En pleine crise des réfugiés l’accueil pour demandeurs d’asile de Lille disparaît

Ils s’appellent Lindita, Eugène, Monique-Simone, Rufat. Ils viennent du Kosovo, d’Albanie, de RDC, d’Ukraine. Ils vivent au centre d’accueil pour demandeurs d’asile de Lille, une structure de 35 places dans le quartier de Moulins. Ils ont peur de l’avenir. Au 31 décembre, l’association gestionnaire, Éole, ferme définitivement le CADA.

Tout avait pourtant commencé par’ un projet d’extension, raconte le directeur d’Elle. Logique, sur fond de crise des réfugiés, et d’annonce par l’État de créations de places en CADA. « 
On a soumis un projet de 80 places, qui a reçu le feu vert à l’été 2015, précise Éric Delhaye. Et puis, ils ont changé les règles du jeu.
 » Eux, ce sont les services de l’État, qui ont notifié une baisse du prix de journée (le financement d’État reçu par le CADA) de 17 %, selon le responsable d’Elle.

Une lecture contestée par la préfecture, qui assure que cette diminution correspond au transfert de l’ADA (allocation pour demandeur d’asile) des CADA vers l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration).

Éric Delhaye persiste : « 
L’État me demande de faire plus avec moins.
 » Une mission impossible, selon lui, sauf à transiger sur les « 
engagements en termes d’action sociale
 », « 
l’accompagnement, le confort, la réassurance
 ». Alors, Éole a jeté l’éponge. Pas de nouveau CADA de 80 places. Et plus de CADA du tout. L’association, spécialisée dans l’hébergement et l’insertion de publics en difficulté, ferme ses 35 places à Lille, et 15 autres à Wattignies. Aucun des salariés ne sera licencié.

« 
Notre objectif est de fermer proprement, on fait en sorte qu’il n’y ait pas de déracinement, souligne le directeur. Ces gens ont maintenant des racines lilloises. Mais encore faut-il qu’il y ait des places libres’ 
» Selon le décompte du président, huit familles vivent encore au centre de la rue Bonte. Trois sont en instance de déménagement.

Les autres attendent. Avec anxiété. L’une vient d’obtenir le statut de réfugiée, d’autres ont un titre de séjour temporaire, d’autres encore ont été déboutés de leur demande. « 
La fermeture est un grand stress, témoigne la Russe Arina. Que va-t-il nous arriver ‘ On ne pense qu’à ça.
 » La plupart appellent quotidiennement le 115. La réponse est toujours la même. Complet. « 
Mes enfants ont peur de voir arriver la police un matin, dit Lindita, la Kosovare. Ils vont tous les deux à l’école. Comment leur expliquer qu’ils vont devoir partir ‘
 »

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