Gazette de l’Euro , ni une  fête de famille  ni un match entre deux joueurs

Gazette de l'Euro , ni une  fête de famille  ni un match entre deux joueurs

Le Monde
| 06.07.2016 à 06h41
Mis à jour le
06.07.2016 à 07h51
|

Par Erwan Le Duc

Il y aura un match dans le match entre deux mégastars du football mondial et coéquipiers au Real Madrid : Cristiano Ronaldo pour le Portugal et Gareth Bale pour le Pays de Galles. « Ce n’est pas seulement entre deux joueurs. C’est entre deux nations, onze hommes contre onze hommes », a relativisé le Gallois lundi.

Disons qu’il parle pour lui, puisqu’en face des Dragons il y aura certes onze hommes mais surtout un triple Ballon d’or, et en quête d’un quatrième. Ronaldo pourrait au passage devenir le meilleur buteur de l’histoire de l’Euro  il a marqué huit buts en quatre éditions, à une unité de Michel Platini, neuf buts’ en une édition.

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« Nous sommes le petit poucet. (‘) A nous de ne pas être trop gentils. Je n’ai aucun doute sur les capacités de mon équipe. Mes joueurs ne font pas semblant », a martelé le sélectionneur gallois Chris Coleman, mardi en conférence de presse. Ils avaient pourtant d’autres plans pour ce début d’été.

Après le concert de Beyoncé à Cardiff raté par Neil Taylor pour cause de quart de finale, c’est au tour du latéral Chris Gunter d’être privé du mariage de son frère en raison du match contre la Selecçao. Le Gallois, qui devait être le témoin du marié, a annoncé qu’il ferait son discours par Skype’ Le frangin sera peut-être surpris (ou pas) de constater que ses parents ont préféré rejoindre Lyon pour encourager les Dragons.

« Maman est un peu ennuyée de devoir choisir’ Ça a provoqué un tel chaos, vous ne pouvez pas imaginer les problèmes que ça a causé’ », a précisé Gunter, tout en expliquant que son frère était « fine with it », tout à fait tranquille. Le site Walesonline a vite dégainé un sondage : « Seriez-vous prêt à rater un mariage à cause de Pays de Galles-Portugal ‘ » Vous n’êtes pas obligé d’y répondre.

En attendant les résultats de ce nouveau référendum, vous pouvez toujours apprendre quelques expressions de la vie de tous les jours en gallois, comme « Wnco mwnco » (lui là-bas), « Onco fonco » (elle, là-bas), « Twmffat » (idiot), ou « Rhoi’r ffidil yn y tô » (littéralement, mettre le violon sur le toit, mais qui voudrait dire « laisser tomber »). Vraiment, c’est plaisant.

L’Observatoire du football CIES se mettra au gallois plus tard, quand il n’aura plus de score du jour à fournir pour cette gazette. Celui de ce Portugal-Pays de Galles est de 7 à 3. Les joueurs de la Selecçao évoluent dans des clubs situés dans sept pays différents : Portugal (8), France (5), Espagne (3), Turquie (3), Angleterre (2), Croatie (1) et Allemagne (1). Les Gallois se concentrent sur trois championnats : Angleterre (20), Ecosse (2) et Espagne (1).

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France-Allemagne (21 heures, à Marseille). Avant de rentrer demain dans le vif du sujet, quelques lectures pour se préparer à cette moitié de finale. Un peu d’histoire d’abord, en revenant avec notre journaliste Maxime Goldbaum sur la seule victoire tricolore contre la Mannschaft lors d’un grand tournoi.

« Séville, Schumacher, Guadalajara, Maracana’ il y a des noms, des lieux qui, dans la mémoire collective du football français, sont autant de plaies encore ouvertes. Mais tous les affrontements franco-allemands n’ont pas connu une issue malheureuse pour les Tricolores. » Au Mondial 1958, les Bleus de Just Fontaine ont battu l’Allemagne 6-3. Bon, c’était pour la petite finale’

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Poursuivons avec l’analyse de notre chroniqueur à cheval sur le Rhin, Albrecht Sonntag, qui explique dans son article « Restons amis, bitte schön », que le « football du XXIe siècle n’est plus autant parasité par l’histoire extra-sportive que celui du XXe ». « Il y a deux ans, quand Français et Allemands se sont rencontrés au Maracaña, la frénésie commémorative a frôlé l’overdose. On souhaite aux Bleus de rester dans leur bulle et d’éluder stoïquement, avec un haussement d’épaules, les questions histoire-géo en conférence de presse. »

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Et terminons avec une petite revue de presse de nos camarades de Courrier international, où l’on découvre que les médias allemands sont d’une part un peu inquiets à l’idée d’affronter le quatuor de « galactiques » formé par Antoine Griezmann, Dimitri Payet, Olivier Giroud et Paul Pogba. Mais ils n’oublient pas, d’autre part, que « la victoire n’est pas une spécialité française », comme le dit joliment le Tageszeitung. Le quotidien berlinois rappelle toutefois, en citant le dramaturge Heiner Müller, que « la culture vient des perdants et de la défaite. C’est cela qui produit de la culture. Les vainqueurs n’ont encore jamais produit de culture. »

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« C’est mignon de voir les enfants jouer sur la pelouse mais c’est un championnat d’Europe, ce n’est pas une fête de famille. Un stade n’est pas l’endroit le plus sûr pour des petits enfants. » Martin Kallen est directeur général de l’Euro 2016 pour l’UEFA et il n’a pas peur de passer pour un affreux rabat-joie.

Sans même penser au mariage du pauvre frère de Chris Gunter, M. Kallen regrette l’habitude prise par les joueurs gallois de laisser leurs bambins les rejoindre sur la pelouse à l’issue des matchs. Après le huitième contre l’Irlande du Nord (1-0), on avait pu voir la fillette de Gareth Bale gambader sur la pelouse du Parc des Princes, tandis que les supporteurs célébraient les buts marqués par d’autres enfants de joueurs qui s’amusaient sur le gazon. « Cela fait de belles photos. Nous ne sommes pas à 100 % contre, mais nous sommes prudents car nous devons garantir la sécurité », a précisé M. Kallen.

Les Islandais sont rentrés au pays en héros, accueilli par un bon gros « clapping ».

Pour le plaisir.

Et le meilleur de deux mondes.

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