Les pictogrammes des toilettes japonaises (enfin) unifiés

Les pictogrammes des toilettes japonaises (enfin) unifiés

Le gouvernement et le cartel des producteurs espèrent que cela permettra aux touristes de mieux les comprendre, et de mieux les exporter.

Le Monde
| 18.01.2017 à 13h05
Mis à jour le
18.01.2017 à 16h02
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Par Luc Vinogradoff

Jusqu’ici, chacun faisait un peu ce qu’il voulait. Toshiba, Panasonic ou Toto choisissaient leurs icônes et leurs emojis pour décrire la fonction de chaque bouton. C’était compréhensible pour les Japonais, beaucoup moins pour les étrangers, terrifiés de recevoir un jet d’eau au mauvais endroit alors qu’ils voulaient tirer la chasse.

A partir d’avril, toutes les nouvelles toilettes auront les huit mêmes pictogrammes ouvrir ou baisser le couvercle et la lunette, nettoyer et sécher diverses parties du corps, tirer la chasse fort, tirer la chasse moins fort pour qu’il n’y ait plus de surprises.

Cette décision du cartel des toilettes multi-usages a deux objectifs, que leurs représentants ont explicités lors d’une conférence de presse le 17 janvier. Madoka Kitamura, patron de l’Association :

« Nous espérons accueillir les touristes étrangers avec des toilettes propres. »

C’est logique. Le Japon se prépare aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020 en essayant de rendre le pays le plus intelligible possible pour les futures hordes de touristes potentiellement largués. Ils ont examiné 90 symboles et pictogrammes utilisés sur les voies publiques pour savoir s’ils sont facilement compréhensibles par des étrangers. Ils ont aussi recommandé le retrait du symbole bouddhiste manji des cartes pour qu’on ne pense pas qu’il s’agit d’un svastika nazi. L’uniformisation des pictogrammes de toilettes est dans cette continuité : tout faire pour que les touristes pas forcément aventureux ne soient pas surpris ou déçus ou terrorisés.

L’autre raison est’ un peu plus intéressée et mercantile. Madoka Kitamura :

« [La standardisation] marque d’un fer rouge notre volonté d’étendre la fière culture sanitaire japonaise au reste du monde. »

Les premiers proto-emojis sanitaires sont apparus en 1964, lors des précédents JO de Tokyo. L’idée était à l’époque de favoriser l’exportation des machines hors de l’île. Ça n’a pas vraiment marché, les toilettes japonaises restant un objet de curiosité et un symbole totalement ostentatoire dans le reste du monde. La nouvelle tentative en 2020 sera peut-être la bonne. Le reste du monde, surconnecté en gadgets, a rattrapé le Japon.

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