Rachel Silvera ,  Ce que cachent les inégalités salariales entre les femmes et les hommes en Europe 

Rachel Silvera ,  Ce que cachent les inégalités salariales entre les femmes et les hommes en Europe 

L’économiste Rachel Silvera souligne la persistance des inégalités salariales entre hommes et femmes dans une tribune au « Monde ». Ce fossé ne sera comblé que lorsque l’on appliquera le principe d’un salaire égal pour un travail de valeur égale.

Le Monde
| 08.03.2017 à 08h44
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Par Rachel Silvera (Economiste, maîtresse de conférence université Paris-Ouest-Nanterre, codirectrice du réseau de recherche interdisciplinaire et inte…

Par Rachel Silvera, maîtresse de conférence université Paris-Ouest-Nanterre, codirectrice du réseau de recherche interdisciplinaire et international Marché du travail et genre

TRIBUNE. Les données d’Eurostat 2016 sur les inégalités salariales entre les femmes et les hommes montrent que l’écart horaire moyen est de 16 % pour les vingt-huit pays de l’Union européenne.

Ce chiffre masque de fortes disparités entre les pays, ce qui est assez surprenant : les « bons élèves » ne sont pas les plus égalitaires (Italie, Roumanie, Croatie, Pologne’) ; et inversement, les pays qui sont souvent cités comme les plus égalitaires (les pays nordiques pour aller vite) ont des inégalités salariales assez élevées (autour de la moyenne européenne). Comment expliquer ce paradoxe ‘

Le temps partiel, trait de l’emploi féminin

Première remarque : ces données officielles masquent une part importante des écarts salariaux en ne traitant que les écarts de taux horaires. On gomme ainsi une réalité importante en Europe : le temps partiel a connu un développement important ces dernières années, en ayant des réalités certes différentes d’un pays à l’autre, mais avec toujours un point commun : c’est un trait de l’emploi féminin et rarement masculin.

Notons ainsi qu’il atteint en 2015, près de 77 % de l’emploi des femmes hollandaises. Il dépasse les 40 % de l’emploi des femmes en Allemagne, Autriche et Royaume-Uni, il est assez soutenu dans les pays scandinaves et il a fortement augmenté en Italie (32 % comme en France).

Or, si l’on prenait des données sur les écarts de salaires mensuels, en intégrant le temps partiel, ces écarts seraient nettement plus élevés (on passe souvent du simple ou double, et on dépasse les 30 % !) et le classement des pays en serait bouleversé. Les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Autriche afficheraient les écarts les plus importants et l’Italie ne serait plus parmi les « bons élèves ». En France, on passe ainsi d’un écart horaire de 16 % à un écart mensuel de 26 % (Insee, 2015).

Un « effet de sélection »

Seconde remarque essentielle : ces écarts de salaires sont biaisés car il existe ce que l’on appelle dans le jargon économique un « effet de sélection » : un faible écart salarial peut s’expliquer par un faible taux d’emploi des femmes. Ainsi, toujours en Italie, le taux d’emploi des femmes de 15-64 ans est de 47,2 % ; il est de 53,3 % en Roumanie, 56,6 % pour les polonaises.

Rappelons…

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