Loi travail , les opposants manifestent et le Sénat vote

Loi travail , les opposants manifestent et le Sénat vote

Des résultats partiels de la votation citoyenne contre la loi travail, portant sur plus de 700 000 votants, ont été remis dans la matinée à l’Elysée. Quelque 92% ont voté pour le retrait, 8% pour le maintien, selon l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU-Unef-UNL-Fidl, qui espère infléchir la position de François Hollande avec cette consultation

La semaine dernière, François Hollande a répété qu’il irait «jusqu’au bout» du projet, «parce que c’est essentiel de pouvoir permettre aux entreprises de pouvoir embaucher davantage, permettre que nous ayons davantage de formation pour ceux qui sont les plus éloignés de l’emploi, davantage d’embauches avec des contrats à durée indéterminée, et davantage pour ce que nous pouvons faire en matière d’insertion».

Manuel Valls, qui a cristallisé les critiques pour son attitude inflexible, a fait un pas lundi en acceptant de recevoir mercredi et jeudi les organisations syndicales et patronales pour «faire le point» sur la loi travail. Pas question pour autant d’ouvrir des «négociations» sur le texte. «Même quand on n’est pas d’accord, c’est utile de se parler», a-t-on souligné à Matignon.

Mais pour Jean-Claude Mailly (FO), ce sera «un coup pour rien» si le gouvernement ne veut «rien changer». Une telle attitude serait de la «provocation» de la part du Premier ministre. Le leader de FO a redit que le «point clé» de la contestation restait l’article 2 qui instaure la primauté de l’accord d’entreprise sur l’accord de branche en matière de temps de travail.

Le gouvernement a toujours dit qu’il ne reviendrait pas dessus. Cette fermeté est d’ailleurs approuvée par Laurent Berger, leader de la CFDT. Selon lui, un recul du gouvernement serait une «profonde erreur» et la CFDT, principal soutien du projet, serait alors «en travers de la route».

Le Premier ministre, accompagné de la ministre du Travail, Myriam El Khomri, recevra la CGT, la CFDT, FO et la CFTC mercredi après-midi, le Medef, la CGPME, l’UPA et la CFE-CGC jeudi après-midi. Les dernières rencontres bilatérales entre Matignon et les partenaires sociaux remontent à début mars. Le 28 mai, Manuel Valls avait appelé chacun des leaders syndicaux.

2 500 policiers à Paris

Lancée il y a quatre mois, la mobilisation contre la loi travail continue de faire affluer des mécontents qui y voient un risque de précarisation accrue pour les salariés. La précédente manifestation, le 23 juin, avait réuni, dans toute la France, 70 000 personnes selon la police, 200 000 selon les organisations.

La journée a commencé avec une multitude d’actions «coups de poing» de militants CGT dans les Hauts-de-France, comme des opérations «péage gratuit» et des blocages d’entreprises et d’accès aux autoroutes. A Paris, la Tour Eiffel a été fermée au public pour toute la journée.

A Paris, la 11e manifestation unitaire depuis le début du mouvement partira de Bastille à 14H, direction place d’Italie. Rien à voir avec la courte boucle près de Bastille le 23 juin, imposée par le gouvernement, après les violences du 14 juin. Pour éviter tout débordement, la préfecture de police a mobilisé 2 500 policiers.

Des contrôles systématiques de manifestants sont prévus alors que le climat autour de ce texte s’est durci, avec des actes de vandalisme visant les sièges de la CGT, de la CFDT et des permanences PS.

Version libérale votée à 18h au Sénat

Pendant ce temps, le texte poursuit son parcours au Parlement. Il sera voté à 18H au Sénat, à majorité de droite, dans une version libérale. Le verrou des 35 heures a sauté, la généralisation de la garantie jeunes a été supprimée, le compte personnel d’activité a été partiellement vidé et le plafonnement des indemnités prudhommales (à 15 mois de salaires) rétabli.

Cette version devrait être détricotée par les députés lors d’une nouvelle lecture à partir du 5 juillet, pendant laquelle le gouvernement n’exclut pas de recourir à l’article 49-3 pour faire adopter sa version sans vote. Si tel était le cas, 73% des Français seraient «choqués», selon un sondage Odoxa.

D’ores et déjà, les syndicats ont prévenu qu’ils poursuivraient en juillet, voire en septembre, leur mobilisation si le gouvernement ne bouge pas.

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