Le gouvernement britannique a rendu public son Livre blanc sur le Brexit

Le gouvernement britannique a rendu public son Livre blanc sur le Brexit

Le document fixe les plans du Royaume-Uni en vue de la négociation à venir avec ses partenaires européens sur la sortie de l’Union européenne.

Le Monde
| 02.02.2017 à 14h22
Mis à jour le
02.02.2017 à 17h45
|

Par Philippe Bernard (Londres, correspondant)

Le Royaume-Uni, fort de sa santé économique et de sa solide démocratie, se trouve en position de force pour négocier un « nouveau partenariat positif et constructif » avec l’Union européenne, affirme le Livre blanc sur le Brexit, publié jeudi 2 février par le gouvernement britannique. Révélé au lendemain d’un vote massif du Parlement, autorisant Theresa May à déclencher la procédure de divorce, le document, de 75 pages, reprend les principaux points développés le 17 janvier par la première ministre, lorsqu’elle avait annoncé à ses « frères d’Europe » sa décision de rompre avec le marché unique européen, tout en réclamant un statut douanier favorable.

« Parce que nous sommes un grand pays mondial avec tant à offrir à l’Europe et tant à offrir au monde », a écrit Mme May dans l’avant-propos du document, où elle se prévaut de l’unité nationale, elle s’attend à ce que la négociation avec les Vingt-Sept, qui devrait s’ouvrir en mars, soit « un succès ». Annoncé comme « stratégique », le Livre blanc dresse en réalité un catalogue des ambitieux objectifs de Londres sans préciser la méthode retenue pour les atteindre. D’ailleurs, pour « garantir le meilleur résultat », le gouvernement « gardera scrupuleusement pour lui [ses] positions et devra parfois être prudent dans ses commentaires publics », prévient le document, qui promet une « sortie en douceur au bénéfice de tous ».

En matière économique, il est à nouveau question de parvenir à « un accord de libre-échange ambitieux et global » avec l’UE, afin d’établir les relations commerciales « les plus libres et les plus fluides possible en matière de biens et de services ». Le déficit commercial du Royaume-Uni avec l’Union est, comme de coutume, présenté comme un avantage pour les Britanniques. Selon cette rhétorique, l’Europe aurait davantage à perdre de l’établissement de barrières douanières que Londres. Une autre vision consiste à mettre en regard le fait que 46 % des exportations du Royaume-Uni sont destinées à l’Europe tandis que le Royaume-Uni ne représente que 5 % du commerce extérieur des Vingt-Sept.

La question du statut des expatriés

Le Livre blanc décrit la City de Londres comme « la seule plate-forme [financière] mondiale dont continuera de dépendre l’UE ». L’Union aurait donc intérêt à rechercher « des arrangements en vue d’une coopération mutuelle ». Sur la question sensible du futur statut des expatriés, le document s’en tient à la position connue depuis des semaines : Londres souhaite stabiliser « à la première occasion » le droit au séjour et au travail des Européens. Mais le gouvernement britannique, faisant mine d’oublier qu’il est en position de demandeur et que les Vingt-Sept souhaitent négocier collectivement ce dossier, assure que « cela n’a pas été possible » jusqu’à présent faute d’une garantie de réciprocité pour ses ressortissants.

Affirmant que les droits sociaux liés à l’UE seront préservés pour les travailleurs britanniques, Downing Street affirme même que le Royaume-Uni est plus généreux que l’Europe en matière de congés, au prix d’une erreur cocasse dans un croquis du Livre blanc, selon lequel les salariés britanniques bénéficient de 14 semaines de congés payés par an (au lieu de 5,6 en réalité). Le document affirme enfin que les étudiants européens continueront de pouvoir venir étudier au Royaume-Uni, mais il reste muet sur l’accès des travailleurs.

Tandis que le ministre du Brexit, David Davis, affirme que « le meilleur est à venir » pour le Royaume-Uni, les travaillistes prétendent que le Livre blanc « ne dit rien ». Ils protestent contre sa publication tardive, au lendemain du vote donnant carte blanche à Theresa May pour engager le Brexit. Centré sur l’avenir des relations économiques et commerciales avec le continent, obsession logique des autorités britanniques, le document est en revanche presque muet sur le coût de cette procédure de divorce, premier point crucial de la négociation qui va s’ouvrir. La somme dont doit s’acquitter Londres pour solder les nombreux comptes et chantiers en cours, y compris la retraite de ses fonctionnaires européens, est estimée entre 40 milliards et 60 milliards d’euros. « Il se peut que nous souhaitions participer à des programmes européens, indique le document. Dans ce cas, il serait raisonnable que nous contribuions de façon appropriée ». Mais « une fois que nous aurons quitté l’UE, ajoute le Livre blanc à l’adresse des électeurs et contribuables britanniques, nous ne serons plus contraints de contribuer largement au budget de l’UE ».

Leave A Reply