Kazuki Yazawa un moine bouddhiste aux JO de Rio

Kazuki Yazawa un moine bouddhiste aux JO de Rio

Le Monde
| 05.08.2016 à 14h34
Mis à jour le
05.08.2016 à 14h35
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Par Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)

A 27 ans, le canoéiste japonais, qui participe à ses troisièmes Jeux olympiques, a embrassé la religion sur le tard. Véritable vocation ou simple opportunisme ‘

A Pékin, il n’avait pas dépassé la 18e place. A Londres, il avait fini 9e, un record pour un Japonais aux JO. Après les Jeux britanniques, âgé de 23 ans, Kazuki Yazawa a commencé à se poser des questions sur son avenir. Confronté, malgré ses résultats encourageants, à la difficulté de trouver des sponsors, il a entrepris de chercher un emploi stable. La solution est venue de Kenei Koyama, président de l’association de canoë de Nagano. Très engagé aux côtés des sportifs, l’homme est également le supérieur d’un temple dépendant du fameux Zenko-ji, le c’ur du bouddhisme de Nagano établi au VIIe siècle, qui reste un important lieu de pèlerinage de l’Archipel.

« Quand je suis devenu moine, c’était pour en faire mon travail. Le canoë devait être réservé au temps libre. » Kazuki Yazawa

Kenei Koyama connaît bien Kazuki Yazawa et l’a toujours soutenu. Pour l’aider à surmonter ses doutes, il a convaincu le champion, qui n’était pourtant guère intéressé par les questions religieuses, de devenir lui aussi moine bouddhiste. Et le sportif de s’engager dans cette nouvelle voie. A l’été 2013, après deux mois de formation au temple Enryaku-ji installé sur le mont Hiei, au nord-est de Kyoto (Ouest du Japon), et dépendant de la secte Tendai, il est revenu à Nagano pour exercer son noviciat au temple Daikanjin, dépendant du Zenko-ji.

Cette vocation nouvelle l’a incité à mettre sa carrière entre parenthèses. « Je n’ai jamais eu l’intention de trouver un équilibre entre les deux, a-t-il déclaré à l’agence AP. Quand je suis devenu moine, c’était pour en faire mon travail. Le canoë devait être réservé au temps libre. » Sa vie est aujourd’hui rythmée par les prières et l’apprentissage de son futur office. Levé avant l’aube, il passe la matinée à réciter les sutras et s’habitue à rester de longues heures « assis » en seiza, à genoux.

A 15 heures, quand ses devoirs religieux sont terminés, il quitte sa robe de moine, enfile une tenue de sport et file s’exercer sur la rivière Saigawa. Le temps passé à s’entraîner sur l’eau, une heure et demie par jour, suivi d’un jogging ou d’une séance de musculation, ne dépasse pas la moitié de celui qu’il consacrait au canoë avant les JO de Londres.

Seulement, comme sa s’ur Aki, qui sera elle aussi à Rio pour les épreuves de K1, Kazuki Yazawa reste un compétiteur. Sa victoire au tournoi national de slalom du Japon en 2015 l’a replacé en position favorable pour participer aux Jeux. Ce qu’il va faire au sein de l’équipe japonaise, entraînée depuis 2009 par le Slovaque Milan Kuban.

A Rio, il lui faudra sans doute réduire le temps alloué à ses devoirs religieux. Cela ne semble pas perturber ses supérieurs qui lui accordent leur soutien total. « Rien n’a plus de valeur qu’une victoire, souligne Kansho Kayaki, supérieur adjoint du Daikanjin. Quel que soit le résultat, nous espérons qu’il restera en forme, évitera les blessures et ira au bout des Jeux. »

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