Mondial 2014 , un géant du BTP a participé à un cartel pour truquer des appels d’offres

Mondial 2014 , un géant du BTP a participé à un cartel pour truquer des appels d'offres

Les marchés d’attribution des travaux d’« au moins cinq stades » de la Coupe du monde au Brésil ont été manipulés, selon l’organe anti-monopole brésilien.

Un géant du BTP brésilien, Andrade Guttieriez, a reconnu avoir participé à un cartel pour truquer les appels d’offres sur la construction ou rénovation de plusieurs structures accueillant les matchs du Mondial 2014 de football, a annoncé lundi 5 décembre l’organe anti-monopole brésilien.

« Il existe des indices selon lesquels les marchés d’attribution des travaux d’au moins cinq stades ont été manipulés », a détaillé le Conseil administratif de défense économique (Cade), avec qui M. Guttierez a signé un « accord de clémence » par lequel l’entreprise s’engage à collaborer activement à l’enquête.

Le mythique stade Maracana de Rio de Janeiro, rénové à grands frais et l’Arena Pernambuco de Recife figurent parmi les enceintes concernées. L’ardoise finale de la rénovation totale du Maracana, le temple du football brésilien, s’était élevée à 600 millions de dollars, soit le double du budget initial.

Des factures payées par les contribuables

Les Brésiliens avaient massivement manifesté en juin 2013, en pleine Coupe des confédérations, contre la facture publique exorbitante des stades du Mondial, la corruption de leurs élites et l’indigence des services publics de santé, éducation et transports.

Lors de l’attribution de l’édition 2014 de la Coupe du monde au Brésil par la Fédération internationale de football (Fifa), l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva avait promis à la population que les structures seraient financées à 100 % par de l’argent privé. Mais faute d’engouement des investisseurs, les pouvoirs publics avaient finalement assumé l’intégralité de la facture, aux frais des contribuables.

Les indices de trucage des appels d’offres pour la construction ou rénovation de ces stades sont apparus au détour de la tentaculaire enquête « Lava Jato », portant sur les détournements de fonds autour du géant pétrolier public Petrobras, qui éclabousse de plein fouet la classe politique brésilienne et les plus grands groupes de construction du pays.

Selon les informations fournies par Andrade Guttierez, le cartel formé pour surfacturer les marchés des stades du Mondial intégrait notamment les groupes de BTP brésiliens Odebrecht, Camargo Correa, Queiroz Galvao et OAS, tous impliqués au premier plan dans l’énorme scandale de corruption Petrobras. Selon les enquêteurs de ce dossier tentaculaire, ces entreprises avaient également formé un cartel illicite pour se répartir les juteux contrats du sous-traitence du groupe pétrolier étatique.

Versements de commissions occultes et pots-de-vins

L’intégralité des marchés étaient surfacturés avec la complicité de directeurs de Petrobras nommés sur indications de partis politiques de l’ancienne coalition au pouvoir, dont le Parti des travailleurs de l’ex-président Lula, et le PMDB de l’actuel président Michel Temer, moyennant des versements de commissions occultes et pots-de-vins.

L’organisme anti-monopole souligne qu’à l’issue de son enquête, il prononcera un jugement final pouvant donner lieu à la condamnation des entreprises impliqués à des amendes pouvant atteindre jusqu’à 20 % de leur chiffre d’affaire brut. Le Cade se réserve également le droit de condamner des personnes physiques à des amendes comprises entre 50 000 et 2 milliards de réais (13 500 à 542 millions d’euros).

Les responsables d’Andrade Guttierez signataires de l’accord de clémence avec le Cade, ont assuré que des manoeuvres anti-concurrentielles avaient également eu lieu concernant le stade Mineraõ de Belo Horizonte. Mais ils ont ajouté que ces pratiques n’avaient pas abouti, les entreprises impliquées ayant finalement désisté de concourir à l’appel d’offres à la suite d’une modification légale des règles des partenariat public-privé.

Andrade Guttierez a revanche reconnu avoir participé aux trucages des appels d’offres lancés pour deux autres stades du Mondial, dont les noms sont maintenus secrets pour les besoins de l’enquête judiciaire actuellement menée par le parquet. Le groupe de BTP brésilien a enfin assuré que les marchés des travaux des stades Arena Castelão de Fortaleza (nord-est), Arena das Dunas de Natal (nord) et Arena Fonte Nova, de Salvador de Bahia (nord-est), avaient également été entachés d’irrégularités auxquelles il n’avait pas lui-même participé.

Les activités frauduleuses de ce cartel se sont étalées entre 2007 et 2011, selon le Cade.

Leave A Reply