Faute de verdict le procès d’un policier américain ayant tué un Noir est annulé

Faute de verdict le procès d'un policier américain ayant tué un Noir est annulé

Michael Slager était poursuivi pour meurtre après la diffusion d’une vidéo le montrant abattre Walter Scott, non armé, qui tentait de s’enfuir en courant.

Le procès d’un ancien policier américain accusé d’avoir abattu un automobiliste noir non armé à North Charleston, en Caroline du Sud, a été annulé lundi 5 décembre. Les douze jurés ne sont pas parvenus à s’accorder sur le verdict dans cette affaire qui avait choqué l’opinion publique aux Etats-Unis et provoqué une série de manifestations.

Michael Slager, âgé de 34 ans, répondait du meurtre de Walter Scott, 50 ans, fauché dans le dos par les balles de l’agent en avril 2015 alors qu’il s’enfuyait en courant après une banale infraction au code de la route. « Je déclare l’annulation de ce procès », a annoncé Clifton Newman, le magistrat qui présidait l’audience à Charleston, dans le sud-est des Etats-Unis.

« Je tiens à vous remercier pour vos efforts courageux et votre travail difficile », a-t-il ajouté en s’adressant aux jurés, onze Blancs et un Noir, qui ont délibéré pendant plusieurs jours. Vendredi, ils avaient fait savoir leur incapacité à s’accorder sur un verdict.

« Occasion ratée de panser les plaies »

Les procès d’assises en Caroline du Sud exigent que les jurés parviennent à un consensus, faute de quoi la procédure est annulée et l’accusé est rejugé ultérieurement par un autre jury. Le juge Newman avait refusé cette extrémité, optant pour renvoyer les douze citoyens déjà mandatés à leurs délibérations. En vain.

« Nous jugerons à nouveau Michael Slager », a rapidement promis la procureure Scarlett Wilson, dans un communiqué cité par les médias américains, saluant « la grande dignité » de la famille Scott. Un avocat des proches de la victime, L. Chris Stewart, a toutefois déploré « une occasion ratée de panser les nombreuses blessures dans ce pays ».

La mère de Walter Scott a, elle, confié aux journalistes n’être « pas triste », consolée par ses convictions religieuses et la perspective d’un autre procès : « Je sais que justice sera rendue. » Son frère a, quant à lui, appelé les éventuels manifestants à ne pas sombrer dans la violence.

La vidéo qui incrimine

Le jury pouvait décider d’acquitter Michael Slager ou de le déclarer coupable, soit de meurtre, un crime puni d’au moins 30 ans de prison, soit d’homicide volontaire commis sous l’emprise de l’émotion, un crime puni de deux à 30 ans de réclusion.

L’accusé a assuré lors des débats avoir agi en réaction à la peur qu’il aurait éprouvée lors de sa confrontation avec la victime. Une vidéo filmée par un témoin avait montré l’officier abattre Walter Scott qui tentait de s’enfuir en courant. Il avait tiré à huit reprises, touchant la victime cinq fois.

L’accusation lui a reproché d’avoir tenté de mettre en scène un scénario faisant croire qu’il avait agi en légitime défense. Le policier avait notamment déposé son pistolet à décharge électrique à côté de M. Scott, sans savoir que la scène était filmée. Michael Slager avait été arrêté et inculpé pour meurtre trois jours après son acte, puis renvoyé des forces de l’ordre, une sanction extrêmement rare aux Etats-Unis.

Des policiers rarement condamnés

S’inscrivant dans une série de faits impliquant des policiers américains ayant apparemment fait un usage abusif de la force contre des Noirs, la mort de Walter Scott avait provoqué des mouvements de protestation, parfois violents, dans tous les Etats-Unis.

« Nous savons tous qu’il est difficile que des policiers soient condamnés dans ce pays », a réagi lundi un autre avocat de la famille Scott, Justin Bamberg, se disant toutefois confiant dans le prochain procès. « Les policiers doivent savoir qu’ils ne peuvent pas faire ces choses et quand Michael Slager sera finalement condamné, ce message retentira haut et fort. » Aucune date n’a encore été fixée pour le prochain passage devant la justice.

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