Michaël Pellegrini 28 ans #EnMémoireNice

Michaël Pellegrini 28 ans #EnMémoireNice

La page d’hommages à Michaël Pellegrini, mort dans l’attentat de Nice, professeur d’économie originaire d’Herserange (Meurthe-et-Moselle), compte aujourd’hui plus de mille membres sur Facebook. Inondés de témoignages, sa s’ur Cindy, son demi-frère Sacha et son père, Patrice, n’imaginaient pas qu’à 28 ans, Michaël était connu et apprécié par tant de monde.

En septembre 2015, à sa première rentrée en tant que professeur au lycée privé des Récollets à Longwy, Michaël Pellegrini, jeune barbu rieur, s’était assis au milieu de ses élèves, parmi lesquels Sacha, 17 ans, élève de première. Le courant était tout de suite passé. Usant de leurs expressions pour illustrer l’économie, « il reprenait différemment ses explications dix fois, avec des exemples de notre quotidien, jusqu’à ce que tous comprennent, sans nous dévaloriser, en nous respectant, et réciproquement », affirment-ils en ch’ur. « Je n’allais pas à ses cours en traînant, j’y courais ! », s’exclame Maryne Damato. « Il a réussi à me faire vraiment aimer l’économie, et ce n’était pas gagné », ajoute Pauline Trombini.

Sur les trente-deux élèves de sa terminale ES, vingt-neuf ont eu le bac. L’un d’eux, hospitalisé trois semaines en mai, a eu droit à l’envoi quotidien de ses cours et à une visioconférence. « Beaucoup lui doivent leur diplôme ou leur mention tant il nous a poussés », assure Emma Ponsardin. « Investi, disponible et juste », résume Martin Jacquet. Juste : zéro et trois heures de colle pour les rares tricheurs ou copieurs. Disponible : pendant leurs révisions avant le bac, il a répondu à leurs questions sur les réseaux sociaux et a consacré ses mercredis aux volontaires.

Diplômé notamment d’un master en finance et audit, il avait travaillé dans une banque au Luxembourg, pays frontalier, avant de préférer enseigner. Au lycée, son premier poste à temps plein après des remplacements, il voulait instaurer un BTS en finances et des cours de luxembourgeois, témoignent ses collègues.

Pour ses proches, il était tout aussi disponible. « Très serviable et attentionné », dit sa s’ur Cindy, de six ans son aînée. « Depuis le divorce de nos parents, quand nous étions jeunes, nous nous sommes littéralement soudés », confie-t-elle. A Herserange, Michaël habitait près de ses grands-parents (au nombre des six victimes de la famille à Nice, avec sa mère, Véronique). Bien que sujet au mal de mer, il avait passé le permis bateau pour promener son grand-père au large de la maison familiale de Fréjus. Il y avait passé quelques jours avant le rendez-vous au feu d’artifice.

En juin, ses élèves de terminale lui avaient offert un maillot des Bleus à son nom pour le remercier de son implication. Ils le savaient amateur de football et « attaché à son pays », dont il avait, disent-ils, défendu les libertés lors de leurs nombreux débats en classe. Après les attentats du 13 novembre, la minute de silence avait eu lieu dans son cours. Un groupe de ses élèves avait entonné La Marseillaise. Il en avait été ému aux larmes.

Martine Jacot

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