RDC , 6 morts à Kinshasa lors d’affrontements entre manifestants et policiers

RDC , 6 morts à Kinshasa lors d'affrontements entre manifestants et policiers

Le Monde.fr avec AFP

Le 19.09.2016 à 12h34

Mis à jour le 19.09.2016 à 17h38

A Kinshasa, le 19 septembre 2016.
Crédits : EDUARDO SOTERAS/AFP

Quatre civils au moins auraient été tués, lundi 19 septembre, dans des violences qui opposent des manifestants à des policiers anti-émeutes à Kinshasa, a affirmé à l’AFP un dirigeant d’opposition. Les autorités faisaient état au début de l’après-midi de deux policiers tués dans l’attaque d’une permanence du parti présidentiel à Limete, quelques heures avant le départ prévu d’une manifestation hostile au président congolais, Joseph Kabila. A la suite de ces violences, les autorités ont annulé la manifestation.

« Nous enregistrons plusieurs morts », a déclaré à l’AFP Bruno Tshibala, porte-parole de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), affirmant avoir vu quatre cadavres « amenés au siège » d’une formation alliée.

Les journalistes de l’AFP déployés dans la capitale de la République démocratique du Congo ont vu pour leur part plusieurs centaines de manifestants, des jeunes hommes surtout, dans le quartier Limete, où se trouve le siège de l’UDPS, parti de l’opposant historique Etienne Tshisekedi.

Faisant état de plusieurs pillages ou incendies criminels visant des cibles politiques, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a accusé l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le principal parti de l’opposition, d’être à l’origine de ces violences. « Il y a eu des pillages ciblés, a déclaré M. Mende, il y a des gens qui se sont préparés pour faire tout ce désordre. » « Ils ont trompé le gouverneur » de Kinshasa sur le caractère pacifique de leur manifestation, a-t-il aussi ajouté pour justifier l’annulation de l’autorisation de manifester accordée par les autorités locales.

Le « préavis » de Kabila

L’opposition avait appelé à manifester dans tout le pays pour signifier à M. Kabila son « préavis », trois mois avant l’expiration de son mandat, le 20 décembre. La Constitution lui interdit de se représenter mais il ne montre aucun signe laissant penser qu’il souhaite abandonner ses fonctions et la présidentielle censée se tenir avant la fin 2016 apparaît comme impossible à organiser dans les temps. De plus, samedi, la commission chargée d’organiser les élections a déposé une requête auprès de la Cour constitutionnelle sollicitant un report de la convocation de ce scrutin. Par ailleurs, en mai, le président congolais avait obtenu de la Cour constitutionnelle l’autorisation de se maintenir en poste tant qu’un nouveau président n’est pas élu.

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C’est donc aux cris de « Kabila dégage ! » ou « Kabila doit partir ! » que des jeunes lançaient, lundi matin, des pierres sur les policiers qui répliquaient à coup de grenades lacrymogènes sur le boulevard Lumumba, grande artère du centre de la capitale de la République démocratique du Congo. Au milieu des effluves roses des gaz tirés par les forces de l’ordre émergeaient des drapeaux blanc et bleu de l’UDPS, le parti d’Etienne Tshisekedi, figure historique de l’opposition congolaise.

Un manifestant, le 19 septembre 2016, à Kinshasa.
Crédits : EDUARDO SOTERAS/AFP

Plus tôt dans la journée, des voitures ont également été incendiées dans le quartier de Limete à Kinshasa. A l’échangeur de Limete, d’où devait partir la manifestation, plusieurs dizaines de jeunes, pour beaucoup avec des pierres à la main, scandaient des slogans hostiles au chef de l’Etat, en français et en lingala.

Les manifestants ont mis le feu à une affiche géante montrant un portrait du président appelant au « dialogue » pour surmonter la crise politique que traverse le pays depuis sa réélection contestée en novembre 2011. Sur le boulevard Lumumba, la grande artère de Limete, plusieurs pneus ont été incendiés sur la chaussée en divers endroits et des jeunes, se présentant comme des partisans de l’opposition, filtraient les voitures, ne laissant passer que les journalistes.

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Human Rights Watch appelle à respecter les libertés

Dimanche, l’organisation américaine Human Rights Watch (HRW) a appelé les autorités congolaises à respecter les « libertés d’expression et de réunion, et autoriser le déroulement de manifestations pacifiques et de meetings politiques », pour « contribuer à prévenir les violences ».

« Les décisions que le président Kabila et son gouvernement vont prendre dans les prochaines semaines peuvent faire toute la différence pour l’avenir de la RDC », estime HRW dans ce texte intitulé « La République démocratique du Congo au bord du précipice ». L’organisation appelle également les autorités congolaises à « mettre fin à la répression et à promouvoir les principes démocratiques ». « Il s’agit d’une opportunité cruciale pour le pays pour consolider la démocratie, l’Etat de droit, et les droits humains, pour son propre futur et celui de la région entière », ajoute HRW.

Manifestation à Kinshasa, le 19 septembre 2016, à l’appel de l’opposition à Joseph Kabila.
Crédits : EDUARDO SOTERAS/AFP

Jeudi, Kinshasa s’était déclaré surpris par des accusations de « répression systématique » portées par Amnesty International, faisant valoir que les autorités avaient fait libérer en août plusieurs détenus politiques.

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