L’Eurogroupe valide les premières mesures d’allégement de la dette grecque

L'Eurogroupe valide les premières mesures d'allégement de la dette grecque

Les ministres des finances de la zone euro ont accepté que soient déclenchées les premières mesures de réduction de l’énorme dette du pays.

Le Monde
| 05.12.2016 à 21h01
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Par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)

Les Grecs auront enfin un petit cadeau pour Noël. Les ministres des finances de la zone euro ont accepté, lors d’un Eurogroupe lundi 5 décembre à Bruxelles, que soient déclenchées les premières mesures d’allégement de l’énorme dette du pays environ 180 % de son produit intérieur brut (PIB). Même si le chiffrage est presque impossible à effectuer, le fardeau grec s’en trouverait allégé de plusieurs milliards d’euros, alors que le pays est censé rembourser ses prêts jusqu’en 2060.

En quoi consisterait cette première réduction de la dette grecque ‘

Le Mécanisme européen de stabilité (MES), principal détenteur de la dette hellène, a proposé lundi de ne pas appliquer, sur une partie des dettes, la hausse des taux de 2 % à partir de 2017 qui avait été prévue dans le cadre des deux précédents plans d’aide au pays (le premier a été signé en 2010 pour sauver la Grèce de la faillite).Le MES a aussi suggéré de prolonger la maturité moyenne des dettes jusqu’à 32,5 ans, alors qu’elle est tombée à environ 28 ans après que les créanciers du pays n’ont finalement pas versé tous les prêts destinés, en 2015, à redresser le secteur bancaire grec. Ce dernier était fragilisé, mais pas autant qu’ils le craignaient.Enfin, le MES a étudié un changement de sa politique d’émission d’obligations afin de limiter le coût des prêts pour Athènes, en cas de hausse brutale des taux d’intérêt, pour l’instant très bas.

Ces trois mesures peuvent être avalisées très rapidement par le conseil des gouverneurs du MES, où siègent les ministres des finances de la zone euro. D’où le fait qu’à Bruxelles, on les qualifie de « court terme ».

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Négociations entre Tsipras et les créanciers

Ces allégements n’ont rien d’une divine surprise. Le MES dispose d’un mandat officiel pour y travailler depuis la fin mai, après que les ministres des finances de la zone euro ont accepté de faire un geste en direction du gouvernement Tsipras. Ce dernier était parvenu, au printemps, à faire adopter une ambitieuse réforme des retraites malgré les difficultés politiques, dans un pays ravagé par six ans de récession et de mise sous tutelle financière.

Il y a quelques jours, la Commission européenne redoutait encore que le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, chantre de la ligne dure à l’égard d’Athènes, ne réclame un délai et n’exige que ces mesures d’allégement ne soient actées qu’après la conclusion de la seconde « revue » du troisième plan d’aide au pays (en tout, 86 milliards d’euros).

Cette « revue », négociation entre le gouvernement d’Alexis Tsipras et les représentants des créanciers Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) et MES , est certes en bonne voie, mais elle n’était pas terminée lundi. Les discussions achoppent encore sur des divergences qui tiennent aux objectifs budgétaires et aux réformes des marchés du travail et de l’énergie, pierres angulaires de la seconde « revue » des réalisations accomplies par la Grèce.

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Désaccord entre l’UE et le FMI

En outre, un désaccord persiste entre l’Union européenne et le FMI sur les objectifs budgétaires à moyen terme de la Grèce. L’excédent primaire public (hors charge de la dette) est censé atteindre 3,5 % du PIB à partir de 2018. Berlin souhaite qu’Athènes prolonge cet effort jusqu’en 2028 alors que la Commission plaide pour que ce niveau de surplus ne soit exigé que durant trois à cinq ans.

Le Fonds ne croit pas que le pays puisse y parvenir sans un nouveau train de mesures d’austérité, non prévu dans le cadre du troisième plan d’aide, ou sans un allégement important de la dette. Et il tergiverse toujours sur sa participation à ce troisième plan.

Reste la question des mesures d’allégement « à moyen et à long terme » sur la dette, elles aussi promises par les créanciers d’Athènes en mai et censées alléger bien plus significativement le fardeau hellène. Berlin restait, ces dernières semaines, sur une ligne dure, malgré l’insistance du FMI : pas question d’en parler avant la fin du troisième plan d’aide, en 2018, et surtout après les élections fédérales allemandes de 2017. Les Allemands n’ont aucune envie que cette question s’invite dans leur campagne électorale.

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