Monsieur et madame Adelman  , chronique désinvolte de la vie conjugale

 Monsieur et madame Adelman  , chronique désinvolte de la vie conjugale

Le premier film de Nicolas Bedos est gâché par la grandiloquence et les clichés en série.

L’avis du « Monde » – On peut éviter

Après l’enterrement de son mari, la femme d’un écrivain célèbre fait à un journaliste la longue confession de leur vie commune. S’ensuit un long flash back qui ouvre les opérations en 1971, nouant sous le signe de la beuverie d’une nuit la rencontre improbable du jeune dandy pressé d’arriver et de l’étudiante en lettres sérieuse. La chronique conjugale se décline dès lors en mobilisant laborieusement des paquets de clichés, sur les époques traversées (sociologie cosmétique), sur l’art et la manière de faire un film (sorte de « digest » mal assimilé), sur la voix off (« J’ai adoré cette décennie »), sur l’humour juif (parlé avec l’accent allemand), in fine sur le couple lui-même (dépourvu de la moindre vérité).

Sans doute, le thème de l’imposture, qui court tout au long du film, est-il le fil qui aurait pu mener le fils de Guy Bedos à une authentique mise en danger de lui-même. Mais l’occasion est gâchée par la grandiloquence et le mauvais théâtre qui animent ce type de cinéma. C’est d’ailleurs après le théâtre, la télévision et la presse que Nicolas Bedos s’essaie, assez logiquement tant cet art aimable et populaire semble à la portée de tous, au cinéma. Funeste erreur, évidemment, favorisée par la recherche du « coup » commercial régulièrement tenté dans la filière avec tout ce que le gotha compte de célébrités et de people.

Ratage spectaculaire

Cette désinvolture nous vaut cette fois non pas tant la déclinaison de la persona de l’auteur (en gros le fils de son père, mais en plus énervé), mais un film au sujet ambitieux, avec des rôles de composition interprétés par le réalisateur lui-même et sa compagne Dora Tillier, grand récit mené sur la longueur (45 ans !) de la vie d’un couple traversant non sans encombres les époques et les épreuves jusqu’à nos jours. Le ratage est d’autant plus spectaculaire, et l’on ne peut s’empêcher de penser qu’un projet un peu plus modeste lui aurait évité cet écueil.

Nonobstant l’ambition qui a persuadé le réalisateur d’avoir les épaules pour mener une telle opération dans un art complexe où il est novice, nonobstant la litanie de références ronflantes et la palette d’artifices narratifs (du flash back au twist) tendant à prouver qu’on sait ici de quoi il retourne, Monsieur et Madame Adelman n’est pas davantage le film d’un émule de Woody Allen ou d’Ingmar Bergman que la tentative angoissée d’un amateur de « faire cinéma » plutôt que de tirer…

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