Le président du Sénat brésilien a été démis de ses fonctions par la justice

Le président du Sénat brésilien a été démis de ses fonctions par la justice

Renan Calheiros avait été inculpé, la semaine dernière, pour détournement de fonds publics. Il est en outre visé dans onze enquêtes pour corruption.

Un juge de la Cour suprême du Brésil a suspendu de ses fonctions, lundi 5 décembre, le président du Sénat Renan Calheiros. L’homme de 65 ans a été mis en accusation la semaine dernière pour détournements de fonds publics par la haute juridiction.

« Cette mesure à effet immédiat » a été prise par le juge Marco Aurelio Mello, conformément à la demande présentée en urgence par le parti d’opposition écologiste Rede, a détaillé une source du service de communication du Tribunal suprême fédéral (STF).

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Le parti Rede a notamment allégué qu’en vertu d’une décision récente du STF encore non entrée définitivement en vigueur, une personnalité inculpée ne peut occuper une fonction dans la ligne de succession présidentielle.

Or en tant que président du Sénat, M. Calheiros occupe le second rang dans l’ordre de succession de l’actuel président Michel Temer, membre du même parti de centre droit PMDB, après le président du Congrès des députés Rodrigo Maia (DEM, droite).

La suspension de M. Calheiros, ne deviendra néanmoins définitive qu’en cas de confirmation ultérieure par une majorité des juges du Tribunal suprême fédéral lors d’une session plénière dont la date n’a pas été fixée.

Mesures anticorruption édulcorées

Le jugement en référé suspendant M. Calheiros est intervenu au lendemain de manifestations ayant rassemblé des dizaines de milliers de Brésiliens à travers le pays en défense des juges anticorruption et de l’enquête sur le gigantesque scandale de corruption Petrobras qui fait trembler toute la classe politique du pays.

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M. Calheiros s’est récemment illustré en prenant la tête d’une fronde parlementaire contre les procureurs et le juge fédéral Sergio Moro en charge du dossier Petrobras. Les députés ont ainsi adopté mercredi à l’aube en première lecture un paquet de mesures anticorruption vidées de leur substance par de nombreux amendements que M. Calheiros a tenté de faire entériner en urgence le soir même par les sénateurs.

Les élus de la chambre basse avaient en particulier provoqué la fureur des magistrats en introduisant en catimini un amendement prévoyant des peines de deux ans d’emprisonnement pour les juges et procureurs qui se rendraient coupables « d’abus d’autorité » dans l’exercice de leurs fonctions.

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Les procureurs du dossier Petrobras avaient immédiatement riposté en menaçant de démissionner en bloc si cette mesure visant selon eux à les museler était votée par les deux chambres et promulguée par le président Temer. Quelques jours plus tôt, les députés avaient déjà tenté de faire passer une amnistie déguisée des financements occultes des campagnes électorales.

Face à un mouvement de révolte sur les réseaux sociaux, le président Temer avait improvisé un dimanche, le 27 novembre, une conférence de presse avec les présidents des deux chambres pour assurer qu’ils s’opposeraient à « toute mesure de cette nature ».

Possibilité de faire appel

Allié du président Michel Temer, Renan Calheiros est poursuivi dans onze enquêtes pour corruption, dont huit sont liées au versement illégal de rétrocommissions par le groupe pétrolier public Petrobras. Son mandat expirait normalement en février.

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M. Calheiros peut faire appel devant la Cour suprême, mais il doit néanmoins quitter sans attendre ses fonctions et céder sa place au vice-président du Sénat, Jorge Vianna, du Parti des travailleurs (PT, gauche).

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