Réforme du collège , une journée de grève comme une  piqûre de rappel 

Réforme du collège , une journée de grève comme une  piqûre de rappel 

Le Monde
| 08.09.2016 à 21h05
Mis à jour le
08.09.2016 à 21h08
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Par Charlotte Heymelot

Dans le cortège parisien, les visages se veulent déterminés. Une semaine après la rentrée, les enseignants de collège ont voulu rappeler, jeudi 8 septembre, leur opposition à la réforme appliquée depuis le 1er septembre à travers une journée de grève et des rassemblements.

« Pour nous, c’est le début d’une nouvelle mobilisation », affirme Sophie Machéda, du syndicat SNES. Cette professeure de français au collège La Fontaine d’Antony veut rester enthousiaste, mais elle reconnaît toutefois que la journée de grève organisée jeudi n’a pas rassemblé autant que l’intersyndicale organisatrice SNES-FSU, FO, SUD et CGT l’aurait souhaité.

A Paris, les organisateurs ont compté 1 000 manifestants, contre 650 pour la préfecture. « Le noyau dur des syndiqués est là, ainsi que quelques enseignants venus défendre certaines matières spécifiques, mais il n’y a pas grand monde de plus, analyse Françoise Chardin, professeure de lettres classiques à la retraite depuis trois ans. Certes, les profs sont occupés avec la rentrée, mais il y aura des rendez-vous toute l’année pour les empêcher de se mobiliser. »

« Une piqûre de rappel »

Un peu plus loin, une autre Françoise partage ses doutes sur la suite de la mobilisation. « Je ne sais vraiment pas ce que ça va donner. C’est énervant parce que le peu de monde va donner raison à la ministre qui dit que les profs sont d’accord avec sa réforme. Dans mon collège, 85 % sont contre », se navre cette prof de musique venue pour « marquer le coup ».

Un avis partagé par Marie-Hélène, enseignante de lettres classiques, non syndiquée. Pour elle, les rangs clairsemés du cortège parisien s’expliquent par le sentiment de « fatalité » partagé par un grand nombre de profs, pourtant opposés à la réforme du collège. « Ils se disent que de toute façon, c’est fait », regrette-t-elle. D’autres espèrent au contraire que l’application concrète de la réforme fera prendre conscience aux enseignants de la nécessité de se mobiliser.

« Nous savions très bien que la mobilisation d’aujourd’hui ne serait pas massive, mais militante, explique Benoît Teste, secrétaire adjoint du SNES-FSU. L’idée était de ramener le problème du collège dans le débat public, comme une piqûre de rappel. » Au niveau national, le syndicat a dénombré 25 % de grévistes chez les enseignants du collège. Si d’autres journées d’action ne sont pas programmées pour le moment, le « coup de semonce » symbolique de jeudi permettra aux enseignants mobilisés de continuer le combat au sein des établissements, estime Benoît Teste.

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