Plongée au c’ur du foot communautaire

Plongée au c'ur du foot communautaire

Mais les dirigeants de la FFF sont aussi conscients que ces clubs apportent un renouveau au football amateur. « C’est une réalité sociale qui nous dépasse. Si le fait de prendre une licence s’inscrit dans une démarche identitaire fermée, cela devient très vite, dans les faits, parce que nous sommes dans un ensemble structuré, un facteur d’ouverture à travers les rencontres sportives », affirme Pierre Samsonoff, directeur général adjoint de la FFF, et directeur général de la Ligue du football amateur (LFA), qui assure « [ne vouloir] exclure personne ». La fédération a mis au point un programme éducatif pour porter les messages de tolérance et de respect, fait-il remarquer.

Les crispations identitaires de ces derniers mois dans la société française ont pourtant jeté une drôle de lumière sur ces clubs amateurs. Dans l’ambiance post-attentats tendue, ces équipes ont soudain été regardées avec suspicion. En brandissant avec fierté leurs origines, ces joueurs ne mettraient-ils pas à mal la cohésion républicaine ‘ Ne pourraient-ils pas être le terreau de revendications plus radicales ‘

Thierry Braillard, secrétaire d’Etat chargé des sports, avait fait état, en octobre 2015, d’un rapport du service central du renseignement territorial sur une possible dérive radicale de certaines pratiques de clubs amateurs, évoquant notamment des prières dans les vestiaires. Aucune suite n’a été donnée à ce rapport resté au fond d’un tiroir. Et pour cause, la FFF jure, tout comme la FSGT, qu’aucun incident ni fait de prosélytisme ne lui est remonté. « Nous n’avons jamais reçu de courrier d’un élu se plaignant d’un club dit communautaire », relate M. Samsonoff.

Cela n’a pas empêché la droite francilienne d’enfourcher ce nouveau cheval de bataille. La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a ainsi promis durant sa campagne de faire adopter une charte de la laïcité pour lutter contre le prosélytisme religieux dans les vestiaires. Pour le moment, la majorité régionale Les Républicains au conseil régional d’Ile-de-France a seulement voté, en juillet, une délibération sur « la défense des valeurs de la République, du principe de laïcité et (‘) la prévention de la radicalisation »,qui impose aux ligues sportives de nommer des référents en la matière.

Elle prévoit un vote sur cette fameuse charte, condition sine qua non du versement des subventions aux ligues, au premier trimestre 2017.Les instances du football y sont très réticentes. « On observe avec assez d’inquiétude ce projet de charte, comme si on voulait inciter à une forme de délation. On est certes à un moment difficile pour la France mais il faut rester vigilant quant à nos libertés », défend M. Mazouzi, à la FSGT. Même réserve du côté de la FFF, qui a amendé, fin mai, le premier article de ses statuts, interdisant « tout acte de prosélytisme ou man’uvre de propagande ».

« Quand un club s’affilie à notre fédération, il respecte nos statuts et les valeurs du sport. Faire signer un deuxième document spécifique sur la laïcité, ça peut laisser place à une stigmatisation de certaines équipes, et ce n’est pas le moment dans le climat anxiogène que nous connaissons », note M. Matthieu Robert, chef de projet à la LFA. Ajoutant : « Les mélanges, c’est ça le foot aujourd’hui. »

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