Loubna Lafquiri 34 ans #EnMémoireBruxelles

Loubna Lafquiri 34 ans #EnMémoireBruxelles

Loubna Lafquiri  » Une jeune femme avec un sourire immense, ravageur, qu’on sentait débordante d’énergie. On l’avait rencontrée en mars 2015, lors d’un reportage au c’ur de l’école islamique Al Ghazali à Etterbeek, où elle enseignait depuis dix ans. Elle avait récemment repris le travail après la naissance de son petit dernier ‘ « mon troisième garçon », riait-elle fièrement.

Les cheveux longs retenus en queue-de-cheval, elle semblait repousser les murs pour agrandir la minuscule salle de gym qu’elle désertait souvent pour emmener les élèves au hall omnisports, à la piscine, à la patinoire. Autant d’activités que les enfants ne faisaient pas forcément avec leurs parents.

Engagée dans sa communauté, croyante et pratiquante, sans porter le voile, Loubna bousculait les stéréotypes sur l’islam et les femmes. Une femme moderne, dynamique, ouverte aux autres. Sans doute pas assez musulmane pour les barbares de Daesh.

« Elle avait le don d’apaiser les conflits, de remettre les gens ensemble. Elle a beaucoup bougé pour mettre sur pied des groupes informels d’enfants et de mamans qu’elle incitait à s’émanciper par le sport. Pour être bien dans ses baskets et dans son foulard », témoigne Gregory Manuel Ramis, directeur de l’école Al-Ghazali. Adieu le cliché de la famille musulmane cloîtrée à la maison.

La Grande Mosquée de Bruxelles n’était pas assez grande, vendredi 1er avril, pour accueillir les 2’000 à 2′ 500 personnes venues rendre un dernier hommage à la Molenbeekoise tuée dans l’attentat du métro Maelbeek. Plus de 500 croyants ont été obligés de prier dans le parc, faute de place à l’intérieur. Le corps de la victime a ensuite été rapatrié le lendemain au Maroc. Ses obsèques se sont déroulées le 3 avril à Salé, ville dont sa famille était originaire.

Loubna Lafquiri laisse derrière elle trois enfants de 10 ans, 7 ans et pas encore 2 ans. « Elle m’a laissé trois trésors. A moi maintenant de me battre et de rester debout, malgré tout », disait Mohamed El Bachiri, son époux, à l’issue de l’hommage à la grande Mosquée. Invité par Channel 4 News à décrire sa femme, il ajoutait’ : « C’était une joie de vivre exceptionnelle. C’était le bien. Le bien tout simplement ». Envahi par le chagrin, l’homme disait pourtant n’éprouver aucune haine envers « des personnes apparemment dépourvues d’humanité ».

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Le Mémorial aux victimes des attentats de Bruxelles

Annick Hovine (La Libre Belgique)

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