Prédire l’éclatement de la bulle high-tech avec les ventes de tables de ping-pong

Prédire l'éclatement de la bulle high-tech avec les ventes de tables de ping-pong

Image de fin. ( AFP PHOTO / WANG ZHAO)

Ce n’est plus la fête à la Silicon Valley. L’épicentre de la high-tech américaine vit dans la peur de l’éclatement d’une bulle qui n’a cessé de gonfler. Les signes sont là, chez les mastodontes Apple qui vend moins d’iPhones, Twitter qui stagne mais surtout chez les start-up, censées apporter continuellement de l’argent neuf pour faire tourner la machine :

les marchés se méfient ouvertement des entreprises qui font parler d’elles mais ne gagnent pas d’argent ;
les sommes d’argent levées par les start-up américaines viennent de reculer pour le troisième trimestre d’affilée et aucune de ces sociétés n’est entrée en Bourse au premier trimestre 2016 ;
selon le cabinet Dealogic, cette disette ne s’est produite qu’à trois reprises depuis 1995′: fin 2002 et début 2003, juste après l’éclatement de la première bulle Internet, et début 2009, en pleine crise financière.

Notre journaliste Jérôme Marin l’a écrit récemment :

« Licenciements, réductions de coûts, levées de fonds plus rares, valorisations en chute libre’ Dans la Silicon Valley, l’euphorie est passée (…). De nombreuses start-up ont ainsi dû réduire leur train de vie : salaires, recrutement, avantages en nature, bureaux à l’étranger, etc. Les plans sociaux se multiplient également. »

Tout le monde guette l’éclatement, mais comment savoir quand il arrivera Le Wall Street Journal a tenté de le faire avec un indice à première vue assez bizarre, mais peut-être pas si improbable que ça : la vente de tables de ping-pong, objet devenu indispensable pour toute start-up qui se respecte, symbole d’une culture d’entreprise cool-mais-on-bosse-quand-même-17-heures-par-jour.

Exemple de l’article :

« Les résultats trimestriels maussades de Twitter ont inquiété les investisseurs. Ils auraient pu anticiper ce pépin s’ils avaient regardé un indicateur clé. Jusqu’à la fin 2014, Twitter commandait régulièrement des tables de ping-pong chez Billiard Wholesale, un magasin de San José. Et, d’un coup, il a arrêté de le faire. »

Le patron de la boutique dit que la vente de tables de ping-pong ont chuté de 50 % début 2016, par rapport à l’année précédente, ce que confirme une autre boutique spécialisée. Des jeunes patrons de start-up assurent avoir plusieurs tables de ping-pong à disposition des employés. Comme si en posséder encore était un signe de stabilité et de liquidités, et ne plus en avoir marquait le début de la fin. Comme dit l’un d’eux, c’est un marqueur générationnel : « C’est l’équivalent de ‘on ne porte pas de costards’. »

Même Yahoo!, le géant en passe d’être dépecé, tente de faire bonne figure. Une porte-parole reconnaît que le siège social du groupe n’a plus acheté de nouvelles tables récemment, mais jure que les petites balles rebondissent encore dans leurs locaux :

« Je peux vous assurer que les gens jouent toujours au ping-pong chez Yahoo. »

C’est plutôt une intuition, un signe que tout ne va plus très bien dans le nord de la Californie. L’auteure de l’article le reconnaît facilement, « l’indice de la table de ping-pong » n’est pas un outil exact. Comme lui suggère une investisseur, on pourrait aussi avoir un index des tables de baby-foot ou de jus de fruits Odwalla pour prendre le poul de la Silicon Valley.

Luc Vinogradoff

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