L’Europe peine à prendre l’accent social

L'Europe peine à prendre l'accent social

La Commission européenne organise un sommet tripartite avec syndicats et patronat européens. Une réunion qui s’inscrit dans sa volonté de s’emparer des sujets sociaux.

Le Monde
| 07.03.2017 à 14h48
Mis à jour le
08.03.2017 à 08h54
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Par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)

Mercredi 22 février. C’est l’affluence des grands jours dans la salle de presse du Berlaymont, le siège de la Commission européenne à Bruxelles. Le vice-président chargé de l’euro et du dialogue social, le Letton Valdis Dombrovskis, et le commissaire aux affaires économiques, le Français Pierre Moscovici, présentent les conclusions du « semestre européen », une radiographie minutieuse des faiblesses économiques des 28 membres de l’Union européenne. Au menu : compétitivité, déficits publics, réformes structurelles’

A la tribune, la commissaire aux questions sociales, Marianne Thyssen, s’est fait une petite place. « Je suis là pour rendre le semestre plus social », ose-t-elle. Une seule question dans la salle pour l’ex-présidente du Parti chrétien-démocrate flamand : une journaliste portugaise lui demande ce qu’elle pense de la hausse du salaire minimum décidée par le gouvernement de gauche d’Antonio Costa à Lisbonne. « Cela va aider à résorber le phénomène des travailleurs pauvres, c’est une bonne chose », répond Mme Thyssen.

Dialogue de sourds

Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, l’avait promis en octobre 2014, juste avant sa prise de fonction : « Je voudrais que l’Europe ait le triple A’ social, il est aussi important que le triple A’ économique et financier. » Après des années de crise ayant creusé les inégalités et accentué les divergences entre les Etats de l’UE, l’ex-premier ministre du Luxembourg, qui aime à rappeler qu’il en fut aussi ministre du travail, veut que Bruxelles s’intéresse davantage au sort des plus démunis. Ceux qui désormais se détournent de l’Europe et se disent prêts à voter pour les extrêmes.

Il a donc introduit cette composante sociale au semestre européen. Et deux propositions législatives d’importance : une modernisation du règlement sur la coordination des systèmes de sécurité sociale en Europe et surtout, le 8 mars 2016, une révision de la très sensible directive sur les travailleurs détachés. Un texte datant de 1996, avant l’élargissement de l’UE à l’Est, censé faciliter la mobilité des Européens, mais dont les failles ont laissé libre cours au dumping social dans des secteurs comme le bâtiment ou les transports, notamment en France, en Belgique ou en Allemagne.

En sera-t-il question ce mercredi 8 mars, lors du « sommet social tripartite » qu’organisent les dirigeants des institutions de l’Union avec les représentants…

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