Euro 2016 , l’Allemagne face à sa bête noire l’Italie devant son Everest

Euro 2016 , l'Allemagne face à sa bête noire l'Italie devant son Everest

Le Monde
| 02.07.2016 à 10h23
Mis à jour le
02.07.2016 à 18h42
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Par Erwan Le Duc

« Pourquoi je devrais être traumatisé par l’Italie C’est à vous de me l’expliquer avant que je le démente… Combien de fois j’étais sur le terrain (lors de ces défaites)  » L’Allemand Toni Kroos  qui était de la demi-finale perdue à l’Euro 2012 ‘ l’a clamé haut et fort, tellement que cela en devenait suspect : il n’a aucun compte à rendre à l’histoire du football. Le passé est le passé, et peu importe que l’Allemagne n’ait jamais remporté un match couperet contre l’Italie lors d’un grand tournoi.

Ces deux titans se sont croisés quatre fois en phases de groupe (Coupe du monde 1962 et 1978, Euro 1988 et 1996), pour autant de matchs nuls, et quatre fois dans un tableau final, pour autant de succès de la Squadra. En 1970, l’Italie remporte la demi-finale du Mondial mexicain au bout du match souvent célébré comme le plus intense de l’histoire du football (4-3 a.p.) : cinq buts dans la prolongation, des renversements de situation, le bras en écharpe de Franz Beckenbauer et la classe de Gianni Rivera.

En 1982, la RFA arrive épuisée par sa prolongation contre la France en demies et coule physiquement en seconde période (3-1). Paolo Rossi, meilleur buteur, amorce la mise à mort par son sixième but de la compétition.

Il faut ensuite attendre la Coupe du monde 2006 pour que les deux équipes se retrouvent, dans une demie explosive devant le public allemand. Les Transalpins, qui remportent ensuite le trophée contre la France, avaient surpris la Mannschaft en prolongations (2-0 a.p.), avec l’entrée décisive de Del Piero.

Avant la demi-finale de l’Euro 2012, les supporteurs allemands chantaient « Auf wiedersehen Italia ! » dans les rues de Varsovie, sûrs de vaincre une « Nazionale » limitée. Mario Balotelli avait surgi en inscrivant un doublé fracassant (2-1).

Le travail pour « surmonter l’insurmontable »

« Moi, je les ai battus en demi-finale de l’Euro Espoirs 2009, donc mon bilan contre eux est équilibré », a rétorqué avec plus de diplomatie le défenseur des champions du monde en titre, Mats Hummels, un discours que pourraient reprendre Manuel Neuer, Jerome Boateng, Mesut Özil et Benedikt Höwedes, eux aussi présents ce jour-là.

Côté Azzurri, on est également sur la ligne Toni Kroos. « On ne se prépare pas en disant : On a gagné celui d’avant, on gagnera le suivant’, ça passe par tout le travail », a averti le latéral Alessio Florenzi. « Les mots ne servent à rien, seulement les faits sur le terrain », a insisté le Romain. Modestes, les Italiens arrivent cependant bien lancés après leur belle victoire en huitième contre l’Espagne (2-0). Volcanique lors des matchs, sérenissime en conférence de presse, Antonio Conte a, comme Florenzi, remis le couvert sur l’importance du labeur effectué, tout en plaçant clairement les champions du monde en position de favori. « Nous avons travaillé, nous ne partons pas vaincus et nous espérons surmonter cet obstacle insurmontable. Nous verrons la vérité du terrain et nous avons un très grand respect pour l’Allemagne, c’est certain », a expliqué le technicien transalpin vendredi soir.

Un habit que les Allemands endossent sans souci, à l’image de Joachim Löw. « L’équipe est consciente de ce qui l’attend et nous avons notre idée pour le match, offensivement et défensivement. Il y a des mécanismes bien rodés, travaillés à l’entraînement, les joueurs sont concentrés sur le match », a expliqué le sélectionneur. « Nous sommes conscients de nos qualités, de notre potentiel, de ce que nous pouvons accomplir. »

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Avec les supporteurs 4 étoiles de la Mannschaft

La Nazionale avance pourtant à découvert après ses succès contre la Belgique et l’Espagne, même si elle risque de défier la Mannschaft avec un effectif encore amoindri. Thiago Motta sera suspendu, Daniele De Rossi, blessé, est dans un état « ni trop mauvais ni trop bon » selon la formule sybilline de son sélectionneur Antonio Conte, qui risque de devoir trouver une nouvelle parade collective à la pénurie d’individualités. Pas de quoi inquiéter Alessio Florenzi : « Tous les 23 (joueurs) nous pouvons le faire, nous avons déjà escaladé les montagnes mais là nous nous retrouvons devant l’Everest. » Par la face nord.

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