Le malaise Ben Arfa au PSG

Le malaise Ben Arfa au PSG

Le Monde
| 16.09.2016 à 17h06
Mis à jour le
16.09.2016 à 18h29
|

Par Rémi Dupré

Entre deux punchlines (« phrases chocs ») et une flopée de blagues, Hatem Ben Arfa, 29 ans, avait livré un véritable « show », le 4 juillet, dans l’auditorium du Parc des Princes. Ce jour-là, lors de sa conférence de presse de présentation, l’international français (quinze sélections depuis 2007) donnait l’impression de savourer son transfert au Paris-Saint-Germain.

Radieux, il se posait même en successeur de la star suédoise Zlatan Ibrahimovic, partie pour Manchester United. « Si on m’avait donné le choix d’aller à l’Euro ou de signer au PSG, j’aurais préféré signer au PSG », lâchait la recrue phare des quadruples champions de France en titre.

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Au sortir d’une saison éclatante avec l’OGC Nice (17 buts en Ligue 1), Ben Arfa semblait avoir digéré d’avoir figuré dans la liste des réservistes de Didier Deschamps et d’avoir ainsi raté l’Euro organisé dans l’Hexagone. Cette arrivée au PSG sonnait comme une revanche et un retour aux sources pour le natif de Clamart (Hauts-de-Seine), enfant terrible du football français à la trajectoire chaotique. Lui qui, pur produit de l’INF Clairefontaine (Yvelines), fit ses premières armes avec plusieurs clubs de la région parisienne (Châtenay-Malabry, Montrouge, Boulogne-Billancourt).

Mise à l’écart

Un peu plus de deux mois plus tard, le contraste est saisissant tant la situation du gaucher au PSG est précaire. Vendredi 16 septembre, le fin dribbleur formé à l’Olympique lyonnais (OL) ne figure pas dans le groupe des joueurs convoqués par le nouvel entraîneur parisien, Unai Emery, pour le déplacement à Caen, en match d’ouverture de la 5e journée de Ligue 1. Ben Arfa aurait appris sa mise à l’écart jeudi, à l’issue de la séance d’entraînement organisée au camp des Loges. Aucune explication ne lui aurait été fournie.

Mardi 13 septembre, Ben Arfa avait déjà regardé la rencontre de Ligue des champions entre ses partenaires et Arsenal (1-1) dans les tribunes du Parc des Princes. Ce soir-là, Unai Emery avait choisi de titulariser le milieu Blaise Matuidi sur le flanc gauche de son attaque, assistant, désemparé, à la myriade d’occasions gâchées par ses protégés.

En conférence de presse, le technicien basque assumait ses choix. « Pour moi, le plus important, c’est l’équipe. Mardi, j’ai choisi les joueurs qui me semblaient le mieux pour jouer le match. Pour moi, tous les joueurs sont logés à la même enseigne », a insisté Emery, inflexible.

Cantonné au banc des remplaçants depuis le début de la saison, Ben Arfa avait notamment été titularisé à la pointe de l’attaque parisienne contre Saint-Etienne, vendredi 9 septembre, lors de la 4e journée de Ligue 1. Aligné à un poste qui n’est pas le sien, le numéro 21 du PSG avait été spectral à défaut d’avoir été calamiteux. Comment donc expliquer la mise à l’écart soudaine du Francilien, qui s’est entraîné seul, ce vendredi, au camp des Loges ‘ Résulte-t-il d’un choix purement sportif ‘

« Il doit travailler plus »

Depuis plusieurs semaines, Emery s’ingénie, par médias interposés, à piquer au vif l’ex-joueur de l’Olympique de Marseille (2008-2011) et de Newcastle (2011-2014). Exigeant, le triple vainqueur de la Ligue Europa avec le FC Séville (2014, 2015, 2016) invitait notamment l’attaquant à « améliorer sa condition physique ». Puis, il lui intimait de progresser dans le « travail de pression, de défense. » « Il doit travailler plus », assénait-il enfin sur RMC.

Il n’en fallait pas plus pour que les médias sportifs s’interrogent sur le prétendu manque d’investissement à l’entraînement de Ben Arfa, joueur autant loué pour son talent que jadis décrié pour son individualisme et un comportement nonchalant voire insolent. Et de rappeler les querelles entre « l’artiste » et ses différents entraîneurs, comme Didier Deschamps, (OM), Alan Pardew (Newcastle), Steve Bruce (Hull City), ou le sélectionneur Laurent Blanc, en plein Euro 2012.

Dossier sensible

Après six mois de chômage technique contraint (la FIFA ayant confirmé l’annulation de son transfert décidé par la FFF), Ben Arfa avait pourtant réussi à gommer cette image de dilettante ingérable, la saison dernière, au gré de ses exploits avec l’OGC Nice. Les médias louaient alors la « maturité » du jeune homme, carré dans sa communication, « pro » et constant dans ses performances. « Hatem avait réussi à faire progresser le groupe, à le tirer vers le haut », confiait au Monde, au début de septembre, Jean-Pierre Rivère, le président des Aiglons.

Si l’entourage du joueur fait actuellement le dos rond, ses proches n’ont pas hésité à faire part de leur inquiétude, soufflant à L’Equipe qu’Emery « ne l’aime pas. » Cette situation peut-elle durer dans la mesure où le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, considérait, cet été, Ben Arfa comme son gros coup du mercato ‘ « Avec l’arrivée d’Hatem, le PSG confirme son attachement à une identité de jeu tournée vers le spectacle », avait ainsi déclaré le dirigeant qatari, le 1er juillet, lors de l’officialisation du transfert du joueur, lié au PSG jusqu’en 2018.

D’ores et déjà distancé par ses concurrents (Angel Di Maria, Javier Pastore, Lucas, Jesé, Edinson Cavani) dans la hiérarchie des attaquants, l’international français peut-il se satisfaire, au regard de son statut, de cette situation ‘ Si elle devait durer, le cas Ben Arfa pourrait bien être l’un des dossiers sensibles du PSG cet automne.

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