Notre-Dame-des-Landes , les opposants à l’aéroport donnent rendez-vous en octobre sur la ZAD

Notre-Dame-des-Landes , les opposants à l'aéroport donnent rendez-vous en octobre sur la ZAD

Le Monde
| 11.07.2016 à 10h55
Mis à jour le
11.07.2016 à 10h58
|

Par Rémi Barroux (Notre-Dame-des-Landes, Loire-Atlantique, envoyé spécial)

Les opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ne désarment pas. A l’issue de deux jours de mobilisation, samedi 9 et dimanche 10 juillet, qui a réuni, selon les organisateurs, quelque 25 000 personnes au lieu-dit Montjean, au sud-est du petit bourg, ils se sont d’ores et déjà donné rendez-vous pour une manifestation nationale sur la zone le week-end des 8 et 9 octobre.

La date n’a pas été choisie au hasard, puisque c’est à cette période que le premier ministre, Manuel Valls, a annoncé vouloir démarrer le chantier du futur aéroport nantais. Autant dire que le résultat de la consultation locale, le 26 juin en Loire-Atlantique, qui a donné 55,17 % de « oui » au projet de transfert de Nantes-Atlantique vers Notre-Dames-des-Landes, n’a pas entamé l’ardeur des occupants de la « zone à défendre » (la ZAD, la zone d’aménagement différé définie en 1974), comme celle des agriculteurs ou des habitants opposants depuis plusieurs décennies.

Cette victoire des partisans du futur aéroport a même redynamisé le mouvement de solidarité, estime la Coordination des opposants au projet d’aéroport regroupant une cinquantaine d’organisations, qui annonce une affluence plus importante que lors des précédents rassemblements estivaux.

« Il faut fabriquer mille lance-pierres et des glaçons de peinture à projeter sur les gendarmes mobiles »

Au-delà de la planification du rendez-vous d’octobre, les zadistes et les occupants historiques ont profité de la présence de milliers de soutiens et de représentants des collectifs Notre-Dame-des-Landes, quelque deux cents dans tout le pays, pour discuter des nouvelles stratégies à mettre en uvre, de la démocratie ou de nouveaux modes de production agricoles. Mais aussi des actions à mener en cas d’intervention des forces de l’ordre.

C’était le thème d’un des innombrables forums qui ont occupé pendant deux jours la petite dizaine de chapiteaux dressés dans une vaste prairie. Plusieurs centaines de personnes ont échangé, samedi en fin de journée, mêlant propositions loufoques « il faut fabriquer mille lance-pierres et des glaçons de peinture à projeter sur les gendarmes mobiles » , à des interventions plus sérieuses sur l’efficacité des différentes stratégies possibles.

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Faut-il appeler dès le début des expulsions à rejoindre la ZAD pour tenter de s’y opposer ou, au contraire, manifester partout en France en ciblant les préfectures et les représentations de Vinci, gestionnaire du futur Aéroport du Grand-Ouest ‘

L’affiche et les tracts, déjà prêts, sont explicites : « En cas de démarrage des travaux ou d’expulsion de la ZAD, mobilisations, occupations, blocages ». Chaque collectif du département et des régions proches a d’ores et déjà son plan de mobilisation et les points de blocage des axes routiers. « Mais comment fera-t-on alors pour rejoindre la zone si tout est bloqué ‘ », s’est interrogé un militant.

Les occupants se préparent à une bataille longue

Nicolu, un des responsables média de la ZAD, plaide pour la conjonction d’actions décentralisées qui mobiliseront les forces de l’ordre un peu partout, le blocage de la région autour de Notre-Dame-des-Landes et une résistance renforcée sur la zone. « Si les gendarmes interviennent, l’opération ne pourra pas se faire en un jour, il faudra alors qu’ils tiennent différents points pendant plusieurs jours, plusieurs semaines, on aura le temps d’organiser la défense et la reconquête », explique-t-il.

C’est à une bataille longue que se préparent les occupants. « C’est une opération risquée pour nous, on peut être blessés, perdre nos maisons, mais l’issue n’est pas non plus certaine pour le gouvernement », ajoute Nicolu.

Un gouvernement au pied du mur, alors que les partisans à l’aéroport comptent eux aussi lui mettre la pression. « Il faut commencer par le défrichage dès l’automne et procéder par une évacuation préalable de la ZAD, comme l’a affirmé M. Valls », insiste Bruno Retailleau, président (Les Républicains) de la région Pays de la Loire.

Dans les buvettes et restaurants du rassemblement, nombreux sont ceux qui n’y croient pas encore. « Valls doit donner des gages sur le fait qu’il ne calera pas, mais ce sont des paroles, évacuer les agriculteurs et la ZAD, c’est autre chose », estime ainsi Julien Durand, un historique de l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport (Acipa).

« Si on est agressé, alors la riposte sera légitime »

D’autant que des recours sont encore en cours d’examen par la justice. L’enquête d’utilité publique sur le schéma de cohérence territoriale, qui doit permettre à la France de répondre aux demandes de la Commission européenne sur l’étude des impacts environnementaux des différents chantiers afférents au futur aéroport, a été reportée à septembre. Autant de délais qui pourraient signifier un démarrage des travaux à la fin de l’année ou au début 2017, à quelques mois de l’élection présidentielle.

Mais les partisans du futur aéroport ne veulent aucun report. Ainsi, Alain Mustière, le président de l’association Des ailes pour l’Ouest, fait-il monter la pression. « D’ici fin septembre, si l’Etat ne tient pas sa promesse d’évacuer la ZAD, nous prendrons des initiatives de terrain pour vider les lieux, nous mobiliserons les habitants », a-t-il déclaré.

La menace fait sourire les zadistes qui évoquent « les troupes imaginaires » de M. Mustière. Il est vrai qu’autour de la ZAD, les villages concernés par l’aéroport ont voté massivement contre le projet. Mais cette stratégie de tension inquiète. « Le moindre incident peut être exploité, la ZAD en est consciente, avance Dominique Fresneau, de l’Acipa. Mais si on est agressé, alors la riposte sera légitime. » D’ici au mois d’octobre, la tension risque de ne pas retomber à Notre-Dame-des-Landes.

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