La demande d’asile a augmenté de 20 % par rapport à 2015

La demande d'asile a augmenté de 20 % par rapport à 2015

Le Monde
| 08.09.2016 à 17h52
Mis à jour le
08.09.2016 à 19h20
|

Par Maryline Baumard

La demande d’asile en France s’accélère en 2016. Ce n’est pas un raz-de-marée, certes, mais sur les huit premiers mois de l’année, le nombre de requérants a augmenté plus rapidement qu’en 2015. Entre janvier et août, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a enregistré 19,3 % de dossiers de plus que durant la même période en 2015.

Le taux d’acceptation est lui aussi à la hausse. Ainsi, 27,7 % ont obtenu le statut de réfugié lors de l’examen de leur dossier par l’Ofpra et 9 % après un recours auprès de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), selon des données de l’Ofpra. Ce qui fait un total de 36,7 % de taux d’acceptation, après procédure d’appel (contre 6 points de moins sur les huit premiers mois de 2015). Peu à peu, la France se rapproche donc de la moyenne européenne d’octroi du statut, qui est de 45 % selon Eurostat.

Les Afghans, qui sont massivement arrivés à Paris et à Calais durant l’hiver, se classent en tête des demandeurs et leur nombre a flambé de 726 % entre janvier et août. Les Haïtiens les talonnent, suivis par les Soudanais, les Albanais et les Syriens.

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1 656 réfugiés accueillis sur les 30 000 annoncés

Compte tenu de cette hausse du nombre de dossiers à traiter, à l’heure actuelle, l’Ofpra n’améliore plus sa rapidité de traitement des dossiers. Pascal Brice, son directeur général, souligne qu’« il est plus que jamais nécessaire de privilégier la sécurité des dossiers ». Déclarer réfugié un étranger qui serait en lien avec des milieux terroristes serait une « catastrophe absolue » aux yeux de ce défenseur de la Convention de Genève.

Si ses services sont occupés par cette augmentation des piles de dossiers, ils sont aussi largement sollicités pour mener à bien la relocalisation à laquelle la France s’est engagée. Afin de soulager les pays de première arrivée en Europe que sont la Grèce et l’Italie, le chef de l’Etat avait promis que 30 000 réfugiés provenant de ces deux terres seraient accueillis en France avant fin 2017.

Seuls 1 656 sont arrivés à ce jour, auxquels s’ajouteront 333 nouveaux venus avant fin septembre, précise la Direction générale des étrangers de France (DGEF). 1 870 personnes, jugées vulnérables par le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) s’additionnent à ce comptage, en tant que « réinstallés ». Officiellement, le gouvernement se réjouit que la France soit l’une des meilleures élèves pour ces opérations. Reste qu’au rythme de 400 relocalisations mensuelles, le décompte promis ne sera pas atteint avant la deadline.

Echec pour l’Italie et la Grèce

En Italie, cette répartition vers les autres pays d’Europe ne fonctionne quasiment pas. Au point que les Erythréens, une des nationalités qui peuvent en bénéficier, éludent la procédure et préfèrent se retrouver à Calais, pour choisir le pays où ils veulent s’installer.

En Grèce, la procédure est très lente car les candidats à une relocalisation doivent d’abord être enregistrés en tant que demandeur d’asile par la Grèce avant de passer dans le dispositif européen. Or, la Grèce manque cruellement de moyens et il n’est pas rare qu’elle perde la trace des migrants enregistrés. L’Europe observe, se désole, mais lui offre d’autant moins les moyens d’aller plus vite que les places dégagées dans les pays ne sont pas légion.

Ainsi, la France pourrait accélérer ce processus si elle se donnait les moyens de loger les relocalisés. Mais aujourd’hui, entre la volonté de vider Calais et celle de respecter les accords européens, on ne sait plus où est la priorité.

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