Hazebrouck , elle habite à côté d’une église en ruine et vit un calvaire
Jeannine Bodo compare cela à un «
petit tremblement de terre
» : «
Je dormais en bas, se rappelle-t-elle. Et d’un seul coup, ça a tremblé, il y a eu un grand boum.
»
On était le 12 avril 2015, il était aux alentours de 6 h du matin et une partie du plafond de l’église qui touche la maison de Jeannine venait de s’effondrer. Le début des ennuis pour cet édifice et pour l’Hazebrouckoise.
Car, jusqu’à ce jour, tout allait bien dans sa nouvelle maison, affirme Jeannine Bodo. C’est en2014 que cette femme originaire de Bourbourg, qui a eu des soucis de santé, a déménagé dans la cité du marais aux lièvres pour se rapprocher de sa fille. En août 2014, elle avait eu le coup de c’ur pour cette petite maison d’un quartier calme d’Hazebrouck, mitoyenne à la jolie petite église. «
Je ne connaissais pas le quartier, la maison était saine, on a tout rénové à l’intérieur
», se remémore Jeannine Bodo.
Patatras après l’effondrement. Jeannine Bodo a d’abord vu, dit-elle, des «
petites araignées blanches courir
» le long de son mur, celui mitoyen avec l’église. Puis ce qu’elle appelle des «
cloportes
» et enfin «
des vers blancs
» sur le pas de sa porte. Un enfer. Et pour elle, pas de doute, cela vient de «
la pourriture cubique
» (le mérule) trouvée à l’intérieur de l’église.
Aujourd’hui, l’Hazebrouckoise dit qu’elle n’en peut plus. Elle ne cesse de harceler la mairie pour que des travaux soient faits au plus vite. Cette dernière a bien envoyé une entreprise de désinfection et de traitement des petites bêtes en août 2015, mais l’habitante aimerait surtout que l’église soit rénovée. Complètement. Que le mérule, ce champignon qui ronge les bâtiments humides, soit éradiqué définitivement avant qu’il n’arrive chez elle.
Autre grief : le relogement. L’Hazebroukoise aimerait être relogée «
dans les mêmes conditions
» le temps de travaux : elle craint qu’un tel chantier ne provoque des problèmes chez elle et pour sa santé. «
On m’a proposé un appartement, j’ai dit non. Et puis, cette église, les habitants du quartier y tiennent, il y a une école à côté, il faut qu’elle soit vite rénovée.
»
Sacré-C’ur: une situation enlisée, victime de la crise municipale’
C’est une situation assez surréaliste que celle concernant l’église du Sacré-C’ur. Car, en février, une délibération était votée au sein du conseil municipal d’Hazebrouck pour lancer une étude sur le chantier’ Or aujourd’hui, six mois après, rien n’a bougé. Le dossier donne l’impression de s’être perdu en route.
Premier interlocuteur : Jean-Pierre Bailleul. Celui qui porte encore le titre de premier adjoint (il n’a quasiment plus de délégations mais n’a pas démissionné) avait suivi de près le sujet. Aujourd’hui, il milite pour que des travaux soient menés au plus vite’ Situation ubuesque : l’élu a écrit à plusieurs reprises à son propre DGS (directeur général des services municipaux) pour demander où en était le dossier ! «
Il y a des délibérations comme ça qui n’aboutissent pas, commente, dépité, l’Hazebrouckois. Ou alors qu’on nous dise carrément qu’on ne veut plus le faire ! On m’interpelle régulièrement pour savoir où en est l’église.
»
Aujourd’hui, c’est Philippe Gantois, conseiller délégué, qui a repris la main sur le sujet. La réponse qu’il apporte à La Voix du Nord est tout aussi sidérante : selon lui, ce sont les services de la mairie qui n’ont toujours pas lancé l’appel de marché pour l’étude (au bout de six mois) ! N’est-ce pas le rôle des élus de s’assurer que leurs décisions soient mises en pratique «
Le cahier des charges a été validé début 2016, on s’impatiente ! Ce n’est pas faute de relancer’ On nous répond qu’il y a d’autres priorités
», indique Philippe Gantois.
L’église du Sacré-C’ur victime de conflits politiques On finirait par le penser. Philippe Gantois préfère ne pas commenter.
Au moins un an de délai
L’édifice risque de se dégrader encore un petit moment. Même si le marché pour l’étude est lancé au plus vite, il faudra quelques semaines pour les réponses, puis inscrire les travaux au budget, aller chercher des financements’
Pour cela, les élus veulent demander l’appui de la Fondation du patrimoine pour lancer une souscription.
Il faudra donc compter en mois, voire en années, pour espérer une réouverture de l’édifice. Pour lequel, pourtant, beaucoup sont prêts à se battre. Pour conserver ce pan de patrimoine, pivot du quartier des Tissages.
Des risques pour l’école’
En 2015, une partie du plafond s’effondrait (il y avait, depuis longtemps, un périmètre de sécurité). Une autre partie, au fond, s’est effondrée quelques semaines après. Quant au clocher, il a triste mine. Y a-t-il des risques pour la cour de récréation de l’école privée Saint-Jules juste à côté Selon la mairie, le clocher a été vérifié cet été.
À long terme, une réflexion serait en cours sur son devenir : il pourrait disparaître. Isabelle Beuraert, adjointe à l’environnement, songerait à y installer un nichoir pour oiseaux.
Mérule: des travaux en septembre
Si des travaux définitifs concernant la réfection de l’église ne vont pas aboutir tout de suite (lire ci-contre), un chantier va déjà être mené en septembre contre le mérule.
Apparemment, le champignon qui ronge l’église du Sacré-Coeur n’a pas touché tout l’édifice et il reste dans une forme « passive » (en d’autres termes, il ne prolifère pas). Néanmoins, il faut rendre le lieu complètement sain avant d’entreprendre d’autres travaux.
Le chantier devrait donc débuter mi-septembre et durer aux alentours de trois semaines.
C’est l’entreprise STAEL, qui était déjà intervenue à Saint-Éloi, qui prendra en charge ce chantier : du produit fongicide sera injecté à intervalles réguliers dans le mur.
Relogement
Dans l’intervalle, Jeannine Bodo devrait être relogée, assure aujourd’hui la mairie
Les travaux
A priori, il faut quasiment tout refaire dans l’église : toiture, charpente, menuiseries, électricité. La facture pourrait donc s’élever à plusieurs centaines de milliers d’euros.