens arrageois, en observant les fonctionnaires et leurs (très impressionnantes) armes.

« Pas présent partout »

Pour les écoles, les forces communales étaient bien souvent requises, entre deux barrières ou sur les places de stationnement gelées devant l’établissement. À Valenciennes, par exemple, quinze policiers municipaux étaient sur le pont dès 8h15, pour 33écoles primaires. Les patrouilles devaient passer devant chaque établissement dans la journée. Le chef de la police a rencontré les directeurs d’école mercredi. On a parlé coordination, travaux de sécurisation, renforcement de la vidéosurveillance’ Peut-être aussi principe de réalité. Le maire de Saint-Omer, François Decoster, le reconnaît : «
Nous n’avons pas les effectifs pour être présent partout au même moment.
» Les agents municipaux interviendront donc aussi, mais de «
manière aléatoire
».C. C., avec les rédactions locales

Et demain

Non, les 852 715 élèves de l’académie de Lille n’avaient pas un policier ou un gendarme rivé à leurs « Converse » ce jeudi. C’est la limite de la forte exposition médiatique de cette rentrée particulière. Les autorités publiques ont marqué le coup. Les parents d’élèves leur en auraient voulu de ne pas présenter une telle copie sécuritaire hier. Message évident : le pays protège ses enfants. Mais quid de demain ou dans six mois Tous ces agents municipaux et bénévoles volontaires pour guider, filtrer et surveiller seront-ils toujours aussi nombreux à assurer cette vigilance Peut-être. Mais ce sera alors la preuve définitive que nous aurons changé de mode de vie.

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