Les inconnues du bilan de François Hollande

Les inconnues du bilan de François Hollande

On peut déjà analyser les décisions prises par le chef de l’Etat depuis 2012, mais il est encore trop tôt pour en connaître toutes les conséquences.

Le Monde
| 02.12.2016 à 18h11
Mis à jour le
02.12.2016 à 19h16
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Par Adrien Sénécat

Le chef de l’Etat annonçait en septembre 2012, dans la même interview sur TF1, un « agenda du redressement » sur « deux ans » : « Deux ans pour à la fois mettre en uvre une politique pour l’emploi, pour la compétitivité et pour le redressement des comptes publics. » Et d’ajouter, déterminé, que « tout sera engagé, décidé d’ici la fin de l’année (‘) pour que ce soit mis en uvre dans l’année 2013. » Pourtant, il est encore difficile de faire le bilan de plusieurs mesures importantes mises en uvre durant son quinquennat. Explications.

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Des lois « obèses » dont les décrets d’application tardent

Derrière les querelles sur les indicateurs économiques, le socialiste s’est beaucoup avancé sur le calendrier. Tout devait être « engagé » dès la fin 2012 ‘ Bon nombre de ses mesures, et non des moindres, ont en réalité été prises dans les années qui ont suivi. Le pacte de responsabilité a été annoncé en janvier 2014, la loi Macron a été définitivement adoptée à l’été 2015, la loi El Khomri en juillet 2016’

Et encore : il faut ensuite attendre la publication des décrets d’application pour qu’une mesure entre en vigueur. Dans le cas des lois « obèses », il faut parfois un an, voire plus, pour que ce soit le cas. Sans oublier qu’il faut un laps de temps supplémentaire avant d’observer les résultats.

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D’autant que le décalage est encore amplifié par le temps nécessaire à la mesure et à la publication de statistiques. Les chiffres de Pôle emploi sont mensuels, mais ce n’est pas le cas de nombreux indicateurs. La dernière étude sur la pauvreté en France de l’Insee, publiée en septembre 2016, portait ainsi sur l’année 2014, soit à la mi-mandat de François Hollande.

Dans l’éducation, peu d’études récentes

Si l’on prend l’exemple de l’éducation, on ne dispose pas ou très peu d’indicateurs pour juger les effets (positifs ou négatifs) de la politique menée depuis 2012. L’école française était mal classée dans la dernière enquête Pisa publiée en 2013, mais cette dernière avait été réalisée en 2012 difficile, donc d’incriminer le gouvernement actuel. La prochaine enquête Pisa, celle de 2015, doit être publiée au début du mois décembre.

Deux autres études récentes sur le niveau des élèves en dictée ou en mathématiques et en sciences ont également de quoi inquiéter. Mais comme elles ont été réalisées en 2015, elles ne prennent pas en compte certaines réformes comme les nouveaux programmes instaurés à la rentrée 2016. Et pour celles qui étaient en cours de réalisation au moment des évaluations, comme la création des 60 000 postes, ou à peine mises en places (rythmes scolaires, nouvelle carte de l’éducation prioritaire, réforme de la formation des enseignants’), il est trop tôt pour savoir quels effets positifs ou négatifs elles ont pu avoir sur ces résultats.

Sur le plan économique, des résultats en fin de mandat

Sur la courbe du chômage comme sur le reste, le chef de l’Etat s’est publiquement engagé sur des résultats rapides. Son objectif initial sur le déficit était ainsi de respecter la règle budgétaire européenne des 3 % dès 2013 et d’arriver à l’équilibre en 2017. Des prévisions revues à la baisse année après année. Si bien qu’à l’arrivée, le rétablissement progressif des finances publiques est éclipsé par des promesses brisées.

Même chose pour la courbe du chômage : le pari de l’inverser en un an, puis avant la fin 2013, puis avant la fin du quinquennat est devenu un fardeau au fil des mois pour le chef de l’Etat. Une fois encore, l’embellie constatée depuis le début de l’année 2016 est éclipsée par les quatre années d’effondrement du niveau de l’emploi.

L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) s’est quant à lui penché sur la politique économique du gouvernement dans un rapport publié en septembre. Parmi ses conclusions, on trouve le fait que cette dernière, « incarnée par le pacte de responsabilité et le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, aura porté ses fruits en fin de mandat avec le rétablissement des marges des entreprises mais aura fortement entamé le pouvoir d’achat des ménages et la croissance à court terme ».

S’il faudra encore du temps pour tirer des conclusions définitives sur les résultats de la politique menée par la gauche depuis 2012, on peut tout de même déjà tirer un premier bilan du mandat François Hollande sur les choix qui ont été faits, les décisions qui ont été prises, les promesses tenues ou non. Le chef de l’Etat s’est défendu sur ce plan jeudi en citant les décisions prises pendant son mandat : « Voilà ce que j’ai fait, voilà ce que j’assume devant vous en revendiquant les avancées, en reconnaissant les retards et même en admettant certaines erreurs », a-t-il conclu.

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