Loi travail , les syndicats ne veulent pas du  rassemblement statique  recommandé par la préfecture

La CGT et FO ont réaffirmé, lundi 20 juin, leur volonté de pouvoir défiler jeudi 23 juin contre le projet de « loi travail », en réponse à la proposition de la préfecture de police de Paris, qui recommandait plutôt la tenue d’un « rassemblement statique ».

La préfecture avait fait savoir au Monde que cette option était privilégiée, après que le gouvernement a menacé d’interdire les défilés des 23 et 28 juin en raison des violences en marge de celui du 14. Pour l’heure, elle ne s’est pas prononcée sur une possible interdiction face au maintien de la demande des syndicats de défiler.

Avant que ceux-ci aient donné leur réponse, la préfecture avait dit au Monde : « On en est à demander un rassemblement statique, pour le moment. Les organisateurs en sont avisés, et il va y avoir des contacts entre eux et la préfecture de police. La suite dépend de ces contacts. »

Une demande officielle avait été déposée jeudi soir par sept organisations syndicales (CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, FIDL, UNL) pour manifester à Paris entre Bastille et Nation jeudi à partir de 14 heures avait dit plus tôt à l’AFP Pascal Joly, secrétaire général de l’Union régionale Ile-de-France CGT, ajoutant avoir « pris la précaution de faire un parcours court ». « Nous sommes en train de contacter les six [autres] organisations qui composent l’intersyndicale régionale pour une réponse unitaire », a-t-il réagi à l’annonce de la préfecture.

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Menace d’une interdiction de manifester

Une interdiction de manifester à Paris contre le projet de loi « visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs » n’est « pas du tout souhaitable », a dit Laurent Berger, le numéro un de la CFDT, qui n’a « pas tellement envie qu’on victimise la CGT ».

Après le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, son homologue de Force ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, avait maintenu, lundi dans les colonnes du Parisien, son appel à manifester les 23 et 28 juin contre le projet de loi.

François Hollande a averti qu’il n’y aurait plus d’autorisation de manifester si la préservation des « biens et des personnes » ne pouvait être « garantie ». Dimanche, Manuel Valls avait, lui, réitéré dans Le Journal du dimanche ses mises en garde aux syndicats. Compte tenu du climat actuel de violence, des incidents qui ont marqué les derniers cortèges et du déroulement de l’Euro de football, les organisateurs de ces manifestations « devraient annuler eux-mêmes ces rassemblements », a notamment déclaré le premier ministre, brandissant de nouveau la menace d’une interdiction.

Pas de délai pour interdire la manifestation

La liberté de manifester reste soumise à un encadrement précis, notamment à une autorisation préalable dont les conditions sont détaillées dans le décret-loi du 23 octobre 1935 : une déclaration doit être faite en mairie (ou à la préfecture de police à Paris) « trois jours francs au moins et quinze jours francs au plus » avant la date de manifestation ; elle est signée par au moins trois organisateurs domiciliés dans le département ; le but de la manifestation, la date, l’heure et, le cas échéant, l’itinéraire doivent être précisés.

Toutefois, précise l’article 3, « si l’autorité investie des pouvoirs de police estime que la manifestation projetée est de nature à troubler l’ordre public, elle l’interdit par un arrêté qu’elle notifie immédiatement aux signataires de la déclaration au domicile élu ». Techniquement, la préfecture de police ne dispose d’aucun délai pour interdire la manifestation.

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Valls « se comporte en pyromane »

Pour Jean-Claude Mailly, « le bon sens » voudrait que le gouvernement examine les propositions de la CGT et de FO. Il ajoute :

« Voici ce qui, selon moi, permettrait une sortie par le haut et sonnerait l’arrêt des mobilisations [‘]. A chaque fois que le premier ministre intervient, prend la parole dans les médias, il se comporte en pyromane au lieu d’apaiser la situation. »