L’héritage très critiquable des frappes de drones d’Obama

L'héritage très critiquable des frappes de drones d'Obama

Un homme passe devant un graffiti, dénonçant les frappes des drones américains au Yémen, peint sur un mur à Sanaa, le 13 novembre, 2014. REUTERS/Khaled Abdullah.

Il existe depuis longtemps des interrogations politiques, constitutionnelles et morales au sujet du programme de drones de l’administration Obama – interrogations sur lesquelles il a longtemps été difficile de répondre en raison du refus de l’administration Obama même de reconnaître l’existence du programme… jusqu’en 2013. Mais la présidence d’Obama arrivant à son terme, de nombreux détails ont été révélés par différents travaux et documents qui ont fuité sur la façon dont ce programme fonctionne.

Or, pour le Washington Post, ce programme montre une faillite complète. Bien que les drones peuvent être efficaces pour tuer des gens (même si ce ne sont pas toujours les cibles visées), on ne sait pas s’ils sont un outil efficace dans la guerre contre le terrorisme.

La politique d’Obama vis-à-vis des drones a conduit à une préférence pour tuer plutôt que capturer des terroristes. Les documents qui ont été révélés sur ce programme de frappes comprennent notamment une étude des services de renseignements américains qui a conclu que « les opérations d’éliminations réduisent de manière significative les renseignements disponibles que l’on peut tirer des détenus et des matériels capturés. » Et comme le général à la retraite Michael Flynn, ancien chef de la Defense Intelligence Agency, l’a déclaré l’année dernière, « lorsque vous larguez une bombe depuis un drone. . . vous provoquerez plus de dégâts que de bien », y compris (vous créerez) des terroristes plus radicalisés.

Ensuite, il y a les questions juridiques et constitutionnelles. Les documents divulgués montrent la facilité déconcertante avec laquelle un civil innocent – américain ou non – peut être ajouté à la principale base de données du gouvernement des Etats-Unis sur les terroristes. Dans un jugement au tribunal en 2014, le gouvernement américain a admis que 469 000 personnes avaient été désignées en 2013 pour être incluses dans une base de données gouvernementale supplémentaire comme « terroristes connus ou présumés. » Mais que seulement 4 900 ont été rejetées de cette dite base …

En outre, il est clair, à partir des documents dévoilés, que la Maison Blanche a surestimé la prudence avec laquelle elle mène ses frappes de drones. En mai 2013, M. Obama a déclaré que les frappes seraient effectuées seulement contre ceux qui représentent une « menace permanente et imminente pour le peuple américain » et seulement s’il y avait des « quasi-certitude » qu’il n’y aurait pas de victimes civiles. Mais les documents montrent que, lorsque le président Obama approuve une frappe contre un individu, le Pentagone et la CIA (qui mènent les frappes) ont une fenêtre de tir de 60 jours pour agir. Or 60 jours ne correspondent pas à une définition d’une menace « imminente ». Et une étude du département de la défense montre que la norme pour les frappes de drones n’est en réalité pas « l’absence de victimes civiles », mais seulement qu’elle doit être un « faible » niveau de dommages collatéraux !

Près de huit ans après, la décision d’Obama d’étendre la guerre des drones, initiée par le président George W. Bush, a conduit à la mort de centaines de civils, selon le Bureau of Investigative Journalism, une expansion inquiétante du pouvoir présidentiel et un préjudice pour la capacité du pays à lutter contre le terrorisme.

Le pire est que ce programme sera probablement élargi par le successeur d’Obama, conclut le grand quotidien américain, quel qu’il soit. Ainsi la candidate démocrate, Hillary Clinton, a vigoureusement défendu le programme de drones quand elle était secrétaire d’Etat, et aussi pendant sa campagne. Compte tenu de son bellicisme et sa fermeté par rapport à Obama, il semble donc probable que le programme se développera encore si elle est élue. Avec les conséquences les plus nuisibles…

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