L’auto-stoppeur français qui ne s’est pas fait que des amis en Nouvelle-Zélande

L'auto-stoppeur français qui ne s'est pas fait que des amis en Nouvelle-Zélande

Le Monde
| 23.09.2016 à 15h05
Mis à jour le
23.09.2016 à 16h05
|

Par Le Monde.fr

Il suffit d’un bizarre incident au bord d’une route impliquant un auto-stoppeur français coincé et excédé, d’habitants distants et possiblement hostiles et du pouvoir viral du Web pour qu’une histoire qui aurait pu être anecdotique prenne des proportions ridicules.

Un Français de 27 ans, Cédric Rault-Verpre, a dû se rendre cette semaine devant deux tribunaux de Nouvelle-Zélande, où il est accusé d’avoir détruit des panneaux de signalisation et insulté les habitants de la petite localité de Punakaiki, dans l’ouest de l’île du Sud de nouvelle-Zélande. Son explosion de colère est due au fait qu’il a attendu quatre jours que quelqu’un s’arrête pour le prendre en voiture, sans succès.

Le Français, qui habitait depuis près d’un an sur l’île nord de l’archipel, ne s’est pas du tout entendu avec les Néo-Zélandais du Sud. Il dit avoir été ostracisé et parfois insulté pendant sa longue attente au bord d’une route. Les habitants, eux, l’accusent de s’être comporté « comme un gâté de la génération Y », selon l’expression « d’un opérateur touristique local », un certain Neil Mouat.

« Il était couché sur la route, à un angle mort, où les voitures auraient pu le percuter. Il faisait une crise. »

Le même Neil Mouat, interrogé par le Guardian, donne plus de détails :

« Il criait que les Néo-Zélandais étaient des connards et qu’il avait hâte de rentrer en Europe (‘). Le problème est qu’il faisait du stop au mauvais endroit, les voitures auraient eu du mal à s’arrêter. »

Neil Mouat, toujours, décidément une bonne source pour la presse locale dans cette histoire, donne son verdict :

« C’est quelqu’un qui donne l’impression de croire que tout lui est dû. Il n’a pas montré le meilleur visage de la France. »

« Nazi-zélande », insultes gratuites et procès médiatique

Dénoncé pour son esclandre, Cédric Rault-Verpre a dû se rendre, le 20 septembre, devant un tribunal de Greymouth. Il a reconnu la destruction de la propriété publique avoir arraché un panneau et l’avoir lancé dans un fleuve mais n’était pas d’accord sur le montant des dommages, estimés à 3 000 dollars néo-zélandais (1 974 euros). Son histoire commençant à faire du bruit dans l’archipel, les médias l’attendaient.

En sortant, il s’est plaint de l’absence d’un juge et dans la plus grande tradition française, a décidé d’envenimer la situation avec un bon mot hautain :

« Vous devriez changer le nom Nouvelle-Zélande en Nazi-Zélande. »

Devant les réactions excitées de la presse, il complète :

« J’ai voyagé dans plus de quatre-vingts pays. J’ai été dans les pires parties des Etats-Unis. Le pire Américain n’est pas un connard comme un Néo-Zélandais. »

Reprenant juste l’expression « Nazi-Zélande », la presse locale tenait déjà quasi tous ses articles sur l’arrogant auto-stoppeur français. L’insulte facile contre tous les Néo-Zélandais était le bonus. Journaux et télévisions ne se sont pas privés d’en faire des tonnes. Lorsque notre compatriote est apparu pour la deuxième fois devant un tribunal, le 23 septembre à Christchurch, la couverture médiatique était considérable.

Des paparazzis qui le mitraillent, des duplex en direct, comme s’il s’agissait d’une affaire de la plus haute importance. La procureure fait encore monter la pression en annonçant que Cédric Rault-Verpre est aussi accusé d’avoir volé un sac de couchage d’une valeur de 1 000 dollars néo-zélandais dans un magasin d’Auckland pendant son séjour.

Son amende augmente, son passeport est confisqué. Il obtient une libération sous caution jusqu’à ce qu’« une personne externe », selon son avocat commis d’office, paie l’amende.

Libre, le Français quitte le tribunal avec son sac de voyage sur le dos, visiblement excédé, suivi d’une meute de journalistes qui lui demandent « s’il a quelque chose à dire aux Néo-Zélandais » ou « s’il a envie de s’excuser ». Apparemment, pas trop. L’avocat qui l’accompagne dit que son client est surpris de la dimension mondiale qu’a prise cette histoire et pense que c’est « une blague ». Le Français jure qu’il quittera « le plus vite possible » le pays, où il résidait avec un visa de travail.

La rupture est consommée entre le Français globe-trotteur, ou au moins l’image qu’ont renvoyée de lui les médias, et les habitants de l’archipel. Tony Kokshoorn, maire du district où se trouve Punakaiki, semble parler pour l’ensemble de ses compatriotes lorsqu’il déclare :

« Si nous avions le pouvoir de bannir une personne, nous l’utiliserions certainement contre lui. »

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