Jusqu’au 13 août guettez les étoiles filantes autour de Persée

Jusqu'au 13 août guettez les étoiles filantes autour de Persée

Pour admirer au mieux les étoiles filantes de l’essaim des Perséides, vous devez vous éloigner des sources de pollution lumineuse et attendre le coucher de la Lune en milieu de nuit.

Les étoiles filantes de l’essaim des Perséides ont des trajectoires parallèles, mais, à cause du mouvement de la Terre et de la perspective, nous avons l’impression qu’elles rayonnent autour d’un point précis de la constellation de Persée ; ce point est appelé le radiant. Un montage comme celui-ci est spectaculaire, mais il peut être trompeur, car il réunit plusieurs dizaines d’étoiles filantes qui se sont succédées durant plusieurs heures, voire plusieurs nuits. Vous ne verrez pas cette « pluie d’étoiles filantes » à l »il nu, mais un tel assemblage permet de bien mettre en évidence le radiant de l’essaim. Vous pouvez comparer cela à l’impression de voir les flocons d’une averse de neige s’écarter devant votre véhicule lorsque vous conduisez la nuit. Ce magnifique montage a été réalisé par l’astrophotographe tchèque Petr Horálek avec des images prises en août 2015 ; consultez son site pour en savoir plus sur sa technique.© Petr Horálek

La course annuelle de la Terre autour du Soleil n’est pas un long fleuve tranquille. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’espace interplanétaire est loin d’être totalement vide, il est encombré par d’immenses courants de poussières d’origine cométaire que traverse régulièrement notre planète. Lorsque nous approchons de ces courants, les éclats lumineux fugaces qui apparaissent lorsque des grains de poussières de dimensions microscopiques à centimétriques entrent en collision avec la haute atmosphère se multiplient. Si notre vaisseau planétaire ne fait que frôler une zone poussiéreuse, le résultat visuel n’est pas très impressionnant, mais s’il plonge en plein c’ur d’une veine particulièrement riche, le spectacle peut devenir somptueux, les étoiles filantes striant la voûte céleste au rythme de plusieurs par minutes.

En arrivant avec une très grande vitesse relative dans la haute atmosphère terrestre pour les Perséides, la vitesse relative est de 59 km/s, soit plus de 212 000 km/h ! les grains cométaires, qui ont approximativement la densité d’un grain de café soluble, commencent à interagir avec les atomes et les molécules d’azote et d’oxygène présents entre 160 km et 120 km d’altitude, à la limite de la thermosphère et de la mésopause. « Une onde de choc se forme en amont du grain car sa vitesse est supersonique dans l’atmosphère, précise Guillaume Aulanier, astronome et directeur de la formation à l’Observatoire de Paris. Le choc produit d’abord une compression, qui se traduit par un chauffage brutal de l’air. Ce dernier devient alors luminescent, d’où la trainée allongée. Et, ensuite, c’est le contact avec les particules atmosphériques à très haute température qui produit à son tour un chauffage, puis une vaporisation du grain. »

Avec le temps, les astronomes ont fini par associer ces courants à telle ou telle comète et, en affinant leur connaissance des trajectoires cométaires et de la dynamique des poussières dispersées en fonction de leur masse, ils ont commencé à développer des modèles pour calculer où et quand notre planète avait le plus de chances de heurter des poussières en abondance. Rien n’est simple ici car, naturellement, tout bouge dans l’espace ; les trajectoires des comètes peuvent être perturbées par l’attraction gravitationnelle des planètes qu’elles croisent et les poussières qu’elles rejettent ne sont donc pas toujours exactement où l’on pensait les trouver. Plus qu’un unique flux de poussière gainant l’orbite de chaque comète, il faut se représenter une sorte de faisceau de courants diffus, chacun associé à un passage de la comète et évoluant lentement au gré de la masse des poussières et des perturbations gravitationnelles qu’elles subissent. Des simulations numériques de plus en plus précises permettent à présent aux astronomes de publier régulièrement des sortes de bulletins « météorologiques » des essaims d’étoiles filantes, mais, comme pour les nuages et les perturbations, ce que l’on observe ne correspond pas toujours à ce qui avait été annoncé !

Cet été, la Terre va traverser comme tous les ans le courant poussiéreux de la comète 109P Swift-Tuttle qui donne naissance aux étoiles filantes de la mi-août, les fameuses Perséides qui semblent rayonner autour de la constellation de Persée et que l’on surnomme parfois les « larmes de Saint-Laurent ». La comète 109P Swift-Tuttle revient tous les 135 ans virer autour du Soleil et son dernier passage remonte à 1992, elle est donc repartie depuis longtemps vers les confins du Système solaire et il n’y a aucun risque de collision de la Terre avec son noyau. Notre planète est entrée en contact avec les zones les plus externes de son courant poussiéreux depuis plusieurs jours et des étoiles filantes sont déjà visibles autour de la constellation de Persée ; si vous avez observé le ciel la semaine dernière lors des Nuits des étoiles, vous avez certainement pu admirer quelques jolies flèches argentées.

D’après les calculs des astronomes, la Terre doit atteindre la zone la plus dense du courant le vendredi 12 août vers 13 h, heure de Paris. Cet horaire n’est pas favorable aux observateurs européens et semble privilégier ceux des longitudes américaines, cependant, plusieurs spécialistes de la dynamique des courants de poussières cométaires annoncent que notre planète pourrait traverser un autre courant quelques heures auparavant, durant la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 août, ce qui, pour le coup, favoriserait les Européens. Les astronomes Jérémie Vaubaillon, Mikhail Maslov et Esko Lyytinen ont annoncé que ce sursaut d’activité devrait durer quelques heures et serait centré sur 1 h, heure de Paris, mais ils ne sont pas tout à fait d’accord sur son intensité. Le Russe Mikhail Maslov et le Finlandais Esko Lyytinen s’attendent à un doublement du nombre d’étoiles filantes, qui pourrait atteindre 150 étoiles filantes par heure dans les meilleures conditions d’observation, alors que le Français Jérémie Vaubaillon (IMCCE) pense que le sursaut sera plus modeste, de l’ordre d’une vingtaine d’étoiles filantes en plus de ce que l’on peut voir habituellement dans les bons sites. Il faut préciser que ces trois spécialistes ont déjà annoncé des sursauts ces dernières années et que les observations leur ont donné raison à plusieurs reprises. Ces estimations correspondent au nombre d’étoiles filantes visibles depuis un site offrant un ciel noir parfait et avec la constellation de Persée au zénith.

Carte du ciel visible mi-août en milieu de nuit en Europe et dans le monde entre 38° et 52° de latitude nord. La constellation de Persée est observable au-dessus de l’horizon nord-est. Vous pouvez lire des conseils pour l’utilisation de cette carte dans ce billet.

Dans tous les cas, si vous voulez voir des étoiles filantes, vous devez impérativement vous éloigner des sources de pollution lumineuse qui éclairent le fond du ciel, gommant les astres les moins brillants, et choisir un site offrant une vision dégagée sur la voûte céleste. Cette année, l’éclat lunaire est gênant en début de nuit, mais la face gibbeuse éblouissante de notre satellite naturel circule au sud-ouest de la voûte céleste et vous pouvez lui tourner le dos pour regarder la constellation de Persée qui s’élève dès la fin du crépuscule au-dessus de l’horizon nord-est. Utilisez la carte pour repérer Persée ; elle montre la position des constellations observables entre 38° et 52° de latitude nord en milieu de nuit. La constellation de Persée et les étoiles filantes de l’essaim des Perséides sont également bien visibles sous le tropique du Cancer ; au sud de l’équateur, elles se rapprochent de l’horizon nord et sont de plus en plus délicates à observer.

Vous n’avez pas besoin de jumelles, de lunettes ou de télescopes pour admirer les étoiles filantes. Comme on ne sait jamais précisément à l’avance où apparaîtra la prochaine les très grandes et les plus éclatantes sont parfois très éloignées de la figure de Persée, comme vous pouvez le constater sur le montage de Petr Horálek qui ouvre ce billet , le meilleur mode d’observation est de s’allonger sur une couverture ou de s’asseoir dans une chaise longue et de garder les yeux ouverts en discutant paisiblement avec quelques proches dans la douceur de la nuit aoûtienne.

Guillaume Cannat (pour être informé de la parution de chaque nouvel article, suivez-moi sur Twitter, sur Facebook ou sur Google+)

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