Emmanuel Macron dit ne pas être  l’obligé  du président

Emmanuel Macron dit ne pas être  l'obligé  du président

Le ministre de l’économie marque une nouvelle fois son émancipation vis-à-vis du gouvernement. Porté par des sondages flatteurs, Emmanuel Macron multiplie les initiatives médiatiques, alimentant les doutes quant à ses intentions pour 2017. Dernière sortie en date, dans une interview au Dauphiné libéré, à paraître vendredi 22 avril, Emmanuel Macron se dit « loyal sur le plan personnel » au président de la République, mais il estime que sa nomination par François Hollande n’en fait pas « son obligé ».

Jeudi 21 avril, à l’occasion d’un déplacement à Chartres avec François Hollande, le ministre de l’économie ne s’est pas précipité pour apparaître sur la photo au côté du président. « Emmanuel n’est pas là », s’est même agacé M. Hollande. Du bout des lèvres, entre deux selfies, Emmanuel Macron a dit à la presse être « très heureux d’être là » et avoir « toujours » joué collectif.

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Des initiatives médiatiques

Après le lancement de son mouvement, En marche !, le 6 avril, le ministre de l’économie s’était fait remarquer la semaine dernière en apparaissant en couverture de Paris Match, et en se fendant à Londres de quelques déclarations intempestives, le jour même de l’interview de François Hollande sur France 2. Il avait notamment déclaré que François Hollande allait arrêter une partie des réformes jusqu’à l’élection présidentielle. Des propos démentis par l’intéressé le soir même.

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Emmanuel Macron « doit être dans l’équipe, sous mon autorité », avait réagi le président de la République. « C’est, entre nous, non pas simplement une question de hiérarchie, il sait ce qu’il me doit, c’est une question de loyauté personnelle et politique », avait-il dit.

Ce recadrage en règle n’a pas empêché le ministre de 38 ans de détailler ses projets dans une longue interview mercredi au quotidien belge Le Soir.

Un projet politique qu’il n’exclut pas d’incarner

S’appuyant sur « plusieurs milliers de marcheurs’, Emmanuel Macron entend recueillir « cent mille expériences de vies françaises » qui lui permettront de « dresser le bilan du pays ». « Je présenterai ce diagnostic à la fin de l’été (‘) A la suite de cela, on construira un plan d’actions, qui n’est pas un programme ».

L’objectif est de « nourrir un projet présidentiel », que M. Macron n’exclut pas d’incarner. « C’est seulement après avoir établi un diagnostic et proposé un plan d’action que se posera la question de la personne », explique-t-il.

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Des rappels à l’ordre en série

Le ministre a suscité une nouvelle fois la polémique en affirmant dans une revue spécialisée qu’il préférait « la taxation sur la succession aux impôts de type ISF » (impôt sur la fortune). « Supprimer cet impôt (‘) serait une faute », l’a tancé mercredi Manuel Valls, lui demandant comme à « chaque ministre (‘) d’être attelé à sa fonction, à sa mission ».

Dans une interview au Monde, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, qui lance Hé oh la gauche !, un mouvement de soutien à François Hollande, estime que celui d’Emmanuel Macron n’est pas suffisamment collectif. « Sa démarche, qui consiste à entretenir le débat de manière spécifique et singulière, lui est propre. Nous, par opposition, créons une démarche collective. Nous, nous défendrons ce que nous avons fait », dit le ministre de l’agriculture.

Jeudi, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a lui aussi appelé le locataire de Bercy à jouer « collectif ». Les initiatives de M. Macron, « ça donne du mouvement, de l’énergie, pour la suite c’est intéressant. Mais attention à l’esprit collectif, Macron crispe ses propres amis », met en garde un proche du chef de l’Etat. « Il est drôle, agréable, après il faut quand même limiter son ego », prévient également un vieil ami du président.

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En tête des sondages, mais’

Dans les médias et les sondages, la « macronmania » bat en tout cas son plein. Selon une étude Viavoice publiée jeudi par Libération, il ferait « un bon président de la République » pour 38 % des Français (devant Manuel Valls, 28 %, et Martine Aubry, 21 %). Il est également jugé comme le « meilleur candidat pour représenter la gauche », aussi bien par l’ensemble des Français que par les sympathisants de gauche.

Ces résultats doivent toutefois être nuancés : selon une étude IFOP publiée mardi, seuls 16 % des Français seraient prêts à voter pour M. Macron au premier tour de la présidentielle (dans une hypothèse où Arnaud Montebourg serait candidat, mais pas François Hollande).

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