Le groupe américain Mondelez renonce à racheter le chocolatier Hershey

Le groupe américain Mondelez renonce à racheter le chocolatier Hershey

Mondelez renonce à assouvir sa gourmandise pour avaler le chocolatier Hershey. Le groupe alimentaire américain, propriétaire des biscuits Lu et des chocolats Milka, a en effet annoncé, lundi 29 août, qu’il abandonnait son projet de rachat de son concurrent. L’opération était mal engagée dès le départ après le refus immédiat de Hershey de céder aux avances de Mondelez, qui, le 30 juin avait mis sur la table 22,3 milliards de dollars (20 milliards d’euros), moitié en cash, moitié en actions pour en prendre le contrôle.

« Notre proposition pour acheter Hershey reflétait notre conviction que réunir nos deux entreprises américaines emblématiques créerait un leader d’échelle mondiale dans le secteur des snacks et de la confiserie, avec un solide portefeuille de marques complémentaires », a souligné Irene Rosenfeld, la PDG de Mondelez, dans le communiqué. « Après des discussions supplémentaires, et en prenant en compte de récents développements quant à l’actionnariat de Hershey, nous avons déterminé qu’il n’y a pas de voie envisageable pour arriver à un accord. »

La proposition de Mondelez avait été repoussée dans un premier temps à l’unanimité par le conseil d’administration d’Hershey considérant qu’elle ne constituait pas « une base pour poursuivre les discussions ». Le géant alimentaire savait que la partie s’annonçait difficile en raison de la structure capitalistique de ce groupe qui possède notamment les chocolats Kisses, fabrique pour le compte de Nestlé certaines marques destinées au marché nord-américain comme Kit Kat et dispose de la licence pour fabriquer et vendre le chocolat Cadbury aux Etats-Unis. Hershey est en effet contrôlé par un trust familial, qui détient 81 % des droits de vote. Sans l’accord de cette structure, aucune opération ne peut aboutir. En 2002, le groupe américain Wrigley s’était déjà cassé les dents après avoir proposé de racheter la société pour 12,5 milliards de dollars.

Enquête sur de potentiels conflits d’intérêt

Les discussions ont visiblement achoppé sur le prix. Mondelez avait proposé dans un premier temps 107 dollars par action, avant d’accepter un ultime effort la semaine dernière à 115 dollars. Mais selon une source citée par le Wall Street Journal, qui avait révélé l’opération en juin, Hershey était prêt à entamer des discussions sur une base de 125 dollars par action, soit une prime supplémentaire de 8 % par rapport à la dernière offre de Mondelez.

Au-delà de la question du prix, l’OPA s’est heurtée également au problème de gouvernance que traverse le groupe de Pennsylvanie. Le trust familial qui gère plusieurs milliards de dollars servant à financer une école pour les enfants nécessiteux créée en 1905 par le fondateur du chocolatier, Milton Hershey, et sa femme, faisait l’objet d’une enquête sur de potentiels conflits d’intérêt de la part de certains administrateurs et sur des rémunérations abusives. Un accord a été trouvé fin juillet avec les autorités de Pennsylvanie, qui ont accepté de stopper les poursuites après l’engagement du trust à améliorer sa gouvernance et après la démission d’un administrateur. Selon le Wall Street Journal, Hershey avait besoin de tourner la page de ces péripéties avant de s’engager dans une telle opération de cession.

Tout en reconnaissant que Mondelez est « déçu » par le résultat des négociations avec Hershey, Mme Rosenfeld réaffirme que le groupe restera « discipliné dans [son] approche visant à créer de la valeur, y compris par des acquisitions ». Le groupe est actuellement sous la pression de deux actionnaires activistes, qui tentent d’influer sur sa stratégie. Nelson Peltz et son fonds Trian pousse à un rapprochement avec les snacks de PepsiCo, tandis que William Ackman penche pour une opération avec Kraft Heinz. Mme Rosenfeld a annoncé lundi qu’elle ferait un point sur la stratégie du groupe le 7 septembre.

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