Le président sortant décrète l’état d’urgence en Gambie

Le président sortant décrète l'état d'urgence en Gambie

Le pays est plongé dans une crise depuis que Yahya Jammeh a annoncé, le 9 décembre, qu’il ne reconnaissait pas la victoire d’Adama Barrow à l’élection présidentielle.

Le Monde.fr avec AFP

Le 17.01.2017 à 21h46

Mis à jour le 17.01.2017 à 23h56

Invoquant « un niveau d’ingérence étrangère exceptionnel et sans précédent » dans le processus électoral en Gambie, le président sortant, qui a perdu l’élection présidentielle du 1er décembre, a proclamé l’état d’urgence mardi 17 janvier.

Yahya Jammeh a annoncé cette décision lors d’une déclaration télévisée, au cours de laquelle il a également dénoncé « l’atmosphère hostile injustifiée qui menace la souveraineté, la paix et la stabilité du pays », à deux jours de l’investiture prévue de son successeur élu, Adama Barrow, dont il conteste en justice la victoire.

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Selon la Constitution, l’état d’urgence dure sept jours lorsqu’il est proclamé par le chef de l’Etat, mais peut être porté à quatre-vingt-dix jours avec l’approbation de l’Assemblée nationale. L’annonce a été formulée en des termes très généraux, prévenant la population qu’il était « interdit de se livrer à des actes de désobéissance aux lois gambiennes, à l’incitation à la violence, ou troublant la paix et l’ordre public ». Le chef de l’Etat sortant a également ordonné aux forces de sécurité de maintenir la paix et l’ordre.

Pressions extérieures

La Gambie est plongée dans une crise depuis que M. Jammeh a annoncé, le 9 décembre, qu’il ne reconnaissait plus les résultats de l’élection présidentielle, une semaine après avoir pourtant félicité M. Barrow pour sa victoire.

Depuis le 13 janvier et jusqu’à son investiture, M. Barrow est accueilli au Sénégal par le président Macky Sall. Cet exil était une demande de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a notamment prévenu à plusieurs reprises qu’elle pourrait avoir recours à la force en dernier ressort.

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« Le président Jammeh rate l’occasion de respecter la parole du peuple gambien et celle d’une passation de pouvoir pacifique censée se dérouler jeudi avec le président élu », a déploré le département d’Etat américain, John Kirby, mettant en garde contre « un possible chaos ».

Le Nigeria, poids lourd régional et continental, a affirmé de son côté accélérer ses préparatifs militaires aériens. « Nous allons très bientôt nous déployer à Dakar, au Sénégal », a commenté à l’AFP une source au quartier général de la Défense nigériane, mentionnant l’envoi de « pilotes, de techniciens et de personnel d’entretien » des appareils. « Ce déploiement est lié aux événements en cours en Gambie ».

Outre la Cédéao, de nombreux pays et organisations, dont l’ONU, font pression sur Yahya Jammeh, à l’image du Maroc, qui mène actuellement une « médiation discrète et de la dernière chance » par l’entremise de son ministre délégué aux affaires étrangères, Nasser Bourita, et de Yassine Mansouri, chef des services du renseignement extérieur du royaume.

Un recours qui tarde

M. Jammeh se dit déterminé à rester président tant que la justice n’aura pas statué sur son recours. Cependant, lundi, le président de la Cour suprême, Emmanuel Fagbenle, s’est récusé de l’examen du recours, ajoutant :

« Ce recours attendra donc que la Cour suprême soit constituée ou le temps de permettre aux juges d’arriver en Gambie. »

L’avocat de M. Jammeh et du parti au pouvoir, Edward Gomez, a reconnu qu’il ne lui serait pas possible d’obtenir l’injonction demandée avant le 19 janvier, date de l’investiture de M. Barrow.

En attendant que la situation se stabilise, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, les deux pays qui comptent le plus grand nombre de touristes en Gambie, ont conseillé à leurs ressortissants d’éviter de s’y rendre ou d’en repartir s’ils s’y trouvaient, sauf raison impérative.

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Face aux risques de guerre civile ou d’intervention militaire extérieure, le flot de Gambiens quittant le pays depuis le début de l’année grossissait sensiblement, à l’approche de l’échéance de jeudi, selon des témoins.

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