L’enquête PISA sur le niveau scolaire des élèves suscite des débats dans le monde entier

L'enquête PISA sur le niveau scolaire des élèves suscite des débats dans le monde entier

« Vérités brutales pour le système éducatif américain », stagnation des élèves en Espagne, inégalités très marquées en Australie… « Courrier Expat » propose un tour d’horizon des réactions à l’enquête « éducation » de l’OCDE, portant sur 72 pays.

Il n’y a pas qu’en France que la publication de l’enquête PISA de l’OCDE, qui évalue les compétences des élèves de 15 ans dans 72 pays, suscite des débats passionnés sur l’éducation : les commentaires se sont multipliés sur les sites d’information du monde entier, après la publication de sa 6e édition, mardi 6 décembre.

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« Les élèves singapouriens raflent tous les prix !, souligne le quotidien suisse Le Temps. En sciences, en mathématiques ainsi qu’en compréhension des textes écrits, ils sont les plus performants. » La Suisse a beau se classer bien au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE en sciences et en mathématiques, elle est derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas. Et alors que l’enquête est généralement considérée comme particulièrement fiable, des doutes ont été émis sur la méthodologie choisie.

« Pour la première fois, explique Le Temps, l’épreuve a été faite sur ordinateur. Or, le passage au test par ordinateur représente un changement radical, qui pose de nombreuses questions sur le plan scientifique. » En outre, la Conférence des directeurs de l’instruction publique (CDIP) signale que l’OCDE a changé la composition de l’échantillon « d’une manière qui ne s’explique pas par des changements démographiques ». Et de conclure qu’« il n’est pas possible d’interpréter de manière détaillée les données concernant la Suisse ».

Commentaires contradictoires

Comme lors de chaque édition, les résultats de PISA ont donné lieu à des commentaires contradictoires. En Espagne, le ministère de l’éducation a ainsi fait savoir qu’il considérait comme « très satisfaisants » les résultats obtenus par ses élèves. A l’inverse, Andreas Schleicher, directeur de l’éducation de l’OCDE, a pointé une stagnation du niveau scolaire en Espagne depuis la première édition de l’enquête, en 2000.

Avec 493 points obtenus en sciences, domaine sur lequel cette édition mettait l’accent, l’Espagne se classe au niveau des Etats-Unis, de la France ou de la Russie. Mais loin derrière les champions, Singapour, le Japon ou l’Estonie. Le quotidien El País relève que ni les trois lois sur l’éducation promulguées en quinze ans ni la crise économique qui a conduit à des coupes importantes dans les budgets de l’éducation ne paraissent avoir eu d’effets marquants.

Selon Andreas Schleicher, « la qualité de l’éducation ne sera jamais meilleure que la qualité des enseignants ». Un axiome dont El País s’empare pour déplorer que la formation des professeurs espagnols ait jusqu’à présent été négligée : « Les champions asiatiques Singapour, le Japon, la Corée ou Taïwan , tout comme la Finlande, disposent d’un système de sélection, de formation et de reconnaissance beaucoup plus complet. »

«  Des vérités brutales sur le système scolaire américain »

« L’enquête révèle des vérités brutales sur le système scolaire américain, écrit Amanda Ripley dans le New York Times, alors que les résultats de l’enquête aux Etats-Unis sont proches de ceux constatés en France. Les maths restent le point faible des élèves aux Etats-Unis : près d’un tiers des élèves de 15 ans n’atteignent pas le niveau basique de compétences défini par l’OCDE. »

Mais alors qu’en France, les inégalités sociales sont très marquées (118 points séparent le résultat de l’enfant « bien né » de celui d’origine très modeste), aux Etats-Unis, l’origine sociale ne garantit pas les résultats, du moins en sciences et en mathématiques. « Les dernières données montrent que les adolescents américains les plus favorisés obtiennent des résultats inférieurs à ceux de leurs pairs de vingt autres pays, notamment le Canada et le Royaume-Uni », relève Amanda Ripley.

Au Royaume-Uni, le Times Educational Supplément relève que 22 % des jeunes de moins de 15 ans n’atteignent pas le niveau de base en maths, « ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas résoudre les problèmes habituellement rencontrés dans la vie quotidienne ». En sciences, le pays passe du 21e rang au 15e, alors que son score baisse de 515 à 509 points. « C’est à la baisse du niveau dans les autres pays que nous devons ces six places. »

Au-delà des grands titres alarmistes privilégiés par certains médias, le site australien The Conversation se demande quels enseignements tirer de l’enquête PISA. « Les résultats, à première vue, ne sont pas bons », avec une baisse à la fois en maths, en sciences et en lecture. « Ces résultats sont parmi les plus disparates qui soient », notamment au niveau régional et entre les élèves les plus favorisés et les autres. « L’Australie a l’un des systèmes scolaires les plus inégalitaires du monde. Or, les données recueillies montrent qu’il existe une corrélation forte entre les systèmes les plus performants, tel celui de Singapour, et les facteurs de cohésion sociale et d’égalité. La corrélation est également forte entre le financement équitable des écoles et la performance globale obtenue dans l’enquête PISA. » Pour The Conversation, la question du financement équitable des écoles devient un problème politique majeur en Australie.

Jean-Luc Majouret (Courrier International)

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