L’ultime hommage de François Hollande au dialogue social

L'ultime hommage de François Hollande au dialogue social

Pour ses derniers voeux aux acteurs de l’économie et de l’emploi, mardi 10 janvier, François Hollande a dressé un « bilan contrasté » du dialogue social. S’exprimant à l’Elysée, et non comme il l’a fait plusieurs fois au Conseil économique, social et environnemental, le président de la République a commencé son discours par un hommage à François Chérèque, l’ancien secrétaire général de la CFDT, décédé le 2 janvier, qui avait fait « du compromis, sa méthode ». Devant les principaux partenaires sociaux Philippe Martinez (CGT), Laurent Berger (CFDT), Jean-Claude Mailly (FO), Philippe Louis (CFTC), Pierre Gattaz (Medef) -, il a mis en avant la baisse du chômage et la progression du pouvoir d’achat (+2% en 2016), en concédant qu« ‘il a fallu du temps » pour arriver à ces résultats. Il a regretté au passage que les négociations de branches sur le pacte de responsabilité n’aient pas « été à la hauteur des engagements » pris par le patronat.

François Hollande a défendu ses « réformes structurelles » qui ont « conjugué compétitivité économique et progrès social », y compris la loi travail, « la plus controversée » qui « a fait l’objet de fortes contestations », qu’il a présentée comme « équilibrée » afin de favoriser le « choix de la négociation collective« . Il a surtout salué l’instauration du compte personnel d’activité (CPA), « une réforme majeure, peut-être la plus importante du quinquennat ». Il a sur ce point récusé la formule de « sécurité sociale professionnelle« , utilisée par la CGT : « Il ne faut pas confondre les expressions. Il y a la sécurité sociale qui garantit l’assurance maladie, le droit à la retraite, le versement de prestations. Et il y a le parcours professionnel qui, lui, doit être sécurisé. C’est une chance pour le salarié, un atout pour l’entreprise ».

Le président de la République a consacré un long développement à la place du dialogue social. Tout en relevant qu’il y avait eu annuellement  « 30 000 accords collectifs de branches et d’entreprises », il a concédé qu’« au plan national, l’élan contractuel a perdu de sa vigueur« . « La négociation interprofessionnelle, a-t-il plaidé, permet de pouvoir organiser le droit et l’économie à l’échelle du pays« . « Cet enjeu, a-t-il poursuivi, nous le retrouvons avec l’assurance chômage ». Défendant le paritarisme qui « doit être prolongé parce que c’est l’avenir« , il a observé, faisant notamment allusion à Emmanuel Macron qui souhaite que l’Etat reprenne en mains la gestion de l’assurance chômage, que « d’autres modèles sont possibles. Il y a l’étatisation, je n’ose pas dire la nationalisation« . Appelant à la reprise des négociations, il dénoncé le « paradoxe » qui consiste « à se plaindre d’un excès de régulation étatique et en même temps d’appeler à l’intervention de l’Etat dès lors qu’on ne veut plus maintenir le paritarisme ».

Le chef de l’Etat est aussi revenu sur la relation entre la loi et le contrat: « Certains estiment que seule la loi protège. D’autres dénient au législateur toute intervention« . Visant clairement les propositions de François Fillon qui veut agir par ordonnances, il a affirmé : « Je ne comprends pas que des voix puissent réclamer de mettre un terme au dialogue social pour que l’Etat puisse intervenir plus vite, parce qu’il y aurait la nécessité de prendre par surprise l’opinion publique de crainte qu’elle ne se réveille. Je crois que ce risque est plus élevé que de faire confiance aux partenaires sociaux puis au législateur. Le risque c’est le blocage (‘), que face à la brutalité il y ait une autre brutalité. C’est aussi que les réformes que l’on pense audacieuses puissent être remises en cause par l’alternance. Je sais qu’il y a encore beaucoup à faire pour convaincre, les uns parce qu’ils pensent que le pouvoir politique peut les protéger ou les servir, d’autres parce qu’ils pensent qu’il n’est plus temps de perdre son temps dans des discussions inutiles. Un pays a besoin de continuité et de durée ».

Faisant l’éloge de la croissance et de la compétitivité, qui « n’est pas sans lien avec la performance sociale« , il a martelé qu’ »il n’y a pas de réforme durable sans un dialogue social assumé ». Dénonçant « l’extrémisme » et visant de nouveau le programme du candidat des Républicains, il a invité les acteurs de l’économie et de l’emploi à « refuser la fragmentation de notre modèle social« . Des voeux qui sonnaient comme une oraison testamentaire.

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