Lomme, près de deux mille personnes ont rendu un hommage émouvant à Bilel Boufarnana (VIDÉO)

Il a plu quelques gouttes pendant deux ou trois minutes. Un peu comme si des larmes de chagrin étaient tombées du ciel pour accompagner celles de la foule rassemblée au 171 de la rue de l’Égalité. C’est à cet endroit précis que Bilel a trouvé la mort, dans la nuit de samedi à dimanche, un peu après minuit, après avoir été renversé par une voiture conduite par un jeune du quartier qui ne s’est pas arrêté. Arrivées à pied par petits groupes silencieux, presque deux mille personnes étaient là. Monique Foufarnana, la maman de Bilel, déjà affectée il y a 18 mois par le décès de Mohamed, le papa, soutenue par ses six enfants, était en tête de cortège, derrière les banderoles d’hommage à son fils. Derrière, se massaient des gens de toutes conditions, de toutes couleurs et de toutes religions, des jeunes, des vieux. Bilel était apprécié, c’est sûr’

La grande famille des Boufarnana

Il y avait, bien sûr, les tantes, oncles, cousins et cousines de Bilel. «
Les Boufarnana sont très nombreux et très connus à Lomme, rappelle Saadia, une de ses tante. Une présence à Lomme qui a commencé en 1961 avec l’arrivée de Lahcen et de Fatima, les grands-parents de Bilel, depuis leur région de Salé, près de Rabat, au Maroc
». Bilel était un des membres de cette grande famille honorablement connue : «
Mon père a donné une bonne éducation respectueuse et laïque à ses huit enfants. Ces valeurs se sont transmises aux 28 petits-enfants et aux cinq arrière-petits-enfants. Les Boufarnana n’ont jamais fait parler d’eux autrement qu’en bien
», précise-t-elle.

Au moment où presque tout le monde est rassemblé, Amine, le cousin qui a ouvert la page Facebook et organisé l’hommage, prit la parole pour dire combien Bilel était «
un garçon gentil, serviable et attachant
». Il rappela rapidement les circonstances dans lesquelles Bilel a trouvé la mort avant d’inviter la foule : «
finissons sa route ensemble
». Cette nuit-là, il ne restait à Bilel que quelques centaines de mètres à parcourir avant de rentrer chez lui, après le match de foot qu’il avait regardé à la télé chez un copain d’Haubourdin.

Myriam, une voisine et amie de la famille, dit aussi quelques mots, au nom de toute la population : «
Nous sommes bouleversés par ce drame, soyez assurés, Monique et toute la famille, de notre indéfectible amitié
».

Centaines de roses

Le cortège se mit en route dans un silence et une solennité impressionnante : au passage devant une belle plaque en bois sculptée marquée du nom de Bilel et de la croix et du croissant de l’Islam, de nombreux participants ont déposé la rose blanche qu’ils avaient apportée. Quelques minutes plus tard, des centaines de fleurs recouvraient le trottoir.

Un peu plus loin, sous les yeux du maire, Roger Vicot, venu lui aussi en compagnie de plusieurs autres élus lommois, trois cousins fixèrent une affichette d’hommage à Bilel sur le poteau du radar pédagogique de la rue de l’Égalité. Histoire de rappeler que la vitesse, souvent excessive dans cette rue (on y a relevé 161 km/h alors qu’on est près d’une école) n’est sans doute pas étrangère à la mort de Bilel.

Peu après qu’un travailleur de l’ESAT Malécot de Lille, cria spontanément et de façon très émouvante, la douleur d’avoir perdu son «
copain si gentil avec lui
», la foule s’est enfin arrêtée devant le domicile familial, au 14 de la rue Auguste-Lamy. «
Je ne vous remercierai jamais assez !
» dit d’une voix faible Monique Boufarnana, relayée par son neveu Amine, à l’adresse de la foule qui venait de rendre un hommage tellement émouvant à son fils. Des ballons blancs par dizaines, accompagnés d’applaudissements, se sont alors envolés dans le ciel, vers un soleil radieux.