La victoire de François Fillon prend François Bayrou à contrepied

La victoire de François Fillon prend François Bayrou à contrepied

Le président du MoDem et soutien d’Alain Juppé pour la primaire de la droite a réagi, sceptique, au succès de l’ancien premier ministre dimanche soir.

Le Monde
| 27.11.2016 à 23h06
Mis à jour le
28.11.2016 à 01h24
|

Par Patrick Roger

Ce ne serait pas la première fois que, malgré des intuitions justes, François Bayrou se trompe de diagnostic. Le résultat de la primaire de la droite, dimanche 27 novembre, le prouve encore une fois. Le président du MoDem avait de longue date annoncé qu’il refusait d’y participer, considérant que la dynamique induite par cet exercice conduisait à favoriser « le plus simpliste ». Dans son esprit, cela revenait à dire que ce devrait être Nicolas Sarkozy son ennemi préféré qui en tirerait avantage.

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Pour autant, le président du MoDem avait encouragé ses sympathisants à participer au vote et avait clairement pris position en faveur d’Alain Juppé. Jusqu’à affirmer que, si ce dernier n’était pas désigné, il prendrait « à l’instant » ses responsabilités, laissant ainsi planer l’hypothèse d’une quatrième candidature à l’élection présidentielle si Sarkozy était élu. Oui mais voilà, les choses ne se sont pas passées comme prévu et c’est François Fillon qui a réussi à capter largement le vote de l’électorat de droite. Exit Sarkozy mais Juppé aussi est poussé vers la sortie.

« Des sujets qui n’ont pas été traités »

Voilà qui est beaucoup plus embêtant pour Bayrou, car Fillon n’est pas Sarkozy et, comme il le reconnaît lui-même dans un communiqué publié dans la soirée du dimanche 27 novembre, le résultat est « sans ambiguïté ». Lui reste-t-il, dans ces conditions, un espace pour se présenter à nouveau ‘ Rien n’est moins sûr. Certes, les divergences ne manquent pas mais est-il encore porteur d’une alternative et dispose-t-il encore des ressources pour le faire ‘

Pour l’instant, le maire de Pau se garde bien de franchir le pas. « Le projet qui a été annoncé par François Fillon a été au point de rencontre de la droite. La question est de savoir s’il est au point d’équilibre qu’exige l’avenir de notre pays », souligne-t-il, mettant en avant « des sujets qui n’ont pas été traités » : « L’avenir de l’Union européenne, la sauvegarde d’une ambition sociale, la question de l’environnement et du durable, les nouvelles conditions du travail, la situation des jeunes et leur futur. »

Il affirme, « dans les semaines qui viennent », vouloir travailler à ces questions. La formulation floue permet de n’exclure aucune hypothèse. Il semble ainsi signifier que le programme du candidat sorti vainqueur de la primaire de la droite n’est pas le plus à même de contribuer au rassemblement qu’il juge nécessaire pour « réussir l’alternance dont la France a besoin ». Mais les regrets ne forgent pas une volonté. Après Sarkozy et Juppé, peut-être cette primaire a-t-elle aussi sonné pour Bayrou le clap de fin.

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