Les nouveaux mots du féminisme

Les nouveaux mots du féminisme

Le féminisme évolue, son vocabulaire aussi. Voici un petit glossaire de néologismes à l’usage des néophytes.

Quand un homme explique quelque chose à une femme de manière condescendante, on parle ainsi de « mansplaining ». Ce néologisme anglais est formé à partir des mots « man » (homme) et « explaining » (explication).

L’auteure américaine Rebecca Solnit est la première à avoir décrit de façon précise ce comportement. Dans un essai publié par le Los Angeles Times en 2008 (« Men who explain things »), elle raconte une situation de mansplaining qu’elle a vécue, sans pour autant utiliser ce terme :

« Un homme me parlait d’un livre très important qu’il avait lu et m’expliquait son contenu comme si j’avais 7 ans. Il a fallu lui répéter trois ou quatre fois que c’était moi qui l’avais écrit avant qu’il ne s’interrompe et daigne m’écouter. »

On ignore qui a inventé le mot. Selon le site Know your meme, il apparaît dans des commentaires en ligne en 2008, un mois après la publication de l’article de Rebecca Solnit. A partir de 2012, il est utilisé au-delà de la blogosphère féministe. En français, on pourrait traduire cette expression par « mecsplication ».

C’est le fait, pour un homme, d’interrompre, sans vraiment de justification, une femme qui est en train de s’exprimer. Manterrupting est un néologisme formé de la contraction de « man » (« homme ») et « interrupting » (« interruption »). Le phénomène est particulièrement saillant lorsque l’on compare le nombre d’interruptions que subit une femme par rapport aux hommes qui participent à la même conversation. Un exemple désormais célèbre est celui de Nathalie Kosciusko-Morizet lors du troisième débat télévisé de la primaire de la droite, à l’automne 2016 : l’ancienne ministre de l’écologie sera interrompue vingt-sept fois contre neuf pour Alain Juppé, dix pour Jean-François Copé, douze pour François Fillon et Nicolas Sarkozy.

C’est Jessica Bennett, chroniqueuse au magazine Time, qui a pour la première fois utilisé ce terme en 2015, en partant de l’exemple du rappeur Kanye West. Ce dernier avait interrompu le discours de remerciement de Taylor Swift sur la scène des MTV Video Music Awards, dans une séquence restée célèbre en 2009. Comme Rebecca Solnit pour le « mansplaining », Jessica Bennett évoque un phénomène que « toutes les femmes connaissent ».

On parle de « bropropriating » quand un homme s’approprie l’idée ou les idées d’une femme. Cette attitude n’est pas toujours consciente mais reste très fréquente, surtout au travail. Cette contraction entre « bro » (l’équivalent de « mec » en anglais) et « appropriating » (« appropriation ») est elle aussi née sous la plume de Jessica Bennett.

Une prise de conscience de l’appropriation du travail et des accomplissements des femmes au cours de l’histoire est en cours. Elle concerne l’histoire politique mais aussi et surtout l’histoire des sciences. Mercredi 8 mars, un « éditathon » est d’ailleurs organisé à Grenoble : des internautes vont se regrouper pour enrichir des pages dédiées aux femmes scientifiques sur Wikipédia, pour contribuer à les faire mieux connaître.

En 2014, une campagne lancée dans le métro new-yorkais avait déjà popularisé le « manspreading » (de « to spread », écarter), comportement masculin consistant à s’asseoir en écartant excessivement les jambes, ou plus généralement, à prendre trop de place dans les transports. Un Tumblr intitulé « men taking to much space on the train » (« hommes prenant trop de place dans le métro ») recense quelques spécimens.

Le « manslamming » désigne l’attitude des hommes qui bousculent les femmes sur la voie publique (métro, trottoir), volontairement ou non. Le terme a été inventé en 2015 par l’activiste new-yorkaise Beth Breslaw, après une expérience grandeur nature : en tentant de bousculer des passants dans une foule, elle a constaté que la plupart des hommes n’essayaient pas de l’éviter, contrairement aux femmes.

Le 8 mars sur Le Monde.fr

Pour mieux comprendre les problèmes anciens et récents de l’égalité femmes-hommes, Le Monde.fr vous propose d’échanger, au cours de la journée du 8 mars, avec des expertes :

10 h 30 : « Harcèlement, violences : les droits des femmes sont-ils respectés en France » Discussion en direct sur Le Monde.fr avec Isabelle Steyer, avocate au barreau de Paris, spécialiste du droit des victimes et des violences conjugales.12 heures : « Quelles sont les raisons de l’écart des salaires entre hommes et femmes » Discussion en vidéo, par un Facebook Live, avec Séverine Lemière, économiste, professeure à l’université Paris-Descartes, spécialiste de l’égalité salariale.14 heures : « Dans l’espace public, filles et garçons sont-ils à égalité » Discussion avec Edith Maruéjouls, docteure en géographie, spécialiste de l’égalité dans la cour d’école, les loisirs des jeunes et l’espace public.

Nos journalistes à Paris et nos correspondants dans le monde suivront les mobilisations. Une « grève » des femmes à l’appel d’organisations féministes débutera officiellement à 15 h40. A Paris, un rassemblement organisé par des associations, des ONG et des syndicats est prévu place de la République à partir de 14 heures. Il sera suivi d’une marche jusqu’à l’opéra Garnier, à 17h30.

Vous pourrez également retrouver tous nos articles, cartes, tribunes et analyses sur des problématiques aussi diverses que l’éducation, la parité en politique ou le harcèlement sexuel au travail dans notre direct consacré à cette journée et à la « une » du Monde.fr.

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