Foot , l’ancien coach Luc Lagouche prend sous son aile une équipe dans les bidonvilles du Kenya

Foot , l'ancien coach Luc Lagouche prend sous son aile une équipe dans les bidonvilles du Kenya

Dix pages dans L’Équipe Mag
! La consécration pour les Blacks Stars, l’équipe de foot de Kibera, immense bidonville au c’ur de Nairobi. À plus de 10 000 km de Cambrai, la ville natale de leur entraîneur Luc Lagouche, et de son club phare l’ACC, où il a touché ses premiers ballons. «
C’est le club de ma jeunesse ; j’y ai même entraîné les pupilles. Mon père en est toujours le secrétaire général et ma mère s’occupe du club house
», raconte par téléphone l’instituteur, à l’ombre d’un acacia, au milieu de la brousse. La communication est sans friture. On en profite pour remonter le fil de son parcours.

Luc a toujours été fasciné par l’Afrique. Devenu instituteur, il part à 23 ans faire son service militaire civil en coopération à l’école française de Kano, au nord du Nigéria. C’était en septembre 1995. Il n’est jamais rentré en France depuis, sinon une fois l’an en moyenne, pour voir la famille et l’ACC jouer. «
Je pense être définitivement perdu pour la civilisation
», plaisante-t-il.

Un espoir social

Au Nigéria, le jeune enseignant découvre la vie dans un bidonville, la crasse, la violence et le fanatisme religieux. «
Les enfants jouaient au foot sur un lopin de terre. J’ai eu l’idée de créer une équipe pour leur donner un espoir social, les sortir de la drogue et faire jouer ensemble musulmans et chrétiens. Taper dans un ballon, c’est bien, mais sans projet social, ça n’a pas d’intérêt.
» Un projet dans lequel Luc met une bonne partie de son salaire. Son implication est telle que «
de fil en aiguille, la petite division de quartier est arrivée en 1re ligue pro
». Un gros sponsor pointe alors son nez. Mission accomplie. Luc peut partir sereinement. Direction Nairobi (Kenya) où un poste se libère au lycée français. Nouveau match.

Une formidable aventure humaine

Incapable de vivre en vase clos «
dans un milieu d’expatriés privilégiés
», l’instituteur explore la capitale. Un jour, il échoue à Kibera, le plus vieux bidonville d’Afrique, mais aussi, dit-on, le plus grand. Un enchevêtrement de baraques en tôle, cernées d’égouts à ciel ouvert et de tas d’ordures. «
Il y avait là un petit club de foot qui vivotait, les Blacks Stars. Je me suis à nouveau investi pour le remettre sur pieds. En deux ans, on est monté deux fois. Aujourd’hui, on est le seul club de bidonville à évoluer en Nationale. Mon but est d’atteindre la Première ligue.
»

Derrière cet objectif sportif, il y a surtout une formidable aventure humaine. «
Ce club est un tremplin social pour des jeunes défavorisés, confrontés à l’alcoolisme qui fait des ravages, aux tensions ethniques, à la violence, à la délinquance
», insiste Luc, qui a également créé une école de foot pour les enfants dès 4 ans. Car il n’est jamais trop tôt pour suivre la trace des étoiles noires.

Un nouveau terrain pour les gamins!

Les gamins du bidonville veulent marcher sur les pas de leurs grands frères et devenir à leur tour les futures stars de Kibera. Pour réaliser leur rêve, ils ont besoin d’infrastructures dignes de ce nom.

Isaac pitch est l’un des rares terrains de jeux au milieu des logements insalubres. «
Il rassemble les jeunes du quartier tous les soirs après l’école ou après les petits boulots. Certains manient le ballon de football ; d’autres, les balles de tennis ; les plus jeunes se défient aux billes ou viennent juste se retrouver, prendre l’air et discuter, décrit Luc Lagouche. Ce lopin de terre déborde d’activités tous les jours : c’est un véritable havre de paix loin de la violence, de l’alcoolisme, de la drogue ou de la prostitution, qui polluent certaines parties du bidonville.
»

Malheureusement, Isaac pitch a beaucoup souffert de la longue saison des pluies : le sol a été lessivé, les murs ont été emportés, les égouts ont débordé’ Une rénovation est absolument nécessaire pour permettre aux enfants de continuer à jouer. «
Il faut à la fois leur offrir de meilleures conditions de jeu tout en démarquant bien les limites du terrain, car les voisins ne sont pas toujours ravis de voir un ballon finir dans leur marmite’
» Le montant des travaux est estimé à 4 600 . Luc et l’école de foot Slum Soka viennent de boucler le budget grâce à un financement participatif sur le Web, sur la plateforme Fosburit, où le projet est toujours visible.

Le pari est donc gagné, mais vous pouvez continuer à faire des dons par chèque à l’association « A human rainbow », chez M. et Mme
Lagouche, 4 rue de Bohain, 59400 Cambrai. L’argent récolté permettra l’achat de maillots, chaussures, ballons, la mise en place d’un programme alimentaire et d’un suivi médical pour les gamins.
G. C.

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