Ligue des champions , Madrid capitale du football européen

Ligue des champions , Madrid capitale du football européen

Gregorio Ramos, « Goyo » pour les amis, a acheté 12 kg de jamón, lomo et chorizo et plusieurs caisses de bière. A Valdemoro, une ville populaire de la banlieue de Madrid, ce socio de l’Atlético de Madrid depuis trente-trois ans s’affaire pour tout préparer avant le grand voyage. Avec 52 membres de sa peña, l’une de ces traditionnelles associations de supporters qui pullulent en Espagne, il va parcourir les 1 600 km qui le séparent de Milan, en bus, pour assister à la finale de la ligue des Champions qui oppose samedi 28 mai les Rojiblancos au Real Madrid, les frères ennemis de la capitale espagnole. Une finale européenne, certes, mais qui aura la saveur et l’intensité d’un derby.

Départ dans la nuit, retour tout de suite après le match : le voyage s’annonce épuisant, mais pas question de manquer cet événement « historique ». « L’Europe nous doit une coupe, s’exclame cet inspecteur technique ferroviaire de 54 ans qui se réunit toutes les semaines avec d’autres aficionados pour partager sa passion. Les deux que nous avons perdues sont si injustes, ce sont des défaites si amères, que celle-là doit nous revenir. »

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Le mystère Zidane

L’Atlético associé aux quartiers populaires de Madrid

L’effervescence est à son comble dans les 742 peñas que compte l’Atlético, dont 39 à l’étranger. L’enjeu est de taille : il s’agit de prendre sa revanche sur le Real qu’ils affrontaient déjà au même stade de la compétition en 2014.

Ce jour-là, à Lisbonne, l’Atlético a touché la « coupe aux grandes oreilles » du bout des doigts. A la 90e minute, il menait 1-0 sur le Real. Mais deux minutes avant la fin du temps additionnel, le défenseur Sergio Ramos marque le but de l’égalisation. Durant les prolongations, les Merengues y ajoutent trois autres buts’ Les Rojiblancos croient alors vivre un cauchemar. Ou plutôt en revivre un. Celui de 1974 à Bruxelles, lors de leur première et jusqu’alors unique participation à une finale de C1. Après avoir ouvert le score durant les prolongations, l’Atlético avait encaissé le but d’égalisation du Bayern de Munich, 20 secondes avant le coup de sifflet final. A l’époque, il n’y a pas de tirs au but. Lors du match rejoué deux jours plus tard, l’Atléti est balayé 4-0.

De ce jour noir dans l’histoire du club lui vient le surnom de Pupas, les « bobos », les petites blessures. Et une réputation : celle d’un club de la souffrance, des larmes, des défaites sur le fil. Ses supporters, les « meilleurs du monde », disent-ils, ne se résignent pas, ils le soutiennent vaille que vaille, ne sifflent jamais les joueurs.

Des durs au mal ces Colchoneros (« matelassiers », du nom de la couleur des couvre-lits typiques rouges et blancs comme leur maillot), associés aux quartiers populaires de Madrid, comme ceux qui entourent leur stade Vicente Calderon. Aux antipodes de ceux, très chics, qui bordent le Santiago Bernabeu du Real Madrid.

Une onzième Ligue des champions pour le Real ‘

Il faut dire que la « Maison blanche » est synonyme de pouvoir, de stars millionnaires, d’enchaînement des titres’ Samedi, il entend bien décrocher la 11e ligue des Champions de son histoire. Dans ses 2 300 peñas, dont plus d’une centaine à l’étranger, malgré la menace que représentent les hommes du charismatique Argentin Diego Simeone, les supporters du Real se veulent confiants, sûrs de leur supériorité. Il faut dire que les pires ennemis du club restent les Catalans du FC Barcelone. Et jusqu’à la finale de 2014, l’Atlético était davantage l’objet de railleries que de craintes.

Mais beaucoup de choses ont changé depuis la finale de Lisbonne. Le budget de l’Atlético a doublé entre 2013 et 2016, passant de 120 à 240 millions d’euros, même s’il reste encore loin des 581 millions du Real Madrid. Il a de nouveaux joueurs, comme Fernando Torres, Saul Ñigez ou Jan Oblak. Et en début d’année, le milliardaire chinois Wang Jianlin a même acheté 20 % de l’Atlético pour 45 millions d’euros.

Le Real aussi a changé. C’est aujourd’hui Zinédine Zidane qui pilote les joueurs depuis le début de l’année. Et pas question de flancher face à la deuxième équipe de la capitale espagnole.

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