Les chalets de Blériot-Plage patrimoine en péril

Les chalets de Blériot-Plage patrimoine en péril

Depuis 2006 et la loi littoral, les chalets de la plage de Blériot étaient en sursis. Cette loi impose des conditions drastiques aux constructions de plage mais, à Blériot (comme à Calais, d’ailleurs), les propriétaires et les élus attendaient sereinement qu’un texte vienne l’assouplir.

Aucun chalet dans les clous

C’était certain, un décret allait considérer ces chalets comme un élément du patrimoine local, et les sauver de la destruction. Mais ce texte n’est jamais venu et pire, la ministre de l’Écologie, bientôt relayée par la préfète du Pas-de-Calais, a fait savoir que la loi devait leur être aussi appliquée, dans toute sa rigueur. Elle impose une taille maximum (2,5m sur 2,5m), un coloris unique (blanc), des matériaux naturels (surtout pas de fibrociment), et un caractère démontable’ Pas un des quelque 250 chalets de Blériot n’est ainsi dans les clous. Ils sont tous sous la menace d’une disparition pure et simple, à l’horizon 2019.

Une nouvelle association de propriétaires

La municipalité de Sangatte (dont dépend Blériot-Plage), n’a pas eu d’autre choix que de reprendre les contraintes de la loi dans le règlement qu’elle soumet aux propriétaires. «
Tous les ans, l’État nous concède l’occupation de la plage, explique Pascal Dubus, adjoint au maire. Si on veut continuer à obtenir cette concession, nous devons faire preuve de notre bonne volonté et commencer à nous rapprocher des normes.
» Selon l’élu, ces efforts devraient permettre de négocier avec l’État un assouplissement des règles (notamment celle interdisant, même par voie de succession, la cession des chalets), ou au moins des délais d’application.

Mais pour y parvenir, il est nécessaire que les propriétaires soient en mesure de peser dans les discussions. Une nouvelle association de propriétaires vient de voir le jour, sur les ruines de l’ancienne, devenue politisée et confidentielle. Baptisée Les chalets Castor de Blériot, elle mise sur l’entraide entre les propriétaires pour remettre les chalets en état, à les amener aux normes en réduisant les coûts. Du succès de cette association dépend en partie l’avenir des chalets.

À Calais aussi, il va falloir lutter

La plage de Calais est, elle aussi, concernée par l’application drastique de la loi littoral. Ce n’est pas tant l’aspect des chalets et leur mise aux normes qui posent problème (les chalets calaisiens sont globalement plus petits, plus homogènes, plus démontables et mieux entretenus que leurs voisins de Blériot), mais leur nombre. La loi impose en effet que les constructions n’occupent pas plus de 20 % du linéaire de la plage, et pas plus de 20 % de sa surface. Les quelque 500 chalets aujourd’hui recensés occupent 70 % du linéaire, mais 5 % de la surface. «
C’est une règle bien adaptée au littoral méditerranéen, pas du tout au nôtre
», soupire un propriétaire de chalet.

Un « classement » bouclier

Selon les calculs de l’association des chalets de Calais, très puissante avec ses 350adhérents, le nombre de chalets devrait passer de 500 à moins de 200 si la loi devait être appliquée. L’association estime que le nombre de 350chalets, ramenés sur un linéaire de 200mètres (20 %), est plus raisonnable. L’association des propriétaires peut compter sur l’appui de la municipalité, qui compte sauvegarder ce patrimoine. Le premier adjoint Emmanuel Agius, également conseiller régional, milite pour que les chalets calaisiens soient inscrits au « patrimoine régional ». Un statut qui n’aurait aucune valeur juridique, mais qui constituerait un «
argument supplémentaire
» au moment de discuter avec l’État d’un éventuel assouplissement de la loi.

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